LES NÉGOCIATIONS DE DOM GUÉRANGER À ROME EN 1837
POUR L’APPROBATION DES CONSTITUTIONS DE SOLESMES
Père Antoine DES MAZIS (1904-1975), o.s.b. Solesmes
(Colloque dom Guéranger 1975)
Quand on vit à l’intérieur d’une institution, on est peu enclin à en scruter les origines ; on pense facilement que les choses vont de soi, qu’elles ont toujours été ce que nous les voyons, et l’on s’étonne, on se scandalise même, quand l’historien vient nous apprendre que l’institution est l’œuvre d’un effort, le résultat d’une pensée et qu’elle a coûté beaucoup de peines et d’habileté à ceux qui l’ont fondée.
On accorde volontiers à dom Guéranger le titre de restaurateur monastique, voire de restaurateur bénédictin mais peu de gens savent que c’est la vie religieuse elle-même en France qui lui est redevable d’une conquête essentielle, pour laquelle il a combattu dès l’origine, avec une claire conscience de ses responsabilités, des périls et des contradictions qui l’attendaient, et, il faut bien l’ajouter, du peu d’appui et du peu de secours auquel il devait s’attendre. Seules quelques personnalités, quelques âmes religieuses, un infime noyau de serviteurs de l’Église, ont eu le secret de ce combat.
C’est à pénétrer dans ce qu’on peut bien appeler ce petit mystère que portent nos efforts. Du dossier de l’affaire, je crois avoir déterminé, outre l’enjeu essentiel, les acteurs principaux et aussi les nombreux personnages qui y furent plus ou moins directement mêlés, ainsi que les circonstances extérieures.
Lorsque le 20 octobre 1843, le cardinal Lambruschini, « à la porte de son cabinet » et sans faire entrer son visiteur, signifiait par trois fois à dom Guéranger de n’avoir pas à révéler quoi que ce soit au public des affaires dont il était venu traiter à Rome 1 , l’abbé de Solesmes dut bien ressentir quelque amertume dans son amour-propre, mais, à la réflexion, l’objurgation de son éminentissime interlocuteur lui parut un bon signe. Si on réclamait son silence, c’est que, malgré les louvoiements inévitables de la politique, Rome le considérait toujours comme son soldat, pardonnez l’expression un peu emphatique, et ne considérait pas la bataille comme perdue. Cette considération devait le soutenir encore dans les années qui suivirent et qui amenèrent des situations encore plus dramatiques et plus périlleuses pour sa personne et pour son œuvre. Cette bataille n’était pas seulement, comme on l’a trop dit, celle de l’exemption monastique. Elle était celle, plus radicale, des vœux monastiques eux-mêmes, racine de l’exemption, de l’état religieux, pris non seulement comme un genre de vie traditionnel, des pratiques plus ou moins pieuses, mais dans leur dignité d’état dans l’Église. En un mot dans leur solennité, sanctionnant le droit de l’Église, en tant que société parfaite et surnaturelle, à organiser la pratique des conseils évangéliques, selon la manière qu’elle-même l’entendait.
Tout le monde sait, qu’envisagée dans cette plénitude, les vœux religieux et donc la vie religieuse elle-même, avaient été délibérément écartés, non seulement par les décrets de la Révolution française, mais par les concordats signés par le Saint-Siège avec la France, la République Cisalpine et la Confédération du Rhin. Contre cet ostracisme, Rome avait toujours protesté. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est qu’en marge de cette légalité s’était formée, singulièrement après la promulgation du Code civil à l’intérieur même de l’Église, une doctrine qui niait jusqu’à la possibilité des vœux solennels dans les sociétés modernes. En France, cette doctrine avait été enseignée ex professo – et continua d’être enseignée jusqu’aux environs de 1860 – dans un ouvrage célèbre, le Cours de théologie de Monsieur Carrière, prêtre de Saint-Sulpice, dont l’édition de 1820-1824 servait de manuel aux étudiants des nombreux séminaires français. Pour cet auteur, les vœux solennels étaient impossibles en France, pour la raison que le Code civil interdisant aux citoyens le droit de renoncer d’avance aux héritages non actuellement entre leurs mains, le vœu solennel de pauvreté était impossible, puisqu’il implique cette renonciation anticipée.
Inutile de faire remarquer que cette façon de voir est typiquement « gallicane », puisqu’elle suppose, en thèse, la supériorité normative du droit public séculier sur les dispositions canoniques. Et qu’en pratique, elle supprime toute liberté du citoyen dans la conduite de sa vie chrétienne, reconnaissant en fait le droit de l’État de frapper d’illégalité la profession publique des conseils évangéliques.
L’existence de nombreuses congrégations féminines, surgies après la Révolution, ne doit pas donner le change sur ce point. Toutes ces institutions n’étaient aux yeux de l’État que de pieuses associations strictement contrôlées par les évêques, qui n’y admettaient que l’émission de vœux simples, tout au plus perpétuels. C’est d’ailleurs bien ainsi qu’ils l’entendaient en pratique, exerçant leur pouvoir discrétionnaire tant sur les personnes que sur les Constitutions de ces congrégations. La législation canonique élaborée au 18ème s. pour les religieuses actives, n’avait jamais été reçue en France et ce n’était pas des évêques concordataires qu’on pouvait en attendre l’application.
Un autre obstacle, plus inattendu encore, s’opposait aux vœux solennels. C’est la pratique même de la Sacrée Congrégation des Évêques et Réguliers, durant les quarante premières années environ du 19ème s., soit par crainte des États et aussi des Évêques, soit par formation canonique. (Il ne faut pas oublier que si presque tous les officiers des Congrégations étaient italiens, tous n’étaient pas romains, un grand nombre étant nés dans des contrées d’Italie soumises de longue date aux influences autrichiennes et josephistes). La Congrégation des Évêques et Réguliers n’hésitait pas, dans ses réponses ou dans ses décrets, à mutiler, à camoufler le principe de l’exemption et donc à refuser pratiquement, et aussi théoriquement, l’existence des vœux solennels, au nom de considérations très analogues à celles de Monsieur Carrière. Nous allons avoir plus loin l’occasion d’en donner des exemples.
Cette situation morale explique peut-être la lenteur avec laquelle les Congrégations masculines se sont reconstituées en France ; entre 1830 et 1835, deux seulement ont une certaine importance : les Trappistes, qui ont vaille que vaille traversé la Révolution, et les Jésuites, reconstitués en 1804 et reparus publiquement en 1815. Leur situation à tous deux est très précaire. Avec la prudence qui les caractérise, les Jésuites ont reçu du Père de Clorivière la consigne de ne jamais parler de la qualité de leurs vœux. Il faudra attendre la grande crise de 1845 et la fameuse brochure du P. de Ravignan : Qu’est-ce qu’un Jésuite ?, pour que la question des vœux soit débattue publiquement. Dom Delatte a raconté le rôle de dom Guéranger dans ce dramatique épisode 2 .
Au contraire, la situation des Trappistes fut réglée vers 1815 et surtout en 1834, et d’une manière qui ne pouvait pas ne pas préoccuper dom Guéranger durant les premières années de sa fondation, d’autant plus que la maison de Port-du-Salut à Entrammes, près de Laval, était à 40 km, dans le diocèse même où naissait Solesmes, (le diocèse du Mans comportant alors les deux départements Sarthe et Mayenne). Or donc, les Trappistes voulant eux-mêmes éclairer leur situation, avaient interrogé en 1834 la Congrégation des Évêques et Réguliers. Ils en avaient reçu une étrange réponse : un décret, dont la partie essentielle était ainsi rédigée :
« Bien que les monastères des Trappistes soient exempts de la juridiction des évêques, cependant, pour des raisons particulières, jusqu’à ce qu’il en soit statué autrement, ils seront soumis à la juridiction de ces mêmes évêques qui se comporteront en délégués du Siège apostolique ».
Le décret est signé du Cardinal Odescalchi, alors préfet, que nous retrouverons à propos de dom Guéranger. Réponse qui sembla si énigmatique qu’une nouvelle demande d’éclaircissement fut déposée : cette fois, la Sacrée Congrégation ne répondit que par une lettre, signée du Secrétaire de la Congrégation, Mgr Soglia, Patriarche de Constantinople – que nous retrouverons également – en date du 24 mars 1837. On peut y lire :
« Les vœux des Trappistes qui, à partir de ce jour seraient émis dans les limites du royaume de France, devront être tenus pour simples et cela, jusqu’à ce que le Siège apostolique en statue autrement ».
Et on ajoute :
« Quant aux vœux émis précédemment, sa Sainteté, appuyée sur de très graves raisons, a jugé qu’il fallait s’abstenir de porter un jugement quelconque sur ces vœux. – On ne pouvait pas mieux avouer le désarroi canonique qui régnait à la Congrégation ».
Remarquez bien cette date du 24 mars 1837. C’était le Vendredi Saint. La date est donc fausse… et la lettre est certainement postdatée. Cette manipulation est précisément la trace d’une mésentente profonde parmi les membres de la Congrégation. Et cette situation revêt pour nous une importance capitale, car le lendemain, Samedi Saint 25 mars 1837, à 5h du matin, arrivait à Rome, venant de Florence, dom Guéranger, Prieur de Solesmes. Il évoquait dans son cœur le souvenir de saint Ignace de Loyola, qui, sur cette même route de la Storta, arrivant à Rome en vue de l’approbation de sa nouvelle fondation, avait entendu le Christ lui dire : « Je te serai propice à Rome ».
Nous connaissons déjà les événements qui ont précédé cette arrivée matinale : la fondation de Solesmes, comme siège d’une Association de prêtres sous un règlement inspiré de la Règle de saint Benoît et des Constitutions de l’ancienne Congrégation de Saint-Maur, en 1832-33 ; la protection de Mgr Bouvier, évêque du Mans ; la pénurie des premières années et toutes les polémiques suscitées par cet essai de vie monastique ; l’essai prématuré d’obtenir une approbation de Rome en 1835, son échec, l’étrange révolte monastique 3 au printemps de l’année suivante, puis enfin, le 11 juillet 1836, la profession simple, pour 5 ans, des quatre premiers fondateurs, dom Guéranger, dom Fonteinne, dom Gourbeillon et le Père Brandès, suivis, les 4 et 10 août, de la profession pour 5 ans du Père Osouf et de dom Segrétain.
Le voyage de Rome avait été décidé en Chapitre, le 3 décembre de cette même année 1836. Dom Delatte en a, en trois pages 4 , analysé tous les motifs. Solesmes était incessamment soupçonné de mennaisianisme ; une approbation de Rome était bien de nature à arrêter définitivement ces rumeurs. D’autre part, les récentes faveurs de la Monarchie de Juillet, confiant à dom Guéranger la continuation de la Gallia Christiana, et la protection manifeste de Mgr Bouvier rendaient le climat du moment extrêmement favorable. Les raisons historiques alléguées par dom Delatte eurent certainement leur poids dans la décision, mais peut-être plus que tout, le voyage de Montalembert, en fin d’année, permettait à dom Guéranger, par l’intermédiaire d’un ami dévoué, aux relations étendues et bien placées, de préparer matériellement ses démarches. C’était une occasion à saisir.
La visite romaine décidée, dom Guéranger avait rédigé les nouvelles Constitutions empruntées, encore plus largement que le Règlement primitif, aux Constitutions de Saint-Maur, et l’on avait examiné et voté le texte, article par article, au Chapitre, peu avant Noël. Malgré quelques difficultés qui montraient que les remous occasionnés par la révolte de 1836 5 n’étaient pas encore entièrement apaisés, le texte fut voté et signé définitivement au Chapitre, le 2 février 1837, et Mgr Bouvier approuva le voyage le 4, promettant des lettres d’introduction signées de lui et contresignées de l’archevêque de Tours. Tout était prêt le 12 février, premier dimanche de Carême (le projet des Constitutions ne sera contresigné par l’évêque du Mans que le 6 mars), et dom Guéranger, accompagné du Père Charles Brandès, quitta Solesmes pour une première étape à Paris, qui permit au prieur de faire terminer l’impression de son livre sur les Origines de l’Église romaine et d’en emporter 12 exemplaires à Rome. Il reçut aussi une nouvelle lettre de recommandation de Mgr de Quélen. Le départ définitif est du 10 mars.
Pour les amateurs de pèlerinages romains, signalons que le premier logement de dom Guéranger et de son compagnon à Rome fut l’hôtel Bouisse, via S. Nicolo dei Cesarini, n° 56, à deux pas, en effet, de la Madone delle Botteghe Oscure, dont nous savons qu’elle fut tout de suite l’objet d’une dévotion de dom Guéranger. Mais surtout, choisi par Montalembert, l’hôtel était bien situé par rapport au Gesu, où résidait le Général des Jésuites, et à la Chancellerie où résidait Sala, le nouveau Préfet des Évêques et Réguliers.
Dom Guéranger et son compagnon, qui avaient pris l’habit séculier par déférence pour la décision du Saint-Siège, furent installés à Saint-Callixte, selon les conventions que Montalembert avait passées d’avance avec le P. Vincenzo Bini, abbé de Saint-Paul-hors-les-Murs. Mais auparavant, il y a des circonstances à noter, qui, à mes yeux, ont une grande importance psychologique pour le déroulement de l’affaire de Solesmes.
La journée du Samedi-Saint fut employée aux dévotions à Saint-Pierre et au Latran, mais le dimanche de Pâques, c’est au Gesu que dom Guéranger dit sa messe, et sa toute première visite est pour le P. Jansen, s. j., Secrétaire général du P. Roothan, Général de la Compagnie de Jésus. Le Prieur lui expose le but de sa visite, et Jansen promit aussitôt son appui auprès de son supérieur.
Qui avait conseillé à dom Guéranger de se concilier les Pères de la Compagnie de Jésus ? Au moins Montalembert, qui, le 11 février précédent, lui avait écrit :
« Lacordaire vous présentera au Général des Jésuites : c’est un des hommes les plus vénérables et les plus aimables que j’ai vus dans ma vie ; il faut absolument que vous soyez bien avec eux, et que vous n’ayez pas l’air de soupçonner qu’ils puissent vous être hostiles. Vous ferez bien de vous appuyer sur l’idée que tous les ordres religieux ont le même intérêt et doivent se soutenir mutuellement : c’est une idée qui a quelque prise ici et que j’ai souvent avancée avec succès ».
Précieux conseil ! Lacordaire, à Saint-Louis-des-Français, ne recevra la visite du Prieur que le lundi de Pâques au matin. Le lundi soir est consacré à une visite à la princesse Borghèse, née Adèle de la Rochefoucauld, qui devait accompagner dom Guéranger chez le Cardinal Sala. Mais auparavant, il est décidé que le Prieur verra le P. Roothan. Ainsi donc, le tout premier contact romain de dom Guéranger, ce sont les Pères Jésuites 6 ! Il voit en effet le Général de la Compagnie le mardi matin, 28 mars. Le soir, il se présente à Saint-Paul-hors-les-Murs, et le lendemain, mercredi de Pâques, il s’installe à Saint-Callixte.
Nous ne pourrons accompagner dom Guéranger dans tous ses déplacements romains ; mais comment, sans entrer dans quelques détails, peindre l’embarras du jeune prêtre manceau qui ne connaît rien de Rome, qui n’a pour le guider que la seule lettre de Montalembert et les rares recommandations que lui a ménagées son ami, et qui déjà doit se défendre des tentations d’accaparement de la part de l’abbé Vincenzo Bini, abbé de Saint-Paul et Procureur de la Congrégation Cassinienne, lequel, dans un but certainement intéressé, lui déclare dès l’abord qu’il ne peut rien sans lui, Bini, et qu’il n’y a d’autre solution pour le Prieur de Solesmes que d’entrer dans cette Congrégation cassinienne ?
Ce même mercredi de Pâques, qui a vu son installation à Saint-Callixte, est aussi le jour de sa première rencontre avec le cardinal Sala, sous les auspices attentives de la princesse Borghèse. Le cardinal est un homme de 75 ans, un vétéran de la diplomatie pontificale et il connaît bien la mentalité du clergé français. Il a fait ses premières armes dans la carrière comme secrétaire à la mission du Cardinal Caprara pour le Concordat avec Bonaparte. C’est lui qui a négocié les démissions des évêques d’ancien régime. C’est un homme froid et assez dur avec, dans la conversation, des réflexions ironiques qui désarçonnent ses interlocuteurs. Cependant, le tact de la Princesse et l’insistante patience de dom Guéranger finirent par lui faire accepter le dossier apporté par le Prieur. Le 30 mars au soir, la Congrégation des Évêques et Réguliers était donc officiellement saisie.
Qu’était cette Congrégation pour Prosper Guéranger ? Une liste de 18 noms de cardinaux, parfaitement inconnus, autant dire une sorte de mur mystérieux dont il devait bravement tâter les pierres une à une. C’est ce qu’il se mit à faire dès les premiers jours d’avril. Vu de l’extérieur, le mur semble sans fissures. Tous les cardinaux, avec des variantes selon leur caractère, se montrent aimables, mais, selon l’expression de dom Guéranger, terriblement énigmatiques. Tous déclarent que l’affaire sera longue, sans donner aucune explication sur les raisons de cette prévision.
A tout prix il fallait faire quelque chose. Et la première, la plus urgente, était pour dom Guéranger de calmer les craintes de la Congrégation sur les réactions du gouvernement de Louis-Philippe, à la reconstitution d’un monastère bénédictin. Sur ce terrain, les voies avaient été préparées encore par Montalembert et aussi un peu par Lacordaire qui avait demandé pour son ami une entrevue à l’ambassadeur de France, le Marquis de la Tour-Maubourg, petit-fils du maréchal, qui habitait une partie du Palais Colonna, place des 12 Apôtres, alors siège de l’ambassade. C’était un rallié au gouvernement de Louis-Philippe, mal vu de son propre milieu, mais resté sincèrement chrétien, dévoué à l’Église, et, au fond, d’opinion restée congrégationiste, où dom Guéranger eut la surprise de trouver compréhension, encouragement et utile conseil. Le Ministre de France, tel était encore le titre officiel à la Cour de Rome, non seulement eut deux longues conversations avec le Prieur, mais l’invita à déjeuner et consentit à faire porter au Cardinal Lambruschini deux notes élogieuses pour Solesmes, qui rassurèrent entièrement le Secrétaire d’État et la Congrégation des Évêques et Réguliers. Ce fut là d’ailleurs, le dernier acte officiel de l’ambassadeur, qui mourut presque subitement le 20 mai de cette même année ; et, le 29, à Saint-Louis, le Prieur assista, profondément ému, à ses funérailles solennelles.
Ce point réglé, restait encore bien des inconnues.
Aux alentours des 10-12 avril, dom Guéranger, sous la conduite de dom Paolo dei Marchesi Teodoli, « très considéré par toute la Cour de Rome », entreprend la visite des Cardinaux. Chaque soir, il fait le point en écrivant à Solesmes :
« … Nous avons vu : 1) Patrizi qui a promis d’être favorable et le sera. 2) Castracane qui a fait l’afflonné (= l’enthousiaste et l’empressé) mais à qui peut-être il ne faut pas se fier trop. 3) Pacca qui a été très aimable… et a promis d’être favorable. 4) Del Drago, brave homme à qui tout cela est bien égal, mais qui ira bien. 5) Micara qui a fait les cent coups, suivant son usage, de joie, de sympathie, d’admiration et a promis qu’il ferait tout 7 ».
Dans la chronique solesmienne, dom Guéranger écrira plus tard, en relatant ces journées : « Les visites, assez curieuses à faire, sont insignifiantes pour la plupart. Plusieurs cardinaux montrent une grande bienveillance, entre autres Odescalchi, Pacca, Bernetti, Micara, Polidori ».
Mais avant même d’avoir entrepris ces démarches, dom Guéranger a fait la connaissance, le 3 avril, de l’homme qui sera son principal soutien dans l’affaire : le P. Rozaven, Assistant de France pour la Compagnie de Jésus, et Consulteur de la Congrégation des Évêques et Réguliers. C’est un Français, un Breton de Quimper. Jean-Louis de Leissègues de Rozaven, ancien Père du Sacré-Cœur et Jésuite dès 1804, est l’un des hommes les plus actifs de Rome durant la première partie du 19ème s. Son nom est mêlé à toutes les affaires importantes de l’époque. Pour Guéranger, il se montre aimable, mais d’une terrible franchise. Dom Guéranger le connaissait de réputation, puisque Rozaven avait écrit un livre de réfutation contre Gerbet 8 et avait pris part avec éclat aux controverses qui avaient précédé la condamnation de La Mennais. C’était un anti-mennaisien convaincu, et il ne cacha pas que c’était lui, Rozaven, qui avait fait échouer la première demande d’approbation de dom Guéranger en 1835, et justement, à cause de la réputation de mennaisianisme du Prieur. Tout cela n’était pas de bon augure. Pourtant, la confiance du solesmien ne se découragea pas.
Le lendemain, 4 avril, on célébrait à Rome la fête reportée de saint Benoît. Fortifié par cette circonstance, dom Guéranger se présenta chez Sala pour lui demander deux choses : quel est le consulteur désigné pour son affaire ? – et une introduction pour obtenir une audience du Saint Père. Nous connaissons la scène (Cf. Dom Delatte, t. 1, p. 188) : sans répondre directement, le cardinal met sous enveloppe le dossier encore sur sa table et écrit sur le pli, sous les yeux même de dom Guéranger : « Au R.P. Rozaven, consulteur de la Congrégation », et il fixe d’avance l’audience pontificale au 11 avril.
Cinq jours d’attente pour dom Guéranger. Le 11 au matin, lundi après la Quasimodo, le futur abbé de Solesmes célèbre à Saint-Pierre, à l’autel « in capite », et, ne sachant que faire avant l’audience, se rendit dans l’antichambre pontificale pour attendre son tour. Or, quelle ne fut pas sa surprise d’y trouver le P. Rozaven lui-même, qui avait l’air d’attendre son tour lui aussi. Cette fois, c’était un Rozaven aimable et même bavard. On parla philosophie et théologie, droit canonique, et ce fut pour dom Guéranger l’occasion de se disculper aux yeux du Jésuite, de proclamer son orthodoxie, sa fidélité à l’Église romaine, son horreur de toute nouveauté de doctrine, son antigallicanisme, enfin d’exposer dans un tête-à-tête d’une heure environ ses projets monastiques et ce qu’il voulait réaliser au service de l’Église. Guéranger eut l’impression que cette entrevue était décisive, et c’est dans une euphorie facile à comprendre qu’il succéda au Jésuite, à l’audience de Grégoire XVI. Celui-ci fut aimable, mais toujours froid et évasif. S’il félicita pour le livre des Origines de l’Église romaine qu’on lui offrait, il blâma en termes enveloppés le désir de dom Guéranger de ressusciter la Congrégation de Saint-Maur ; mais le prieur était si peu au fait des habitudes romaines, qu’il ne comprit pas l’allusion. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’un membre de la colonie française, l’abbé Lacroix, Clerc national à Rome, bien renseigné sur les choses de la Secrétairerie d’État, l’avertit qu’il n’obtiendrait rien s’il ne changeait pas le nom de la future congrégation. Guéranger, qui avait conservé le nom de Saint-Maur pour s’attirer les sympathies du monde savant, en France, et pour convaincre Rome qu’il se proposait seulement de relever une famille religieuse ayant déjà fait ses preuves, y renonça aussitôt et choisit le nom de Congregatio Gallica (plus précisément, il proposa : Congregatio Solesmensis ; Rome préféra « Gallica ») – et courut en avertir le P. Rozaven. Il eut alors la satisfaction de lui dire que l’affaire avait fait un premier pas en avant. Il y avait plus de vingt jours que le Prieur était à Rome. Combien de pas y avait-il encore à faire ? Le Jésuite ne le disait pas.
Au lendemain de l’audience pontificale, dom Guéranger se remit à visiter les Cardinaux. Dès le 12 avril, il se rendait chez De Gregorio, qui discuta une demi-heure avec lui sur la situation des communautés religieuses en France, pays qui ne les reconnaissait pas légalement. Emmanuel de Gregorio était alors un homme de 79 ans, très vénéré dans le Sacré-Collège où il avait beaucoup d’influence comme ancien confesseur de la foi, mis en prison sous le Directoire en 1799, en prison encore à Vincennes en 1809 ; c’est lui qui avait donné à d’Astros l’ordre de se présenter à la tête du Chapitre de Paris à la place du cardinal Maury, lors de la visite du Chapitre à Pie VII prisonnier ; lui encore qui avait eu l’honneur de rapporter de Paris à Rome le trirègne volé par Napoléon. Il était cardinal depuis 1816 et Sous-doyen du Sacré-Collège. Cet homme d’ancien régime, que dom Guéranger, dans sa candeur, croyait acquis d’avance à sa cause, se montra violemment opposé aux vœux solennels pour la France. Et la raison de cette opposition laissa le prieur pantois : l’impossibilité des vœux solennels n’était pas tirée, comme chez les Sulpiciens français, de l’impossibilité d’une expropriation personnelle devant la loi, mais du fait, beaucoup plus surprenant, de l’absence de toute répression civile contre les religieux qui voudraient se séculariser. On ne pouvait donc faire de vœux en France, parce qu’il n’y avait plus de prison pour les religieux apostats ; tel était le fond de la question et dom Guéranger apprit, au cours de cette sortie, que le cardinal Castracane était très impressionné par cette thèse de De Gregorio, et que le Saint Père lui-même n’était pas éloigné de voir de cette manière.
Telle était la situation à la mi-avril. En fait, elle n’était pas décourageante. Les conversations de dom Guéranger avec le cardinal Sala, avec Mgr Soglia, Secrétaire de la Congrégation des Évêques et Réguliers, avec qui le prieur avait constamment à faire pour l’impression des Constitutions à distribuer aux Cardinaux, et surtout avec le P. Rozaven, ces conversations avaient montré qu’en général la Congrégation n’était pas de l’opinion de De Gregorio. Dom Guéranger demeurait donc plein d’espérance. Le 7 mai, il alla célébrer une messe d’action de grâce à l’église San Benedetto in Piscinula, la petite basilique des bords du Tibre qui était abandonnée depuis Léon XII. Il la fit nettoyer, pour ses dévotions personnelles et celles de Dom Colliers, procureur de la Congrégation bénédictine anglaise, qui logeait avec lui à Saint-Callixte.
Sala ne tarda pas à avoir connaissance de la discussion de De Gregorio avec le prieur de Solesmes. Il en fit part au P. Rozaven, et tous deux s’en inquiétèrent pour l’avenir de l’affaire. Ils résolurent donc de mettre le vieux cardinal hostile aux vœux solennels hors d’état de nuire. La solution vint sans doute du Jésuite. En 1825, il avait obtenu l’approbation rapide des Constitutions de la Congrégation des Dames du Sacré-Cœur en faisant confier leur examen, non à l’ensemble des cardinaux de la Sacrée Congrégation des Évêques et Réguliers, mais à une commission de quelques membres du Sacré-Collège, choisis et nommés par le Souverain Pontife.
Le cardinal Sala accepta cette solution pour les Constitutions de Solesmes, tant son opposition à De Gregorio était profonde et tant il lui reprochait son rôle dans le décret pour les Trappistes, décret qui, Sala lui-même l’apprit à dom Guéranger, mettait le Saint-Siège dans l’embarras et avait mécontenté le Pape.
Le 15 mai, à l’audience pontificale, Sala proposa donc à Grégoire XVI une commission de 6 membres : lui, Sala, évidemment ; Odescalchi, Lambruschini, Giustiniani, Franzoni et Polidori. Grégoire XVI, prenant prétexte que 6 n’était pas un nombre suffisamment représentatif pour une affaire aussi importante que la restauration de la vie bénédictine en France, voulut en ajouter un septième : il choisit Castracane. Ce que De Gregorio avait dit à dom Guéranger des opinions sur les vœux de ce jeune cardinal de 42 ans, canoniste que le Pape devait nommer Pénitencier Majeur en 1839, peut faire penser qu’en réalité Grégoire XVI voulait placer dans la Commission au moins un membre qui ne fût pas sous l’influence de Sala ou des Jésuites.
Arrêtons-nous quelques instants sur ces personnages qui allaient statuer sur le sort de Solesmes : nous connaissons déjà Sala et sa bienveillance pour dom Guéranger ; Carlo Odescalchi, 53 ans, très grand seigneur, est un homme pieux et même scrupuleux, ancien dirigé de saint Vincent-Marie Strambi, passioniste, anti-janséniste notoire, anti-gallican, et qui se fera jésuite vingt mois plus tard, en novembre 1838. Cardinal de 1823, c’est à lui que revient la présidence de la Commission. Il ne peut manquer de voter dans le sens où Rozaven l’indiquera.
Giacomo Giustiniani, 42 ans, est préfet de l’Index depuis 1834. Il a été l’objet de l’exclusive de l’Espagne au Conclave de 1831, à cause de sa partialité pour les Jésuites, lorsqu’il était nonce dans ce pays.
Giacomo Filippo Franzoni, 51 ans, préfet de la Propagande, est également dévoué aux Jésuites. Paolo Polidori, 57 ans, ancien secrétaire d’État de Pie VIII, a sa place tout indiquée dans la Commission, car il est abbé commendataire de Subiaco et a deux sœurs bénédictines : la cause de l’Ordre bénédictin en France aura sûrement son appui. Le nom de Luigi Lambruschini, 61 ans, s’imposait : il était secrétaire d’État et, de plus, grand ami personnel de Sala. Castruccio Castracane nous est déjà connu ; en 1837, il n’est encore qu’évêque suburbicaire de Palestrina, mais il a été secrétaire des Affaires Extraordinaires, et, pendant quelque temps, Secrétaire de la Propagande.
Ce serait manquer de réalisme que de croire à une victoire facile pour dom Guéranger, grâce à cette Commission cardinalice, choisie avec tant de soin. La sympathie assurée de la plupart d’entre eux pour le consulteur n’empêchait certainement pas leur indépendance de jugement.
Durant tout le mois de juin, dom Guéranger doit multiplier ses courses chez Sala et chez Soglia pour donner des explications et savoir où en est l’affaire, qui n’avance pas vite. Sala en témoigne souvent son impatience ; il le fait même si vertement une fois, qu’il se croit obligé de faire faire ses excuses au prieur par le P. Rozaven…
Dom Guéranger avait apporté de Solesmes les Constitutions. Aidé de l’ancien abbé de Saint-Paul, Don Giovanni-Francesco Zelli, et du P. Rozaven, il rédige en hâte le De regimine Congregationis, en discute les termes et en fait imprimer le texte à la suite des Constitutions.
Enfin, au début de juin, le P. de Rozaven rédige un votum très favorable. Il y rappelle l’encouragement adressé à Solesmes en 1855, insiste sur l’approbation de l’évêque du Mans et la recommandation d’autres évêques de France, sur la parfaite soumission au Saint-Siège des nouveaux religieux, sur l’abandon du titre de Saint-Maur. Puis il examine deux points qu’il sait devoir faire difficulté : est-il expédient d’ériger tout de suite Solesmes en abbaye ? N’est-ce pas un peu prématuré ? Et, en second lieu, la perpétuité de l’abbatiat doit-elle être accordée ? Rozaven répond à la première question en soulignant que Solesmes étant appelé à être chef de Congrégation, aura plus de chances de s’affermir s’il est déjà constitué en abbaye. Quant à la seconde question, outre que saint Benoît lui-même semble bien lui donner une réponse affirmative, elle peut être réglée de manière prudente, grâce au système de trois scrutins triennaux successifs précédant la perpétuité de l’abbatiat.
D’après la chronique solesmienne, que l’on pense avoir été dictée ultérieurement par dom Guéranger, Mgr Soglia, le 4 juin 1837, a communiqué au prieur de Solesmes les dubia qui seront résolus par la Congrégation.
« Le Prieur est contrarié de celui qui était ainsi posé : est-il expédient que la nouvelle congrégation jouisse de tous les privilèges de la Congrégation du Mont-Cassin ? Le Consulteur avait émis ce droit dans son votum. Le prieur va voir le Général des Jésuites, qui se montre très contrarié de la clause de Soglia ».
La correspondance de Guéranger pour 1837 ne fait aucune allusion à une telle requête de la part de Rozaven. En tout cas, le votum de ce dernier, conservé aux Archives de la Congrégation des Réguliers, ne parle nulle part de tels privilèges.
Le grand point, c’est qu’il n’était pas question de la nature solennelle des vœux, dans les Constitutions. Le Père de Rozaven avait indiqué à dom Guéranger un moyen élégant de les introduire sans les nommer : c’est en effet sur le conseil de Rozaven que fut rédigé le passage sur les frères convers, qui se lit dans nos anciennes Constitutions 9 :
« À l’achèvement de deux ans et un jour à partir de la réception publique de la chape, ils feront profession, mais leurs vœux seront seulement simples ».
Si les vœux des convers n’étaient que simples, on ne pouvait que conclure que les vœux des moines de chœur étaient solennels. Aujourd’hui, ces choses-là ont perdu ce qui faisait leur brûlante actualité en 1837, mais nous les relevons avec reconnaissance et admiration, et nous pouvons nous féliciter de ce que nous devons à la ductile subtilité du Père de Rozaven, Jésuite éminent à tous points de vue.
Et c’est ainsi que dom Guéranger arriva au matin du 9 juillet. La veille, le cardinal Giustiniani, au cours d’une dernière visite, lui avait annoncé que ce serait pour le lendemain soir au Quirinal ; aussi le restaurateur de Solesmes alla-t-il de nouveau ce matin-là dire la messe dans sa chère église de Saint-Benoit-in-Piscinula, passa la journée en prière à Sainte-Marie du Transtévère, évitant Saint-Callixte où Dom Bini lui faisait mauvais visage pour l’avoir écarté de la négociation. Puis, vers le soir, il se rendit, comme nous le savons, au pied de la Vierge de la Via delle Botteghe oscure, dont c’était la fête ; il vit passer les carrosses des cardinaux se rendant au Quirinal et rentra à Saint-Callixte. À 11h du soir, un courrier du Cardinal Odescalchi lui apporta l’heureuse nouvelle de l’approbation complète du dossier, sauf les deux dubia : l’affiliation au Mont-Cassin demeurait, mais l’abbé de Solesmes ne jouissait pas des privilèges de la Congrégation cassinienne ; il ne pouvait se prévaloir que du droit commun des abbés. D’autre part, seul l’abbé de Solesmes pouvait jouir de la perpétuité, et à titre de faveur personnelle, les autres abbés éventuels, non. Enfin, il était déféré au Pape le soin de désigner celui qui devait recevoir la profession monastique de dom Guéranger.
Inutile de pousser plus loin le récit des événements du mois de juillet et du mois d’août. Cependant, il est intéressant de signaler que le Pape, ayant voulu que les Constitutions soient insérées tout entières dans le Bref Innumeras inter qu’il faisait rédiger pour approuver la nouvelle Congrégation, Mgr Soglia, le samedi 5 août, fit des difficultés pour introduire dans le Bref la clause qui, après avoir déclaré que c’était à l’évêque du Mans de présider le scrutin de Solesmes, ajoutait :
« étant sauve en toutes choses l’exemption du susdit monastère ».
Mgr Soglia avait une telle terreur des évêques et du gouvernement français, que cette mention, même à la sauvette, de la terrible exemption, lui restait dans la plume. Il fallut l’intervention de Lambruschini et de Sala pour le rassurer.
Et maintenant, que conclure ? On peut affirmer qu’au moins Sala et Rozaven ont volontairement poussé dom Guéranger pour tenter de faire brèche dans le système concordataire et gallican. Il eût été tout simple de lui appliquer les normes fixées dans la fameuse lettre aux Trappistes, du Vendredi Saint 1837. Ils ne pouvaient pas ne pas avoir conscience qu’ils plaçaient Solesmes hors-la-loi, exploitant à fond son dévouement pour l’Église. Cela, nous pouvons l’affirmer d’autant mieux que nous en avons la preuve a posteriori. En effet, lors de la grande crise de 1845, que dom Guéranger appela « l’annihilation de Solesmes », Rome ramena Solesmes tout simplement à la condition définie pour les Trappistes dès 1834-1837. Pour parler en termes militaires, c’était replier dom Guéranger d’une position d’avant-poste à une seconde ligne judicieusement préparée à l’avance. Bien sûr, je sens mieux que quiconque, qu’il y a des hypothèses dans ma façon d’interpréter les faits. Mais, pourvu qu’il soit fidèle aux faits, et à tous les faits, l’historien n’a-t-il pas le droit de se faire une conviction sur la manière de les interpréter ?
- Journal de voyage de dom Guéranger, 20 oct. 1843. Cf. Dom Delatte, t. I, p. 343.[↩]
- Dom Paul Delatte, Dom Guéranger, t. I, p. 336 et suiv.[↩]
- Voir l’article de dom Guy-Marie OURY, La communauté de Solesmes et la « révolte » de 1836 : Dom Groult d’Arcy qui apporte des éclaircissements sur l’affaire.[↩]
- Dom Guéranger, t. I, p. 173-175.[↩]
- Voir note 3.[↩]
- Le 24 mai 1837, dom Guéranger écrivait au Père Gardereau : « Eh ! bien, grâce à Dieu et à la Madone, cela va à ravir et, qui plus est, voilà les jésuites pris d’une belle passion pour notre cause et faisant des merveilles d’activité, de zèle, de dévouement, de tendresse ! ».[↩]
- Lettre de dom Guéranger à dom J. Segrétain, prieur de Solesmes, 10-12 avril 1837.[↩]
- Cf. E. Sevrin, Dom Guéranger et La Mennais (Paris 1933), p. 112-115. Dans une lettre du 6 avril 1832, l’abbé Guéranger propose à Gerbet de se charger de répondre vigoureusement au Jésuite.[↩]
- Ch. XV du Bref Innumeras inter. Déclaration au Ch. LVII dans l’ancienne édition des Constitutions. Rome-Tournai 1907, p. 145.[↩]