LE SAINT JOUR DE NOËL.
L’heureuse journée de la Vigile de Noël avance vers son terme. Déjà la sainte Église a clos les divins Offices de l’Attente du Sauveur par la célébration du grand Sacrifice. Dans son indulgence maternelle, elle a permis à ses enfants de rompre, dès le milieu du jour, le jeûne de la préparation ; les fidèles se sont assis à la table frugale, avec une joie spirituelle qui leur fait pressentir celle dont leurs cœurs seront inondés en cette nuit qui va leur donner l’Emmanuel.
Mais une aussi grande solennité que celle de demain doit, selon l’usage de l’Église dans ses fêtes, anticiper sur le jour qui la précède. En peu d’instants, l’Office des Premières Vêpres, dans lequel s’offre à Dieu l’encens du soir, va convier les Chrétiens à l’Église ; et la splendeur des cérémonies, la magnificence des chants, ouvriront tous les cœurs aux émotions d’amour et de reconnaissance qui les doivent disposer à recevoir les grâces du moment suprême.
En attendant le signal sacré qui va nous convoquer à la maison de Dieu, employons les instants qui nous restent à bien pénétrer le mystère d’un si grand jour, les sentiments de la sainte Église dans cette solennité, les traditions catholiques à l’aide desquelles nos aïeux l’ont si dignement célébrée.
Et d’abord écoutons la voix des saints Pères qui retentit avec une emphase et un éclat capables de réveiller toute âme vivante. Voici saint Grégoire le Théologien, l’Évêque de Nazianze, qui débute dans son discours trente-huitième, consacré à la Théophanie, ou Naissance du Sauveur : qui pourrait l’entendre et rester froid devant sa parole ?
« Le Christ naît ; rendez gloire. Le Christ descend des cieux ; marchez au-devant de lui. Le Christ est sur la terre ; hommes, élevez-vous. Toute la terre, chantez au Seigneur ! et pour réunir tout dans une seule parole : Que les cieux se réjouissent, et que la terre tressaille, pour Celui qui est, tout à la fois, du ciel et de la terre. Le Christ revêt notre chair, soyez émus de crainte et d’allégresse : de crainte, à cause du péché ; d’allégresse, à cause de l’espérance. Le Christ naît d’une Vierge : femmes, honorez la virginité, afin de devenir mères du Christ.
« Qui n’adorerait Celui qui était dès le commencement ? qui ne louerait et ne célébrerait Celui qui vient de naître ? Voici que les ténèbres se dissipent ; la lumière est créée ; l’Égypte demeure sous les ombres, et Israël est éclairé par la colonne lumineuse. Le peuple, qui était assis dans les ténèbres de l’ignorance, aperçoit la lueur d’une science profonde. Les choses anciennes ont fini ; tout est devenu nouveau. La lettre fuit, l’esprit triomphe ; les ombres sont passées, la vérité fait son entrée. La nature voit violer ses lois : le moment est venu de peupler le monde céleste : le Christ commande ; gardons-nous de résister.
« Toutes les nations, battez des mains : car un petit Enfant nous est né, un Fils nous a été donné. La marque de sa principauté est sur son épaule : car la croix sera le moyen de son élévation ; son nom est l’Ange du grand conseil, c’est-à-dire du conseil paternel.
« Que Jean s’écrie : Préparez la voie du Seigneur ! Pour moi, je veux faire retentir aussi la puissance d’un si grand jour : Celui qui est sans chair s’incarne ; le Verbe prend un corps ; l’Invisible se montre aux yeux, l’Impalpable se laisse toucher ; Celui qui ne connaît pas le temps prend un commencement ; le Fils de Dieu est fait fils de l’homme. Jésus-Christ était hier ; il est aujourd’hui ; il sera à jamais. Que le Juif s’en offense ; que le Grec s’en moque ; que la langue de l’hérétique s’agite dans sa bouche impure. Ils croiront quand ils le verront, ce Fils de Dieu, monter au ciel ; et si encore à ce moment ils s’y refusent, ils croiront bien, alors qu’il en descendra, et paraîtra sur son tribunal de juge. »
Écoutons maintenant, dans l’Église Latine, le dévot saint Bernard, qui épanche une douce allégresse dans ces mélodieuses paroles, au sermon VI° pour la Vigile de Noël :
« Voici que nous venons d’entendre une nouvelle pleine de grâce, et faite pour être acceptée avec transport : Jésus-Christ, Fils de Dieu, naît en Bethléem de Judée. Mon âme s’est fondue à cette parole ; mon esprit bouillonne en moi, pressé que je suis de vous annoncer un tel bonheur. Jésus veut dire Sauveur. Quoi de plus nécessaire qu’un Sauveur à ceux qui étaient perdus, de plus désirable à des infortunés, de plus avantageux à ceux que le désespoir accablait ? Où était le salut, où était même l’espérance du salut, si légère qu’elle fût, sous cette loi de péché, dans ce corps de mort, au milieu de cette perversité, dans ce séjour d’affliction, si ce salut n’était né tout à coup, et contre toute espérance ? O homme, tu désires, il est vrai, ta guérison ; mais, ayant la conscience de ta faiblesse et de ton infirmité, tu redoutes la rigueur du traitement. Ne crains pas : le Christ est suave et doux ; sa miséricorde est immense ; comme Christ, il a reçu l’huile en partage, mais c’est pour la répandre sur tes plaies. Et si je te dis qu’il est doux, ne va pas craindre que ton Sauveur manque de puissance ; car on ajoute qu’il est Fils de Dieu. Tressaillons donc, ruminant en nous-mêmes, et faisant éclater au dehors cette douce sentence, cette suave parole : Jésus-Christ, Fils de Dieu, naît en Bethléem de Judée ! »
C’est donc véritablement un grand jour que celui de la Naissance du Sauveur : jour attendu par le genre humain durant des milliers d’années ; attendu par l’Église durant ces quatre semaines de l’Avent qui nous laissent de si chers souvenirs ; attendu par la nature entière qui revoit chaque année, sous ses auspices, le triomphe du soleil matériel sur les ténèbres toujours croissantes. Le grand Docteur de l’Église Syrienne, saint Ephrem, célèbre avec enthousiasme le charme et la fécondité de ce jour mystérieux ; empruntons quelques traits à sa divine poésie, et disons avec lui :
« Daignez, Seigneur, nous permettre de célébrer aujourd’hui le propre jour de votre naissance, que la solennité présente nous rappelle. Ce jour est semblable à vous ; il est ami des hommes. A travers les âges, il revient chaque année ; il vieillit avec les vieillards, et il se renouvelle avec l’enfant qui vient de naître. Chaque année, il nous visite et passe ; puis il revient plein de charmes. Il sait que la nature humaine e ne saurait se passer de lui ; comme vous, il vient au secours de notre race en péril. Le monde entier, Seigneur, a soif du jour de votre naissance ; cet heureux jour contient en lui-même les siècles à venir ; il est un, et il se multiplie. Qu’il soit donc, cette année encore, semblable à vous, amenant la paix entre le ciel et la terre. Si tous les jours sont marqués par votre s libéralité, combien est-il juste qu’elle déborde en celui-ci ?
« Les autres jours de Tannée empruntent leur beauté de celui-ci, et les solennités qui suivront lui doivent la dignité et l’éclat dont elles brillent. Le jour de votre naissance est un trésor, Seigneur, un trésor destiné à acquitter la dette commune. Béni soit le jour qui nous a rendu le soleil, à nous errants dans la nuit obscure ; qui nous a apporté la divine gerbe par laquelle a été c répandue l’abondance ; qui nous a donné la branche de vigne où est contenue la liqueur du salut qu’elle doit nous fournir en son temps. Au sein de l’hiver qui prive les arbres de leurs fruits, la vigne s’est parée d’une végétation divine ; sous la saison glaciale, le rejeton a poussé de la souche de Jessé. C’est en décembre, en ce mois qui retient encore dans les entrailles de la terre la semence qui lui fut confiée, que l’épi de notre salut s’élève du sein de la Vierge où il était descendu dans les jours du printemps, lorsque les agneaux bondissent dans les prairies. »
Il n’est donc pas étonnant que ce jour qui importe à Dieu même ait été privilégié dans l’économie des temps ; et l’on aime à voir les nations païennes pressentir dans leurs calendriers la gloire que Dieu lui réservait dans la suite des âges. Nous avons vu d’ailleurs que les Gentils n’ont pas été seuls à prévoir mystérieusement les relations du divin Soleil de justice avec l’astre mortel qui éclaire et échauffe le monde ; les saints Docteurs et la Liturgie tout entière ne tarissent pas sur cette ineffable harmonie. Ajoutons que, selon la tradition vénérable de l’antiquité qui place au Vendredi (25 mars) l’Incarnation du Fils de Dieu, la Naissance du Sauveur qui s’est appelé la Lumière du monde a dû avoir lieu un Dimanche (25 décembre) : ce qui donne à la fête de Noël quelque chose de plus sacré encore dans les années où elle se rencontre au Dimanche : jour déjà sanctifié par la création de la lumière à l’origine des choses, et plus tard parla Résurrection de ce Sauveur qui se lève aujourd’hui sur le monde. Saint Sophrone de Jérusalem a magnifiquement traité ce mystère dans sa première Homélie pour la fête de Noël.
Afin de graver plus profondément l’importance d’un jour si sacré dans la mémoire des peuples chrétiens de l’Europe, races préférées dans les conseils de la divine miséricorde, le souverain maître des événements a voulu que le royaume des Francs naquît le jour de Noël, lorsque dans le Baptistère de Reims, au milieu des pompes de cette solennité, Clovis, le fier Sicambre, devenu doux comme l’agneau, fut plongé par saint Rémi dans la fontaine du salut, de laquelle il sortit pour inaugurer la première monarchie catholique parmi les monarchies nouvelles, ce royaume de France, le plus beau, a-t-on dit, après celui du ciel.
Un siècle plus tard, c’était le tour de la race anglo-saxonne. L’Apôtre de l’île des Bretons, le moine saint Augustin, après avoir converti au vrai Dieu le roi Ethelred, s’avançait à la conquête des âmes. S’étant dirigé vers York, il y fait entendre la parole de vie, et un peuple entier s’unit pour demander le Baptême. Le jour de Noël est fixé pour la régénération de ces nouveaux disciples du Christ ; et le fleuve qui coule sous les murs de la cité est choisi pour servir de fontaine baptismale à cette armée de catéchumènes. Dix mille hommes, non compris les femmes et les enfants, descendent dans les eaux dont le courant doit emporter la souillure de leurs âmes. La rigueur de la saison n’arrête pas ces nouveaux et fervents disciples de l’Enfant de Bethléem, qui, peu de jours auparavant, ignoraient jusqu’à son nom. Du sein des ondes glacées, sort pleine de joie et éclatante d’innocence, toute une armée de néophytes ; et au jour de sa naissance, le Christ compte une nation de plus sous son empire.
Mais ce n’était pas assez encore pour le Seigneur qui tient à honorer le jour de la naissance de son Fils.
Une autre naissance illustre devait encore embellir cet heureux an ni versa ire. A Rome, dans la basilique de Saint-Pierre, en la solennité de Noël de l’an 800, naissait le Saint-Empire-Romain auquel était réservée la mission de propager le règne du Christ dans les régions barbares du Nord, et de maintenir l’unité européenne, sous la direction du Pontife Romain. En ce jour, saint Léon III plaçait la couronne impériale sur la tête de Charlemagne ; et la terre étonnée revoyait un César, un Auguste, non plus successeur des Césars et des Augustes de la Rome païenne, mais investi de ces titres glorieux par le Vicaire de Celui qui s’appelle, dans les saints Oracles, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs.
Ainsi Dieu a fait luire aux yeux des hommes la gloire du royal Enfant qui naît aujourd’hui ; ainsi a-t-il préparé, de distance en distance, à travers les siècles, de riches anniversaires de cette Nativité qui donne gloire à Dieu et paix aux hommes. La suite des temps apprendra au monde en quelle manière le Très-Haut se réserve encore de glorifier, en ce jour, lui-même et son Emmanuel.
En attendant, les nations de l’Occident, émues de la dignité d’une telle fête, et la considérant avec raison comme le principe de toutes choses dans l’ère de la régénération du monde, comptèrent longtemps leurs années à partir de Noël, comme on le voit sur d’antiques Calendriers, sur les Martyrologes d’Usuard et d’Adon, et sur un si grand nombre de Bulles, de Chartes et de Diplômes. Un concile de Cologne, en 1310, nous montre cette coutume encore subsistante à cette époque. Plusieurs peuples de l’Europe catholique, les Italiens principalement, ont gardé jusqu’aujourd’hui l’usage de fêter le nouvel an à la Nativité du Sauveur. On souhaite le bon Noël, comme, chez nous, au premier janvier, la bonne année. On fait échange de compliments et de cadeaux ; on écrit aux amis absents : précieux restes des anciennes mœurs, dont la foi était le principe et l’invincible rempart.
Mais telle est aux yeux de la sainte Église la joie qui doit remplir les fidèles dans la Naissance du Sauveur, que, s’associant par une insigne indulgence à une si légitime allégresse, elle relâche pour la journée de demain le précepte de l’abstinence de la chair, si Noël tombe le vendredi ou le samedi. Cette dispense remonte au Pape Honorius III, qui siégeait en 1216 ; mais déjà, dès le IX° siècle, saint Nicolas Ier, dans sa réponse aux consultations des Bulgares, avait montre une semblable condescendance, afin d’encourager la joie des fidèles dans la célébration non seulement de la solennité de Noël, mais encore des fêtes de saint Étienne, de saint Jean l’Évangéliste, de l’Épiphanie, de l’Assomption de Notre-Dame, de saint Jean-Baptiste, et de saint Pierre et saint Paul. Mais cette indulgence ne fut point universelle, et la relaxation ne s’est maintenue que pour la fête de Noël dont elle augmente l’allégresse populaire.
Dans le désir de témoigner à sa manière l’importance qu’elle attachait à une fête si chère à toute la chrétienté, la législation civile du moyen âge accordait aux débiteurs la faculté de suspendre le paiement de leurs créanciers durant toute la semaine de Noël, qui pour cela était appelée semaine de rémission, comme celles de Pâques et de la Pentecôte.
Mais suspendons un moment ces renseignements familiers que nous nous plaisons à réunir sur la glorieuse solennité dont l’approche émeut si doucement nos cœurs ; il est temps de diriger nos pas vers la maison de Dieu, où nous appelle l’Office solennel des premières Vêpres. Durant le trajet, portons notre pensée vers Bethléem, où Joseph et Marie sont déjà arrivés. Le soleil matériel s’abaisse rapidement au couchant ; et le divin Soleil de justice demeure caché pour quelques instants encore sous le nuage, au sein de la plus pure des vierges. La nuit approche ; Joseph et Marie parcourent les rues de la Cité de David, cherchant un asile pour s’y mettre à l’abri. Que les cœurs fidèles soient donc attentifs, et s’unissent aux deux incomparables pèlerins. Mais l’heure est venue où le chant de gloire et de reconnaissance doit s’échapper de toute bouche humaine. Acceptons avec empressement pour notre organe la voix de la sainte Église : elle n’est pas au-dessous d’une si noble tâche.
LES PREMIÈRES VÊPRES DE NOËL.
Après l’invocation ordinaire du secours divin, l’Église entonne successivement, sur un chant majestueux, les cinq Antiennes suivantes, qui accompagnent les Psaumes que nous allons indiquer.
1. ANT. Rex pacificus magnificatus est, cujus vultum desiderat universa terra.
1. Ant. Le Roi Pacifique étant celui que la terre entière désire, a fait paraître sa grandeur.
Psaume CIX. Dixit Dominus, page 56.
2. ANT. Magnificatus est Rex pacificus super omnes reges universae terrae.
2. Ant. Il a montré sa gloire, ce Roi pacifique, au-dessus de tous les rois de la terre entière.
Psaume CX. Confitebor tibi, Domine, page 57.
3. ANT. Impleti sunt dies Mariae, ut pareret Filium suum primogenitum.
3. Ant. Les jours sont accomplis après lesquels Marie doit enfanter son premier-né.
Psaume CXI. Beatus vir, page 57.
4. ANT. Scitote quia prope est regnum Dei: amen dico vobis quia non tardabit.
4. Ant. Sachez que royaume de Dieu est proche : je vous le dis en vérité, il ne tardera pas.
Psaume CXII. Laudate, pueri, page 58.
5. ART. Levate capita vestra; ecce appropinquat redemptio vestra.
5. Ant. Levez vos têtes ; voici que votre rédemption approche.
Psaume CXVI.
Laudate Dominum omnes gentes: * laudate eum, omnes populi.
Quoniam confirmata est super nos misericordia ejus:
* et veritas Domini manet in aeternum.
Toutes les nations, louez le Seigneur ; tous les peuples, proclamez sa gloire. Car sa miséricorde s’est affermie sur nous, et la vérité du Seigneur demeure éternellement.
Après avoir exalté dans ces divins cantiques la génération éternelle, la fidélité, la miséricorde, la grandeur et la vérité de son divin Époux qui approche, et qui dans peu d’instants se laissera voir, la sainte Église se repose un moment en écoutant, au Capitule, les consolantes paroles de l’Apôtre des Gentils sur l’avènement du Dieu Sauveur.
CAPITULE. (Tit, III.)
Apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei, non ex operibus justitiae quae fecimus nos, sed secundum misericordiam suam salvos nos fecit.
La bénignité et l’humanité de notre Dieu Sauveur ont apparu au monde ; il nous a sauvés, non pour les œuvres de justice que nous avons faites, nous pécheurs, mais pour sa seule miséricorde.
Encouragée de nouveau par ces touchantes paroles, la sainte Église n’emprunte plus le secours de la psalmodie ; elle soupire, du fond de son cœur, un hymne à son Époux, et chante la grandeur et la tendresse du sublime anniversaire qui émeut la nature entière et apporte une si chère allégresse à toutes les âmes qui goûtent l’amour du divin Enfant. Saint Ambroise, l’abeille de Milan, composa cette Hymne touchante qui retentit aujourd’hui avec une si suave mélodie par toute la terre.
HYMNE.
Jesu, redemptor omnium,
Quem, lucis ante originem,
Parem paternae gloriae
Pater supremus edidit.
Tu lumen et splendor Patris,
Tu spes perennis omnium,
Intende quas fundunt preces
Tui per orbem servuli.
Memento, rerum conditor,
Nostri quod olim corporis,
Sacrata ab alvo Virginis
Nascendo, formam sumpseris.
Testatur hoc praesens dies,
Currens per anni circulum,
Quod solus e sinu Patris
Mundi salus adveneris.
Hunc astra , tellus , aequora,
Hunc omne quod caelo subest,
Salutis auctorem novae
Novo salutat cantico.
Et nos , beata quos sacri
Rigavit unda sanguinis,
Natalis ob diem tui,
Hymni tributum solvimus.
Jesu, tibi sit gloria,
Qui natus es de Virgine,
Cum Patre et almo Spiritu,
In sempiterna saecula.
Amen.
V/. Crastina die delebitur iniquitas terrae ;
R/. Et regnabit super nos Salvator mundi.
Jésus, Rédempteur de tous les hommes, vous qu’avant la première aurore, en sa paternité suprême , le Père engendra semblable à sa gloire ;
Vous, lumière et splendeur du Père, vous, l’inépuisable espérance de tous , écoutez ces prières que répandent à cette heure vos serviteurs, par le monde entier.
Souvenez-vous, créateur des êtres, qu’un jour, au sein béni de la Vierge, vous prîtes, par votre naissance, la forme de notre chair.
Ce jour même l’atteste, ce jour que ramène l’année dans son cours, où, sortant du sein du Père, vous vîntes à nous, l’unique salut du monde.
Les astres, la terre, la mer, tout ce que le ciel couronne, saluent par un nouveau cantique ce jour auteur d’un salut nouveau.
Et nous, lavés dans les heureux flots d’un sang divin, nous vous offrons, ô Christ, le tribut de cette hymne, à la gloire de votre jour Natal.
O Jésus, qui êtes né de la Vierge, gloire à vous, avec le Père et l’Esprit divin, dans les siècles éternels !
Amen.
V/. Demain sera effacée l’iniquité de la terre ;
R/. Et le Sauveur du monde régnera sur nous.
Maintenant, c’est la voix de Marie elle-même qui va retentir dans l’assemblée des fidèles. Le doux cantique qu’elle entonna, au jour de la Visitation, lorsque, sublime dépositaire du divin secret, elle célébra dans un hymne ineffable les merveilles de la puissance de Dieu en elle, ce cantique, sans lequel l’Église ne laisse jamais se coucher le soleil, va être chanté avec pompe. L’heure approche, ô Marie, où cette divine maternité pour laquelle toutes les générations vous appelleront Bienheureuse, va être déclarée au ciel et à la terre. Permettez que nos âmes s’unissent à la vôtre pour glorifier le Seigneur, et souffrez que nos cœurs tressaillent avec le vôtre en Dieu leur Sauveur et votre Fils.
ANTIENNE DE Magnificat.
Cum ortus fuerit sol de Caelo, videbitis Regem regum procedentem a Patre, tanquam sponsum de thalamo suo.
Lorsque le soleil se sera levé au ciel, vous verrez le Roi des rois qui procède du Père ; vous le verrez semblable à l’époux qui sort de la chambre nuptiale.
Le Cantique Magnificat, page 61.
La sainte Église résume enfin tous ses désirs dans l’Oraison suivante, qui doit monter à l’oreille de Dieu, non seulement à chaque Heure du jour de Noël, mais encore plusieurs fois le jour, dans tous le cours de l’Octave.
COLLECTE.
Concede, quaesumus, omnipotens Deus: ut nos Unigeniti tui nova per carnem nativitas liberet, quos sub peccati jugo vetusta servitus tenet. Per eumdem Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia saecula saeculorum. Amen.
Dieu tout-puissant , daignez faire que la nouvelle naissance de votre Fils dans la chair nous rende la liberté, à nous qu’une ancienne servitude retient sous le joug du péché. Par le même Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.
La solennité des premières Vêpres s’achève dans les ténèbres ; car les dernières lueurs du jour ont disparu au ciel, pendant que nous étions attentifs à la sainte psalmodie. Les ministres sacrés se retirent dans la pompe des plus riches ornements ; bientôt ils vont reparaître pour s’asseoir de nouveau au tribunal de la Pénitence, et prêter l’oreille aux pécheurs qui veulent se réconcilier à Dieu pour la Naissance de son Fils. L’Église, qui retentissait, il y a quelques moments, de chants éclatants, retombe dans un silence solennel. Adorons la majesté du Seigneur ; et demandons une dernière fois au Roi des siècles qu’il daigne envoyer cette rosée dont la terre est si altérée. A cette prière de notre espérance, mêlons, pour la dernière fois aussi, un éclair de cette crainte salutaire que la pensée du dernier Avènement nous a fait concevoir, avec toute l’Église, durant le saint Temps de l’Avent.
Pour exprimer dignement ces sentiments, nous empruntons à la Liturgie Gothique ou Mozarabe la belle oraison suivante :
PRIÈRE DU BRÉVIAIRE MOZARABE.
(En la Nativité de Notre-Seigneur, à l’Office du Soir, Capitula.)
Rorate coeli desuper, utique prophetando Christum, et nubes pluant justum; dum Sancti omnes ejus praeconantur adventum. Aperiatur terra, ut, Angelo scilicet alloquente, Virgo concipiat, et pariat Salvatorem. Hic igitur ros, qui abs te est, omnipotens Pater, rogamus, et petimus, ut fiat sanitas infirmorum; et haec pluvia matutini temporis, praebe, nostri temporis in fundat arentem, quae infusa, tanta gratia praeteritum facinus abluat, et aeternum credentibus justitiae lumen infundat; nec non ejusdem Filii tui Domini nostri indemnes praesentiam contuentes, atque cum coelicolis coetui ejus in jubilo occurrentes, hoc canticum laetitiae praecinamus orantes: Benedictus qui venit in nomine Domini, Deus Dominus, et illuxit nobis; cujus nos adventus redemit, et Nativitas illustravit: Qui veniens requisivit perditos, illuminavit in tenebris constitutos. Tribue ergo omnipotens Pater, ut diem Nativitatis ejus ita devotione piissima celebremus, ut judicii diem mitissimum sentiamus: ut cujus benignitatem in redemptione cognovimus, ejus pietatem in judicio mansuetam sentiamus.
Cieux , répandez votre rosée, en manifestant enfin le Christ ; que les nuées fassent pleuvoir le Juste en ce moment où tous les saints célèbrent son avènement. Que la terre s’ouvre ; que la Vierge, à la parole de l’Ange, conçoive et enfante le Sauveur. Or, cette rosée qui émane de vous, ô Père tout-puissant, nous vous supplions et vous demandons qu’elle soit la santé des infirmes : cette pluie du matin , daignez faire qu’elle imbibe le sol aride de notre âge ; qu’elle lave, dans l’effusion d’une grâce si abondante, las iniquités passées, qu’elle verse sur les croyants l’éternelle lumière de justice. Que nous tous, contemplant sans alarmes la présence de votre Fils notre Seigneur, et marchant avec les transports de la jubilation au-devant de lui, mêlés au cortège des habitants du ciel, nous fassions entendre en triomphe ce cantique d’allégresse ; Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ; ce Dieu, ce Seigneur qui a lui sur nous, qui, par son Avènement, nous a rachetés, et par sa Nativité nous a illuminés ;qui, par sa venue, a recherché ceux qui étaient perdus , et éclairé ceux qui languissaient dans les ténèbres. Accordez-nous donc, Père tout-puissant, de célébrer le jour de sa Nativité avec une telle piété et dévotion, que nous mentions de trouver plein de douceur ce souverain Seigneur, au jour de son jugement. Nous avons connu sa bénignité dans la rédemption qu’il nous a offerte ; faites que nous éprouvions sa mansuétude, lorsqu’il siégera sur son tribunal.
Nous quitterons maintenant le saint temple, et en attendant que l’heure des Matines nous y rappelle pour y célébrer l’instant sacré de la Naissance du Sauveur, nous vaquerons durant quelques heures aux devoirs que notre condition nous impose Mais, avant d’aller célébrer cette grande et sainte veille, il importe que les fidèles soient instruits de tout ce qui peut les mettre à même de la passer d’une manière digne d’un si haut mystère, et profitable pour leurs âmes. Il sera utile, peut-être, de reprendre le cours des renseignements familiers sur la Liturgie de Noël, que nous avons suspendus pour célébrer, avec l’Église, les premières Vêpres de la solennité.
AVANT L’OFFICE DE LA NUIT.
Les fidèles doivent savoir que, dans les premiers siècles de l’Église, on ne célébrait pas de fête solennelle sans s’y préparer par une Veille laborieuse, durant laquelle le peuple chrétien, renonçant au sommeil, remplissait l’église, et suivait avec ferveur la psalmodie et les lectures dont l’ensemble formait dès lors ce que nous appelons aujourd’hui l’Office des Matines. La nuit était divisée en trois parties, désignées sous le nom de Nocturnes ; et au point du jour, on reprenait les chants avec plus de solennité encore dans l’Office des Louanges qui a retenu le nom de Laudes. Ce divin service, qui remplissait la meilleure partie de la nuit, se célèbre encore chaque jour, quoique à des heures moins pénibles, dans les Chapitres et les Monastères, et il est récité dans le particulier par tous les clercs astreints à l’Office divin, dont il forme la portion la plus considérable. Le relâchement des habitudes liturgiques a peu à peu désaccoutumé les peuples de prendre part à la célébration des Matines ; et dans la plupart des églises paroissiales de France, on a fini par ne les plus chanter que quatre fois par an : savoir, les trois derniers jours de la Semaine Sainte ; encore sont-elles anticipées à la veille dans l’après-midi, sous le nom de Ténèbres ; et enfin, le jour de Noël, où du moins on les solennise à peu près à la même heure qu’on le faisait dans l’antiquité.
L’Office de la nuit de Noël a toujours été célèbre entre tous ceux de l’année, et solennise avec une dévotion spéciale : d’abord à raison de l’heure à laquelle la très sainte Vierge enfanta le Sauveur, et qu’il convient d’attendre dans les prières et les vœux les plus ardents ; ensuite, parce que l’Église ne se contente pas de célébrer en cette nuit l’Office des Matines à l’ordinaire, mais elle y joint, par une exception unique, et pour mieux honorer la divine Naissance, l’offrande du saint Sacrifice de la Messe à l’heure même de qui est celle où Marie donna son auguste fruit à la terre. Aussi voyons-nous que dans beaucoup de lieux, dans les Gaules principalement, selon le témoignage de saint Césaire d’Arles, les fidèles passaient la nuit entière à l’Église.
A Rome, durant plusieurs siècles, au moins du septième au onzième, il y avait deux Matines dans la nuit de Noël. Les premières se chantaient dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure ; on les commençait aussitôt après le soleil couché ; il n’y avait pas d’Invitatoire, et ce premier Office de la nuit était suivi de la première Messe de Noël que le Pape célébrait à Aussitôt après, il se rendait avec le peuple à l’Église de Sainte-Anastasie, où il célébrait la Messe de l’Aurore. Le pieux cortège se transportait ensuite, et toujours avec le Pontife, à la Basilique de Saint-Pierre, où commençaient tout aussitôt les secondes Matines. Elles avaient un Invitatoire, et étaient suivies des Laudes ; lesquelles étant chantées, ainsi que les Offices suivants, aux heures convenables, le Pape célébrait la troisième et dernière Messe, à l’heure de Tierce. Amalaire et l’ancien liturgiste du XII° siècle qu’on a publié sous le nom d’Alcuin nous ont conservé ces détails, qui sont d’ailleurs rendus sensibles par le texte même des anciens Antiphonaires de l’Église Romaine qui ont été publiés parle Bienheureux Joseph-Marie Tommasi et par Gallicioli.
La foi était vive dans ces temps ; le sentiment de la prière étant le lien le plus puissant pour les peuples nourris sans cesse des mystères divins, les heures passaient vite pour eux dans la maison de Dieu. On comprenait alors les prières de l’Église ; les cérémonies de la Liturgie, qui en sont l’indispensable complément, n’étaient point comme aujourd’hui un spectacle muet, ou tout au plus empreint d’une vague poésie : les masses croyaient et sentaient comme les individus. Qui nous rendra cette compréhension des choses surnaturelles, sans laquelle tant de gens aujourd’hui encore se flattent d’être chrétiens et catholiques ?
Mais pourtant, grâces à Dieu, cette foi pratique n’est pas encore tout à fait éteinte chez nous ; espérons même qu’elle reprendra un jour son ancienne vie. Que de fois nous nous sommes plu à en rechercher et à en contempler les traces au sein de ces familles patriarcales, encore nombreuses aujourd’hui dans nos petites villes et nos campagnes des provinces éloignées de la capitale de la France ! C’est là que nous avons vu, et nul souvenir d’enfance ne nous est plus cher, toute une famille, après la frugale et sévère collation du soir, se ranger autour d’un vaste foyer, n’attendant que le signal pour se lever comme un seul homme, et se rendre à la Messe de Les mets qui devaient être servis au retour, et dont la recherche simple, mais succulente, devait ajouter à la joie d’une si sainte nuit, étaient là préparés d’avance ; et au centre du foyer, un vigoureux tronc d’arbre, décoré du nom de bûche de Noël, ardait vivement, et dispensait une puissante chaleur dans toute la salle. Sa destinée était de se consumer lentement durant les longues heures de l’Office, afin d’offrir au retour un brasier salutaire pour réchauffer les membres des vieillards et des enfants engourdis par la froidure.
Cependant on s’entretenait avec une vive allégresse du mystère de la grande nuit ; on compatissait à Marie et à son doux Enfant exposés dans une étable abandonnée à toutes les rigueurs de l’hiver ; puis bientôt, on entonnait quelqu’un de ces beaux Noëls, au chant desquels on avait passé déjà de si touchantes veillées dans tout le cours de l’Avent. Les voix et les cœurs étaient d’accord, en exécutant ces mélodies champêtres composées dans des jours meilleurs. Ces naïfs cantiques redisaient la visite de l’Ange Gabriel à Marie, et l’annonce d’une maternité divine faite à la noble pucelle ; les fatigues de Marie et de Joseph parcourant les rues de Bethléem, alors qu’ils cherchaient en vain un gîte dans les hôtelleries de cette ville ingrate ; l’enfantement miraculeux de la Reine du ciel ; les charmes du Nouveau-Né dans son humble berceau ; l’arrivée des bergers, avec leurs présents rustiques, leur musique un peu rude, et la foi simple de leurs cœurs. On s’animait en passant d’un Noël à l’autre ; tous soucis de la vie étaient suspendus, toute douleur était charmée, toute âme épanouie ; mais soudain la voix des cloches retentissant dans la nuit venait mettre fin à de si bruyants et si aimables concerts. On se mettait en marche vers l’Église ; heureux alors les enfants que leur âge un peu moins tendre permettait d’associer pour la première fois aux ineffables joies de cette nuit solennelle, dont les saintes et fortes impressions devaient durer toute la vie !
Mais où nous entraîne le charme de ces souvenirs trop personnels et d’une nature inconnue peut-être à la plupart de nos lecteurs ? Toutefois, s’il ne nous est pas possible de faire revivre ces chères et touchantes habitudes qui confondaient les saintes émotions de la religion avec les plus intimes jouissances de la famille, nous nous efforcerons de suggérer à ceux qui veulent bien nous lire, afin de remplir utilement les dernier instants qui précèdent le départ pour la maison de Dieu, quelques considérations à l’aide desquelles ils pourront entrer plus avant encore dans l’esprit de l’Église, fixant leur cœur et leur imagination sur des objets réels et consacrés par les mystères de cette auguste nuit.
Or donc, il est trois lieux dans le monde que notre pensée doit rechercher principalement à cette heure. Bethléem est le premier de ces trois lieux, et dans Bethléem, c’est la grotte de la Nativité qui nous réclame. Approchons-nous avec un saint respect, et contemplons l’humble asile que le Fils de l’Éternel descendu du ciel a choisi pour sa première résidence. Cette étable, creusée dans le roc, est située hors la ville ; elle a environ quarante pieds de longueur sur douze de largeur. Le bœuf et l’âne annoncés par le prophète sont là près de la crèche, muets témoins du divin mystère que la demeure de l’homme a refusé d’abriter.
Joseph et Marie sont descendus dans cette humble retraite ; le silence et la nuit les environnent ; mais leur cœur s’épanche en louanges et en adorations envers le Dieu qui daigne réparer si complètement l’orgueil de l’homme. La très pure Marie dispose les langes qui doivent envelopper les membres du céleste Enfant, et attend avec une ineffable patience l’instant où ses yeux verront enfin le fruit béni de ses chastes entrailles, où elle pourra le couvrir de ses baisers et de ses caresses, l’allaiter de son lait virginal.
Cependant, le divin Sauveur, près de franchir la barrière du sein maternel, et de faire son entrée visible en ce monde de péché, s’incline devant son Père céleste, et, suivant la révélation du Psalmiste expliquée par le grand Apôtre dans l’Épître aux Hébreux, il dit : « O mon Père ! vous ne voulez plus des hosties grossières que l’on vous offre selon la Loi ; ces oblations vaines n’ont point apaisé votre justice ; mais vous m’avez donné un corps ; me voici, je viens m’offrir ; je viens accomplir votre volonté. » (Hebr. X, 7.)
Tout ceci se passait vers l’heure où nous sommes, dans l’étable de Bethléem, et les Anges du Seigneur étaient ravis d’admiration pour une si grande miséricorde d’un Dieu envers des créatures révoltées, en même temps qu’ils considéraient avec délices les nobles et gracieux attraits de la Vierge sans tache, attendant, eux aussi, l’instant où la Rose mystique allait s’épanouir enfin et répandre son divin parfum.
Heureuse grotte de Bethléem qui fut témoin de semblables merveilles ! qui de nous, à cette heure, n’y enverrait pas son cœur ? Qui de nous ne la préférerait aux plus somptueux palais des rois ? Dès les premiers jours du christianisme, la vénération des fidèles l’environna des plus tendres hommages, jusqu’à ce que la grande sainte Hélène, suscitée de Dieu pour reconnaître et honorer sur la terre les traces du passage de l’Homme-Dieu, fit bâtir à Bethléem la magnifique Basilique qui devait garder dans son enceinte ce trophée de l’amour d’un Dieu pour sa créature.
Transportons-nous par la pensée dans cette Église encore subsistante ; voyons-y, au milieu des infidèles et des hérétiques, les religieux qui desservent ce sanctuaire, s’apprêtant aussi à chanter, dans notre langue latine, les mêmes cantiques que bientôt nous allons entendre. Ces religieux sont des enfants de saint , des héros de la pauvreté, des disciples de l’Enfant de Bethléem ; et c’est parce qu’ils sont petits et faibles, que, depuis plus de cinq siècles, ils soutiennent seuls les combats du Seigneur, en ces lieux sacrés de la Terre-Sainte que l’épée des Croisés s’était lassée de défendre. Prions en union avec eux, cette nuit ; et baisons avec eux la terre à cet endroit de la grotte où on lit en lettres d’or ces paroles : HIC DE VIRGINE MARIA JESUS CHRISTUS NATUS EST.
Toutefois, c’est en vain que nous demanderions aujourd’hui à Bethléem l’heureuse Crèche qui reçut l’Enfant divin. Depuis douze siècles, elle a fui ces contrées frappées de malédiction ; elle est venue chercher un asile au centre de la catholicité, à Rome, l’Épouse favorisée du Rédempteur.
Rome est donc le second lieu du monde que notre cœur doit rechercher en cette nuit fortunée. Mais dans la ville sainte, il est un sanctuaire qui réclame en ce moment toute notre vénération et tout notre amour. C’est la Basilique de la Crèche, la splendide et radieuse Église de Sainte-Marie-Majeure. Reine de toutes les nombreuses Églises que la dévotion romaine a dédiées à la Mère de Dieu, elle s’élève avec magnificence sur l’Esquilin, toute resplendissante de marbre et d’or, mais surtout heureuse de posséder en son sein, avec le portrait de la Vierge Mère peint par saint Luc, l’humble et glorieuse Crèche que les impénétrables décrets du Seigneur ont enlevée à Bethléem pour la confier à sa garde. Un peuple immense se presse dans la Basilique, attendant l’heureux instant où ce touchant monument de l’amour et des abaissements d’un Dieu apparaîtra porté sur les épaules des ministres sacrés, comme une arche de nouvelle alliance, dont la vue tant désirée rassure le pécheur et fait palpiter le cœur du juste. Dieu a donc voulu que Rome, qui devait être la nouvelle Jérusalem, fût aussi la Bethléem nouvelle, et que les enfants de son Église trouvassent dans ce centre immuable de leur foi l’aliment multiple et inépuisable de leur amour.
Mais la Basilique de la Crèche n’est pas le seul sanctuaire de Rome qui nous réclame cette nuit. Un mystère profond et imposant s’accomplit à l’heure même où nous sommes, près du sépulcre du Prince des Apôtres, dans l’auguste palais du Vatican. Si l’âge et les forces du Souverain Pontife lui permettent de se rendre cette nuit à Sainte-Marie-Majeure, la cérémonie dont nous allons parler a lieu dans la vaste sacristie de la Basilique.
L’Enfant divin qui va naître est le Dieu fort, le Prince de la Paix ; il porte la marque de la royauté sur son épaule, comme nous le chanterons demain avec l’Église. Pour honorer cette puissance de l’Emmanuel, déjà, ainsi que nous l’avons vu, le Seigneur des armées a amené aux pieds de la Crèche les deux grands chefs de la nation franque, Clovis et Charlemagne ; et voici que le Pontife suprême, le Vicaire de l’Emmanuel, bénit en son nom, dans cette nuit même, une épée et un casque destinés à quelque guerrier catholique dont le bras victorieux a bien mérité de la république chrétienne. Cette épée, dit le grand Cardinal Polus expliquant ce rite dans une lettre célèbre adressée à Philippe II et à la reine Marie, son épouse, est remise à un prince que le Vicaire du Christ veut honorer, au nom du Christ lui-même qui est Roi ; car l’Ange dit à Marie : Dieu lui donnera le trône de David son père. C’est de lui seul que vient la puissance du glaive ; car Dieu dit à Cyrus : Je t’ai ceint de l’épée ; et le Psalmiste dit au Christ : Ceignez-vous du glaive, ô prince très vaillant ! Mais le glaive ne doit se tirer que pour la justice ; et c’est pour cela qu’on le bénit en cette nuit, au milieu de laquelle se lève le divin Soleil de justice. Sur le casque, ornement et protection de la tête, est représentée par un travail de perles l’image de l’Esprit Saint, afin que le prince connaisse que ce n’est point d’après le mouvement de ses passions, ni pour son ambition, qu’il doit faire usage du glaive, mais uniquement dans la sagesse du divin Esprit et pour étendre le royaume du Christ sur la terre.
Ineffable mélange d’idées et de sentiments forts et tendres, dont on ne retrouve l’expression et en même temps l’harmonie que dans cette Rome chrétienne qui est notre Mère, et qui seule a reçu avec plénitude la lumière et l’amour ! Cette cérémonie s’est conservée jusqu’aujourd’hui ; et ce serait une liste glorieuse que celle des grands capitaines de la chrétienté que le Pontife romain, depuis déjà de longs siècles, a armés ainsi Chevaliers de l’Église et des nations, dans cette nuit où le Messie descend pour soumettre notre ennemi. En nous inclinant avec amour devant son berceau, rendons aussi gloire à sa royauté ; prions-le d’humilier tous les ennemis de son Église, et de terrasser ceux de notre salut et de notre perfection.
Il est temps maintenant de visiter le troisième des sanctuaires où se doit accomplir durant cette nuit le mystère de la naissance du divin Fils de Marie. Or, ce troisième sanctuaire est tout près de nous ; il est en nous : c’est notre cœur. Notre cœur est la Bethléem que Jésus veut visiter, dans laquelle il veut naître, pour s’y établir et y croître jusqu’à l’homme parfait, comme parle l’Apôtre (Ephes. IV, 13). S’il visite l’étable de la Cité de David, ce n’est que pour parvenir plus sûrement à notre cœur qu’il a aimé d’un amour éternel, jusqu’à descendre du ciel pour le venir habiter. Le sein virginal de Marie ne l’a conservé que neuf mois ; il veut éternellement résider dans notre cœur.
O cœur du Chrétien, Bethléem vivante, prépare-toi, et sois dans l’allégresse ! Déjà, tu t’es disposé par l’aveu de tes fautes, par la contrition de tes offenses, par la pénitence de tes méfaits, à cette union que le divin Enfant désire contracter avec toi. Maintenant, sois attentif ; il va venir au milieu de la nuit. Qu’il te trouve donc prêt, comme il trouva l’étable et la crèche et les langes. Tu ne peux lui offrir les pures et maternelles caresses de Marie, les tendres soins de Joseph : présente-lui les adorations et l’amour simple des bergers. Semblable à la Bethléem des temps actuels, tu habites au milieu des infidèles, de ceux qui ignorent le divin mystère d’amour : que tes vœux soient secrets et sincères comme ceux qui monteront cette nuit, vers le ciel, du fond de la glorieuse et sainte grotte qui réunit autour des fils de saint les rares fidèles que la céleste miséricorde trouve à glaner encore au sein d’une contrée abrutie par plus de mille ans de servitude. Dans la pompe de cette sainte nuit, deviens semblable à la radieuse Basilique qui garde dans Rome le dépôt de la sainte Crèche et le doux portrait de la Vierge Mère. Que tes affections soient pures comme le marbre blanc de ses colonnes ; ta charité resplendissante comme l’or qui brille à ses lambris ; tes œuvres lumineuses comme les mille cierges qui, dans son heureuse enceinte, illuminent la nuit de toutes les splendeurs du jour. Enfin, ô soldat du Christ ! apprends qu’il faut combattre pour mériter d’approcher de l’Enfant divin ; combattre pour conserver en soi sa présence pleine d’amour ; combattre pour arriver à l’heureuse consommation qui te fera tout un avec lui dans l’éternité. Conserve donc chèrement ces impressions ; qu’elles te nourrissent, te consolent et te sanctifient, jusqu’au moment où l’Emmanuel va descendre en toi. O Bethléem vivante ! répète sans cesse cette douce parole de l’Épouse : Venez, Seigneur Jésus ! venez.
Oui, le voici qui vient, et il est temps d’aller à lui. Levons-nous et nous acheminons vers le saint temple. Avançons-nous à travers la nuit ; le silence est interrompu par le résonnement des cloches, dont la mélodie est si solennelle à cette heure inaccoutumée. Leur son un peu voilé, moins éclatant qu’il ne l’est pendant le jour, annonce l’approche mystérieuse d’un Dieu. C’est dans un berceau, sous les traits de l’enfance, et non à travers l’épaisse fumée d’un nuage terrible comme au Sinaï, qu’il se manifeste. On n’entend pas de foudres mugir ; les éclairs ne sillonnent pas les nuages ; la lune, symbole de la suave beauté que Marie emprunte au divin Soleil, répand au loin sa mystérieuse clarté sur notre route. L’armée des astres scintille au firmament ; et tout à l’heure se lèvera l’Étoile qui doit conduire, d’ici à peu de jours, les Mages à la Crèche de l’Enfant-Dieu.
Nous touchons enfin le seuil de l’Église. La lumière des lampes et des flambeaux qui l’éclairent déborde jusque sous le portique. A la vue de ces feux qui rendent plus splendide encore la décoration de la maison de Dieu, nous nous rappelons le mot de Clovis entrant le même jour, à cette même heure, dans la Basilique de Reims où il devait être régénéré : « Mon Père, s’écria le « Sicambre ébloui , et agité d’une émotion « inconnue, est-ce là le royaume que vous m’avez « promis ? » — « Non, mon Fils, répondit l’apôtre des Francs, ce n’est que l’entrée du chemin qui doit t’y conduire. »
LES MATINES DE NOËL.
L’Église ouvre l’Office par la supplication matutinale.
V/. Domine , labia mea aperies ;
R/. Et os meum annuntiabit laudem tuam.
V/. Deus, in adjutorium meum intende.
R/. Domine, ad adjuvandum me festina.
R/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto ;
Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen. Alleluia.
V/. Seigneur, ouvrez mes lèvres ;
R/. Et ma bouche annoncera vos louanges.
V/. O Dieu ! venez à mon aide.
R/. Hâtez-vous, Seigneur, de me secourir.
V/. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ;
Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. Alleluia.
Vient ensuite, avec son glorieux refrain qui annonce la Nativité du Christ, le Cantique invitatoire par lequel, chaque matin, l’Église convie ses enfants à venir adorer le Seigneur. Cette nuit, ce sont les Anges eux-mêmes qui nous appellent à la crèche de notre Rédempteur. Écoutons leurs voix à travers celles de l’Église et du Roi prophète.
INVITATOIRE.
Christus natus est nobis : * Venite, adoremus.
Le Christ nous est né : * Venez, adorons-le.
PSAUME XCIV
Venite, exsultemus Domino , jubilemus Deo Salutari nostro : praeoccupemus faciem ejus in confessione, et in psalmis jubilemus ei.
Christus natus est nobis : * Venite, adoremus.
Quoniam Deus magnus Dominus, et Rex magnus super omnes deos : quoniam non repellet Dominus plebem suam,quia in manu ejus sunt omnes fines terrae et altitudines montium ipse conspicit.
Venite, adoremus.
Quoniam ipsius est mare, et ipse fecit illud. et aridam fundaverunt manus ejus : Venite, adoremus , et procidamus ante Deum : ploremus coram Domino qui fecit nos ; quia ipse est Dominus Deus noster : nos autem populus ejus, et oves pascuas ejus.
Christus natus est nobis : * Venite, adoremus.
Hodie si vocem ejus audieritis, nolite obdurare corda vestra, sicut in exacerbatione secundum diem tentationis in deserto : ubi tentaverunt me patres vestri, probaverunt, et viderunt opera mea.
Venite, adoremus.
Quadraginta annis proximus fui generationi huic, et dixi : Semper hi errant corde : ipsi vero non cognoverunt vias meas, quibus juravi in ira mea, si introibunt in requiem meam.
Christus natus est nobis : * Venite, adoremus.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto : sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen.
Venite, adoremus.
Christus natus est nobis : * Venite, adoremus
Venez, fidèles, tressaillons dans le Seigneur ; chantons dans la jubilation des hymnes à Dieu notre Sauveur : prévenons sa présence par des chants de louange, et jubilons en son honneur dans la psalmodie.
Le Christ nous est né : * Venez, adorons-le.
Car le Seigneur est le grand Dieu, le grand Roi au-dessus de tous les dieux ; il ne repoussera point son peuple : Dans sa main sont toutes les profondeurs de la terre, et son œil domine les sommets des montagnes.
Venez, adorons-le.
La mer est à lui, et il l’a faite, et ses mains ont formé la terre. Venez, fidèles, adorons et prosternons-nous devant ce Dieu ; pleurons devant ce Seigneur qui nous a faits : car il est le Seigneur notre Dieu, et nous son peuple et les brebis de son pâturage.
Le Christ nous est né : * Venez, adorons-le.
Si aujourd’hui vous entendez sa voix du fond de la crèche, n’endurcissez pas vos cœurs, comme au jour du murmure et de la tentation dans le désert, où vos pères me tentèrent, moi le Seigneur, le Père de l’Emmanuel, et où ils me mirent à l’épreuve et virent mes œuvres.
Venez, adorons-le.
Durant quarante années, j’ai couvert de ma protection cette génération, et j’ai dit : « C’est un peuple dont le cœur est égaré ; ils ne connaissent pas mes voies : c’est pourquoi j’ai juré dans ma colère qu’ils n’entreraient point dans la terre de mon repos. »
Le Christ nous est né : * Venez, adorons-le.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ; comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Venez, adorons-le.
Le Christ nous est né : * Venez, adorons-le.
Après l’Invitatoire, l’Église entonne l’Hymne touchante que saint Ambroise a composée pour la naissance du Sauveur, et qui a déjà été chantée aux premières Vêpres. Offrons-la de nouveau à notre libérateur, et goûtons-en de plus en plus la merveilleuse onction.
HYMNE.
Jesu, Redemptor omnium.
Jésus, Rédempteur de tous les hommes, etc.
Voyez ci-dessus, page 72.
Ces préludes étant accomplis, commence le solennel Office de la nuit. Il est divisé en trois Veilles, ou Nocturnes, composées chacune de trois Psaumes, de trois lectures appelées Leçons, et de trois Répons en manière d’intermèdes. Le troisième Nocturne cependant n’a, à proprement parler, que deux Répons ; en place du troisième on chante le Te Deum. Les interprètes mystiques de la Liturgie ont reconnu des symboles dans ces trois Nocturnes des Matines de Noël. Le premier signifie le temps qui s’est écoulé pour le genre humain, avant la Loi écrite que Dieu donna à Moïse. Au moyen âge, durant ce Nocturne, l’autel était couvert d’un voile noir, à cause de la condamnation qui fut prononcée contre l’homme pécheur, et de la grande distance qui, à cette époque, séparait le genre humain de son libérateur. Le second Nocturne signifie le temps qui s’est écoulé sous la Loi écrite, et durant ce Nocturne, l’autel était couvert d’un voile blanc ; parce que, sous la Loi, les hommes recevaient une plus grande lumière au moyen des figures de l’Ancien Testament et des oracles prophétiques. Enfin, le troisième signifie le temps de la Loi de grâce, et durant ce Nocturne, l’autel était couvert d’un voile couleur de pourpre, pour signifier l’amour de l’Époux et de l’Épouse, dans cette union ineffable que le Fils de Dieu est venu contracter avec nos âmes.
PREMIER NOCTURNE.
Le premier Psaume des Matines de Noël célèbre la royauté de l’Enfant qui va naître. Toutes les nations lui seront données en héritage, et un jour il viendra juger ces rois qui bientôt vont menacer son berceau. Il est le Fils éternel du Père qui l’a engendré au jour de l’éternité, et qui le manifeste durant cette nuit aux veux du monde.
Ant. Dominus dixit ad me: Filius meus es tu, ego hodie genui te.
Ant. Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils ; je vous ai engendré aujourd’hui.
PSAUME II
Quare fremuerunt Gentes: * et populi meditati sunt inania?
Astiterunt reges terrae, et príncipes convenerunt in unum * adversus Dominum, et adversus Christum ejus.
Dirumpamus víncula eorum: * et projiciamus a nobis jugum ipsorum.
Qui habitat in coelis, irridebit eos: * et Dominus subsannabit eos.
Tunc loquetur ad eos in ira sua, * et in furore suo conturbabit eos.
Ego autem constitutus sum Rex ab eo super Sion montem sanctum ejus, * praedicans praeceptum ejus.
Dominus dixit ad me: * Fílius meus es tu, ego hodie genui te.
Postula a me, et dabo tibi Gentes hereditatem tuam, * et possessionem tuam terminos terrae.
Reges eos in virga ferrea, * et tamquam vas fíguli confrínges eos.
Et nunc, reges, intellígite: * erudímini, qui judicatis terram.
Servíte Domino in timore: * et exsultate ei cum tremore.
Apprehendite disciplínam, nequando irascatur Dominus, * et pereatis de via justa.
Cum exarserit in brevi ira ejus: * beati omnes qui confídunt in eo.
Pourquoi les nations ont-elles frémi ?
Pourquoi les peuples ont-ils médité des choses vaines ?
Les rois de la terre se sont levés, les princes se sont ligués ensemble contre le Seigneur et contre son Christ.
Ils ont dit : Brisons leurs liens, et rejetons leur joug loin de nous.
Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux ; le Seigneur insultera à leurs efforts.
Il leur parlera dans sa colère ; il les confondra dans sa fureur.
Moi, Fils de Marie, j’ai été par lui établi roi sur Sion, sa montagne sainte, pour annoncer sa loi.
Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon fils ; je vous ai engendré aujourd’hui.
Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour héritage, et pour empire jusqu’aux confins de la terre.
Vous les régirez avec la verge de fer, et les briserez comme le vase d’argile.
Maintenant donc, ô rois 1 comprenez : instruisez-vous, arbitres du monde 1
Servez le Seigneur dans la crainte, réjouissez-vous en lui, mais avec tremblement.
Embrassez sa loi, de peur que le Seigneur ne s’irrite, et que vous ne périssiez de la voie droite,
Quand sa colère s’allumera soudain. Heureux alors tous ceux qui ont mis en lui leur confiance !
Ant. Dominus dixit ad me: Filius meus es tu, ego hodie genui te.
Ant. Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils ; je vous ai engendré aujourd’hui.
Le second Psaume chante la beauté des cieux durant la nuit, et relève le magnifique témoignage que rend à la grandeur de Dieu l’innombrable multitude des étoiles. Il passe bientôt à la louange du soleil, dont le lever radieux est semblable à celui de l’Époux sortant de la chambre nuptiale. Ce soleil est le divin Emmanuel ; le sein de Marie est son sanctuaire. Aujourd’hui il ouvre sa course, partant des extrémités de l’abaissement, pour s’élever ensuite au faîte de la gloire. Adorons-le dans son humilité, et humilions-nous avec lui. Il est le législateur et la Loi ; il est notre joie et notre lumière ; il est notre aide et notre Rédempteur : aimons-le et soumettons-nous à lui.
Ant. Tamquam sponsus Dominus procedens de thalamo suo.
Ant. Semblable à l’époux , le Seigneur est sorti de sa chambre nuptiale.
PSAUME XVIII.
Coeli enarrant gloriam Dei: * et opera manuum ejus annuntiat firmamentum.
Dies diei eructat verbum, * et nox nocti índicat scientiam.
Non sunt loquelae, neque sermones, * quorum non audiantur voces eorum.
In omnem terram exívit sonus eorum: * et in fines orbis terrae verba eorum.
In sole posuit tabernaculum suum: * et ipse tamquam sponsus procedens de thalamo suo.
Exsultavit ut gigas ad currendam viam, * a summo coelo egressio ejus.
Et occursus ejus usque ad summum ejus: * nec est qui se abscondat a calore ejus.
Lex Domini immaculata, convertens animas: * testimonium Domini fidele, sapientiam praestans parvulis.
Justítiae Domini rectae, laetificantes corda: * praeceptum Domini lucidum illuminans oculos.
Timor Domini sanctus, permanens in saeculum saeculi: * judícia Domini vera, justificata in semetípsa.
Desiderabília super aurum et lapidem pretiosum multum: * et dulciora super mel et favum.
Etenim servus tuus custodit ea, * in custodiendis illis retributio multa.
Delícta quis intelligit? ab occultis meis munda me: * et ab alienis parce servo tuo.
Si mei non fuerint dominati, tunc immaculatus ero: * et emundabor a delícto maximo.
Et erunt ut complaceant eloquia oris mei: * et meditatio cordis mei in conspectu tuo semper.
Domine, adjutor meus, * et redemptor meus.
Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament annonce l’œuvre de ses mains.
Le jour en parle au jour, et la nuit en donne la science à la nuit.
Il n’est ni langues, ni dialectes , dans lesquels on n’entende ce langage des cieux.
Le bruit de leur voix retentit par toute la terre ; leurs paroles s’entendent jusqu’aux extrémités du monde.
Le Seigneur a placé son pavillon dans le soleil, image de son Fils ; et cet astre radieux, semblable à l’époux qui sort de la chambre nuptiale,
S’élance comme un géant pour parcourir sa carrière ; il part des extrémités de l’orient,
Et il s’abaisse aux bornes du couchant ; et nul ne se dérobe à la chaleur de ses rayons.
La loi du Seigneur, que Jésus vient annoncer, est sans tache ; elle convertit les âmes. La parole du Seigneur est fidèle, elle donne la sagesse à ceux qui sont petits comme l’Enfant de la crèche.
Les commandements du Seigneur sont droits : ils réjouissent les cœurs ; le précepte du Seigneur est lumineux : il éclaire les yeux.
La crainte du Seigneur est sainte : ses fruits demeurent éternellement ; les jugements du Seigneur sont vrais : ils se justifient par eux-mêmes.
Ils sont plus désirables que l’or, plus précieux que les pierreries, plus doux que le rayon de miel.
Votre serviteur, ô Dieu, les garde, et dans leur accomplissement est une récompense abondante.
Mais quel est celui qui connaît ses fautes ? Purifiez-moi donc, Seigneur, de mes péchés secrets, et préservez votre serviteur du commerce de ceux qui vous sont étrangers.
Sils ne dominent pas sur moi, je serai sans tache ; du moins je demeurerai pur de tout grand péché.
Alors les paroles de ma bouche vous seront agréables, et les pensées de mon cœur seront toujours en votre présence.
Seigneur, né pour moi, vous êtes mon aide et mon Rédempteur.
Ant. Tamquam sponsus Dominus procedens de thalamo suo.
Ant. Semblable à l’époux, le Seigneur est sorti de sa chambre nuptiale.
Le troisième Psaume nous montre le Christ vainqueur marchant à la conquête du monde. Sa beauté et sa douceur sont égales à sa vérité et à sa justice ; nul ne pourra résister à la puissance de son amour. A sa droite paraît la Reine du monde, l’auguste Marie, dont le Seigneur a aimé la beauté, et dont la virginité féconde a enfanté toutes ces âmes pures et consacrées qui suivront à jamais l’Agneau. Célébrons, en ce sublime cantique, l’ineffable dignité de notre grand Roi et les doux attraits de notre incomparable Reine.
Ant. Diffusa est gratia in labiis tuis; propterea benedixit te Deus in aeternum.
Ant. La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a béni pour l’éternité.
PSAUME XLIV.
Eructavit cor meum verbum bonum: * dico ego opera mea Regi.
Lingua mea calamus scribae: * velociter scribentis.
Speciosus forma prae fíliis hominum, diffusa est gratia in labiis tuis: * propterea benedíxit te Deus in aeternum.
Accíngere gladio tuo super femur tuum, * potentíssime.
Specie tua et pulchritudine tua: * intende, prospere procede, et regna.
Propter veritatem, et mansuetudinem, et justítiam: * et deducet te mirabíliter dextera tua.
Sagíttae tuae acutae, populi sub te cadent: * in corda inimicorum Regis.
Sedes tua, Deus, in saeculum saeculi: * virga directionis virga regni tui.
Dilexísti justítiam, et odísti iniquitatem: * propterea unxit te, Deus, Deus tuus, oleo laetítiae prae consortibus tuis.
Myrrha, et gutta, et casia a vestimentis tuis, a domibus eburneis: * ex quibus delectaverunt te fíliae regum in honore tuo.
Astitit regína a dextris tuis in vestítu deaurato: * circumdata varietate.
Audi, fília, et vide, et inclína aurem tuam: * et oblivíscere populum tuum, et domum patris tui.
Et concupíscet Rex decorem tuum: * quoniam ipse est Dominus Deus tuus, et adorabunt eum.
Et fíliae Tyri in muneribus * vultum tuum deprecabuntur: omnes dívites plebis.
Omnis gloria ejus fíliae Regis ab intus, * in fímbriis aureis circumamícta varietatibus.
Adducentur Regi vírgines post eam: * proximae ejus afferentur tibi.
Afferentur in laetítia et exsultatione: * adducentur in templum Regis.
Pro patribus tuis nati sunt tibi fílii: * constítues eos príncipes super omnem terram.
Memores erunt nominis tui: * in omni generatione et generationem.
Propterea populi confitebuntur tibi in aeternum: * et in saeculum saeculi.
Mon cœur éclate en un cantique excellent ; c’est à la gloire du Christ Roi que je dédie mes chants.
Que ma langue soit semblable à la plume de l’écrivain dont la main est rapide.
Vous surpassez en beauté tous les enfants des hommes, ô Emmanuel ! La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a béni pour l’éternité.
Vous venez faire la conquête du monde, ô puissant guerrier : ceignez-vous de votre glaive, armez-en votre côté.
Brillant de gloire et de beauté, tendez votre arc, marchez à la victoire et régnez.
Régnez par votre vérité, par votre mansuétude, et par votre justice ; votre bras vous fera faire des prodiges admirables.
Vos flèches sont aiguës, les peuples tomberont a vos pieds : ces flèches perceront au cœur les ennemis du grand Roi qui vous envoie.
Votre trône, ô Dieu, demeurera dans les siècles des siècles ; le sceptre de l’équité est le sceptre de votre empire.
Vous aimez la justice et vous haïssez l’iniquité ; c’est pour cela, ô Dieu, que votre Dieu vous a sacré d’une onction de joie au-dessus de tous ceux dont vous avez daigné prendre la nature.
Les parfums de la myrrhe, de l’ambre et du sandal s’exhalent de vos vêtements ; Ces vêtements dont l’odeur vous réjouit, sortent de vos coffres d’ivoire. Les filles des rois font la gloire de votre cour.
Mais la Reine Marie, celle qui partage vos triomphes, se tient à votre droite, couverte d’une robe brodée d’or, où brille la plus riche variété.
Votre Esprit lui parla un jour et lui dit : « Ecoute, ô ma fille ! vois et prête l’oreille, oublie ta nation et la maison de ton père. Et le Roi sera épris de ta beauté ; car Celui qui t’aime est ton Dieu, et tous les peuples l’adoreront. Les filles de Tyr t’offriront des présents ; tous les puissants de la terre imploreront ton regard. »
Or, toute la gloire de cette fille de roi est intérieure ; mais en retour, sa parure au dehors brille de l’éclat des franges d’or, et des broderies éclatantes et variées.
A sa suite viendront des chœurs de vierges ; ses compagnes vous seront présentées, ô grand Roi !
Elles seront amenées dans la joie et l’allégresse ; elles seront introduites dans le temple du Roi.
En la place de ces pères de la nation Juive, dont vous avez voulu descendre et qui ne vous ont pas connu, ô Emmanuel ! il vous naîtra des fils d’une nouvelle alliance : vous les établirez princes sur toute la terre.
Ils perpétueront le souvenir de votre Nom, de génération en génération.
C’est pourquoi les peuples vous loueront à jamais, et jusque dans les siècles des siècles.
Ant. Diffusa est gratia in labiis tuis; propterea benedixit te Deus in aeternum.
Ant. La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a béni pour l’éternité.
V. Tamquam sponsus.
R. Dominus procedens de thalamo suo.
V/. Semblable à l’époux,
R/. Le Seigneur est sorti de sa chambre nuptiale.
Le Prêtre commence l’Oraison Dominicale :
Pater noster. Notre Père
Le reste se continue dans le silence, jusqu’à ce que le Prêtre, pour conclure, élève la voix sur les dernières paroles :
V/. Et ne nos inducas in tentationem.
V/. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.
Les Clercs répondent tout d’une voix :
R/. Sed libera nos a malo. Mais délivrez-nous du mal.
Puis, le Prêtre :
Exaudi, Domine Jesu Christe, preces servorum tuorum, et miserere nobis, qui cum Patre et Spiritu Sancto vivis et regnas in saecula saeculorum.
Exaucez, Seigneur Jésus-Christ, les prières de vos serviteurs, et ayez pitié de nous, vous qui vivez et régnez avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles.
On répond : Amen.
Alors un Lecteur se lève, et s’inclinant vers le Prêtre, il dit :
Jubé, Domne, benedicere. Mon Père, veuillez me bénir.
Alors, le Prêtre :
Benedictione perpetua tua benedicat nos Pater aeternus. R/. Amen.
Que le Père éternel nous bénisse d’une éternelle bénédiction. R/. Amen.
Les Leçons du premier Nocturne sont tirées du Prophète Isaïe, que l’Église a lu pendant tout l’Avent. Les Répons qui coupent les Leçons aident les fidèles à se livrer à la joie que la lecture des divins oracles fait naître en eux. à cette heure même où ils vont s’accomplir.
Leçon I. Isaïe, Chap. IX.
Primo tempore alleviata est terra Zabulon, et terra Nephtali: et novíssimo aggravata est via maris trans Jordanem Galilaeae gentium. Populus qui ambulabat in tenebris, vidit lucem magnam: habitantibus in regione umbrae mortis, lux orta est eis. Multiplicasti gentem, et non magnificasti laetítiam. Laetabuntur coram te, sicut qui laetantur in messe, sicut exsultant victores, capta praeda, quando dívidunt spolia. Jugum enim oneris ejus, et virgam humeri ejus, et sceptrum exactoris ejus superasti sicut in die Madian. Quia omnis violenta praedatio cum tumultu, et vestimentum mistum sanguine, erit in combustionem, et cibus ignis. Parvulus enim natus est nobis, et fílius datus est nobis, et factus est principatus super humerum ejus: et vocabitur nomen ejus, Admirabilis, Consiliarius, Deus, Fortis, Pater futuri saeculi, Princeps pacis.
Le Seigneur a d’abord frappé légèrement la terre de Zabulon et la terre de Nephtali ; à la fin, sa main s’est appesantie sur la Galilée des nations qui est le long de la mer, au delà du Jourdain. Mais enfin ce peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et le jour s’est levé sur ceux qui habitaient la région des ombres de la mort. Vous avez agrandi cette nation ; mais cependant vous ne lui avez pas accordé le comble de ses désirs. Les habitants de la Judée, que vous avez secourus, se réjouiront en votre présence comme des moissonneurs joyeux de leur récolte, comme des vainqueurs fiers de leur butin et partageant les dépouilles dans l’allégresse. Car vous avez brisé le joug qui accablait votre peuple, la verge qui déchirait ses épaules, le sceptre de son oppresseur, comme vous fîtes à la journée de Madian. Voici que toutes ces dépouilles enlevées avec violence et dans le tumulte, et les vêtements souillés de sang, seront livrés au feu et deviendront la proie des flammes ; car un petit enfant nous est né, et un fils nous a été donné. Sur son épaule est le signe de la principauté, et il sera appelé l’Admirable, le Conseiller, Dieu, le Fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix.
R. Hodie nobis coelorum Rex de Virgine nasci dignatus est, ut hominem perditum, ad coelestia regna revocaret. * Gaudet exercitus Angelorum: quia salus aeterna humano generi apparuit.
V. Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis. * Gaudet exercitus.
Gloria Patri …
On répète le R/ Hodie nobis coelorum jusqu’au V/. Gloria in excelsis.
BENEDICTIO . Unigenitus Dei Filius nos benedicere et adjuvare dignetur. R/. Amen.
R/. Aujourd’hui le Roi des cieux a daigné naître pour nous d’une vierge , afin de rappeler au royaume céleste l’homme qui en était déchu. * L’armée des Anges est dans la joie ; car le salut éternel a apparu au genre humain.
V/. Gloire à Dieu dans les hauteurs du ciel ; et paix, sur la terre, aux hommes de bonne volonté. * L’armée des Anges. Gloire au Père.
On répète le R/. Aujourd’hui le Roi des cieux, jusqu’au V/. Gloire à Dieu.
BENEDICTION. Que le Fils de Dieu nous daigne aider et secourir ! R/. Amen.
Leçon II. Isaïe, Chap. XLI.
Consolamini, consolamini, populus meus, dicit Deus vester. Loquímini ad cor Jerusalem, et advocate eam: quoniam completa est malítia ejus, dimíssa est iníquitas illíus: suscepit de manu Domini duplícia pro omnibus peccatis suis. Vox clamantis in deserto: Parate viam Domini, rectas facite in solitudine semitas Dei nostri. Omnis vallis exaltabitur, et omnis mons et collis humiliabitur: et erunt prava in directa, et aspera in vias planas. Et revelabitur gloria Domini: et videbit omnis caro pariter quod os Domini locutum est. Vox dicentis: Clama. Et dixi: Quid clamabo? Omnis caro fœnum, et omnis gloria ejus quasi flos agri. Exsiccatum est fœnum, et cecidit flos: quia spíritus Domini sufflavit in eo. Vere fœnum est populus: exsiccatum est fœnum, et cecidit flos: Verbum autem Domini nostri manet in aeternum.
Console-toi, console-toi, mon peuple, dit celui qui est ton Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem, et dites-lui que ses maux sont finis, que son iniquité est par-donnée, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur des bienfaits qui sont doubles de ses péchés. Voix de celui qui crie dans le désert : « Préparez la voie du Seigneur, rendez droits dans la solitude les sentiers de notre Dieu. Que toute vallée soit comblée, toute montagne et toute colline abaissée ; que les chemins tortus deviennent droits ; les raboteux, qu’on les aplanisse. » Et la gloire du Seigneur se révélera ; et toute chair verra au même instant que la bouche du Seigneur a parlé. Une voix m’a dit : Crie, et j’ai dit : Que crierai-je ? Toute chair n’est que de l’herbe, et toute sa gloire ressemble à la fleur des champs. L’herbe s’est desséchée, et la fleures tombée, parce que le Seigneur l’a frappée de son souffle. Oui, les peuples sont comme l’herbe de la prairie ; mais la parole de notre Seigneur demeure éternellement.
R. Hodie nobis de coelo pax vera descendit: * Hodie per totum mundum melliflui facti sunt coeli.
V. Hodie illuxit nobis dies redemptionis novae, reparationis antiquae, felicitatis aeternae. * Hodie per totum mundum melliflui facti sunt coeli.
BENEDICTIO. Spiritus Sancti gratia illuminet sensus et corda nostra. R/. Amen.
R/. Aujourd’hui la paix véritable est descendue du ciel sur nous : * Aujourd’hui, partout l’univers, les cieux ont distillé le miel.
V/. Aujourd’hui a brillé pour nous le jour de la rédemption nouvelle, de l’antique réparation, de l’éternelle félicité. * Aujourd’hui.
BÉNÉDICTION.Que la grâce du Saint-Esprit illumine nos esprits et nos cœurs ! R/. Amen.
Leçon III. Isaïe, Chap. LII.
Consurge, consurge, induere fortitudine tua, Sion, induere vestimentis gloriae tuae, Jerusalem, cívitas sancti: quia non adjíciet ultra ut pertranseat per te incircumcísus, et immundus. Excutere de pulvere, consurge, sede, Jerusalem: solve víncula colli tui, captíva fília Sion. Quia haec dicit Dominus: Gratis venumdati estis, et sine argento redimemini. Quia haec dicit Dominus Deus: In Aegyptum descendit populus meus in princípio, ut colonus esset ibi: et Assur absque ulla causa calumniatus est eum. Et nunc quid mihi est hic, dicit Dominus, quoniam ablatus est populus meus gratis? Dominatores ejus iníque agunt, dicit Dominus: et jugiter tota die nomen meum blasphematur. Propter hoc sciet populus meus nomen meum, in die illa: quia ego ipse qui loquebar, ecce adsum.
Lève-toi, Sion ; lève-toi, revêts-toi ta force ; de pare-toi des vêtements de ta gloire, Jérusalem, cité du Saint ! A l’avenir, l’incirconcis et l’impur ne passeront plus au travers de toi. Sors de la poussière, lève-toi, repose-toi, ô Jérusalem ! Romps les chaînes de ton cou, tille de Sion, trop longtemps captive. Car voici ce que dit le Seigneur : Vous avez été vendus pour rien, et vous serez rachetés sans argent. Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Mon peuple descendit autrefois en Égypte pour habiter ce pays étranger, et Assur l’a depuis opprimé sans aucun sujet. Qu’ai-je donc à faire maintenant, dit le Seigneur, que mon peuple a été enlevé sans aucune raison ? Ses maîtres le traitent avec injustice, dit le Seigneur, et mon Nom est blasphémé tout le jour. C’est pourquoi, il viendra un jour où mon peuple connaîtra mon Nom. Moi qui parlais, me voici.
R. Quem vidistis pastores? dicite, annuntiate nobis, in terris quis apparuit? * Natum vidimus, et choros Angelorum collaudantes Dominum.
V. Dicite, quidnam vidistis? et annuntiate Christi nativitatem. * Natum vidimus.
Gloria. Natum vidimus.
R/. Qui avez-vous vu , bergers ? dites-le-nous ; apprenez-nous quel est Celui qui a paru sur la terre. * Nous avons vu l’Enfant, et les chœurs des Anges qui louaient ensemble le Seigneur.
V/. Dites-nous ce que vous avez vu, et annoncez la naissance du Christ. * Nous avons vu. Gloire au Père. * Nous avons vu.
DEUXIEME NOCTURNE.
Le quatrième Psaume des Matines de Noël est un chant de gloire sur l’Église chrétienne, qui commence aujourd’hui et rassemble dans l’étable de Bethléem les prémices des croyants, dans la personne des bergers. Cette nouvelle Sion qui portera la Cité de Dieu s’élève du côté de l’Aquilon, pour marquer qu’elle sera ouverte aux Gentils. En vain les princes de la terre chercheront, dans leur orgueil et dans leurs calculs, à la renverser. Dieu, qui l’a fondée, la fera triompher ; et seule, elle survivra, dans une jeunesse immortelle, à tous les empires et à toutes les persécutions.
Ant. Suscepimus, Deus, misericordiam tuam in medio templi tui.
Ant. Nous avons ressenti, ô Dieu, votre miséricorde, au milieu de votre temple.
PSAUME XLVII.
Magnus Dominus, et laudabilis nimis * in civitate Dei nostri, in monte sancto ejus.
Fundatur exsultatione universae terrae mons Sion, * latera Aquilonis, cívitas Regis magni.
Deus in domibus ejus cognoscetur: * cum suscípiet eam.
Quoniam ecce reges terrae congregati sunt: * convenerunt in unum.
Ipsi videntes sic admirati sunt, conturbati sunt, commoti sunt: * tremor apprehendit eos.
Ibi dolores ut parturientis: * in spíritu vehementi conteres naves Tharsis.
Sicut audívimus, sic vídimus in civitate Domini virtutum, in civitate Dei nostri: * Deus fundavit eam in aeternum.
Suscepimus, Deus, misericordiam tuam, * in medio templi tui.
Secundum nomen tuum, Deus, sic et laus tua in fines terrae: * justítia plena est dextera tua.
Laetetur mons Sion, et exsultent fíliae Judae: * propter judícia tua, Domine.
Circumdate Sion, et complectímini eam: * narrate in turribus ejus.
Ponite corda vestra in virtute ejus: * et distribuite domus ejus, ut enarretis in progenie altera.
Quoniam hic est Deus, Deus noster in aeternum et in saeculum saeculi: * ipse reget nos in saecula.
Le Seigneur est grand, et digne de toute louange en la cité de notre Dieu, sur sa montagne sainte.
En ce jour, la montagne de Sion est fondée, et s’élève aux acclamations de la terre entière, du côté de l’Aquilon ; c’est la ville du grand Roi.
Dieu résidera dans ses palais ; il la prendra sous sa défense.
Voici que les rois de la terre se sont rassemblés ; ils ont marché ensemble.
Ils ont vu, et ils ont été étonnés ; ils se sont troublés, la frayeur les a saisis, la terreur pèse sur eux.
Ils ressentent des douleurs comme celles de l’enfantement. Seigneur, un vent violent soufflera sur eux, et vous briserez les vaisseaux de Tharsis.
Ce qui nous avait été annoncé, nous l’avons vu, dans la cité du Seigneur des armées, dans la cité de notre Dieu ; celle que Dieu a fondée pour jamais.
Nous avons, ô Dieu, ressenti au milieu de votre temple cette miséricorde qui nous avait apparu en Bethléem.
Comme votre Nom, ainsi votre gloire se répandra jusqu’aux extrémités de la terre ; votre droite est pleine de justice.
Que la montagne de Sion soit dans la joie, et les filles de Juda dans l’allégresse, à la vue de vos jugements, Seigneur !
Faites le tour de Sion, parcourez son enceinte, racontez ses merveilles du haut de ses tours.
Considérez sa force inexpugnable, comptez ses palais, et dites aux générations futures :
Que Dieu est ici, notre Dieu à jamais, pour les siècles des siècles ; il nous régira, notre Pasteur, jusque dans l’éternité.
Ant. Suscepimus, Deus, misericordiam tuam in medio templi tui.
Ant. Nous avons ressenti, ô Dieu, votre miséricorde, au milieu de votre temple.
Le cinquième Psaume prophétise le règne pacifique du Fils de David qui vient racheter le faible, et briser l’oppresseur. Sa venue est douce et silencieuse, comme celle de la rosée. C’est cette nuit même que le sein virginal de Marie nous le produit. Il est cette pluie annoncée par les prophètes à la terre haletante. Son règne sera glorieux et éternel. Bientôt les rois se présenteront à ses pieds avec For de l’Arabie et l’encens de Saba. Lui, en retour, donnera à son peuple, pour le nourrir, le pur froment de son corps, et l’Église sera toujours Bethléem, la Maison du Pain.
Ant. Orietur in diebus Domini abundantia pacis, et dominabitur.
Ant. Sous le règne du Seigneur, la paix sera abondante, et il sera le Roi universel.
PSAUME LXXI.
Deus, judícium tuum regi da: * et justítiam tuam fílio regis.
Judicare populum tuum in justítia, * et pauperes tuos in judício.
Suscípiant montes pacem populo: * et colles justítiam.
Judicabit pauperes populi, et salvos faciet fílios pauperum: * et humiliabit calumniatorem.
Et permanebit cum sole, et ante lunam, * in generatione et generationem.
Descendet sicut pluvia in vellus: * et sicut stillicídia stillantia super terram.
Orietur in diebus ejus justítia, et abundantia pacis: * donec auferatur luna.
Et dominabitur a mari usque ad mare: * et a flumine usque ad terminos orbis terrarum.
Coram illo procident Aethíopes: * et inimíci ejus terram lingent.
Reges Tharsis, et ínsulae munera offerent: * reges Arabum et Saba dona adducent.
Et adorabunt eum omnes reges terrae: * omnes Gentes servient ei:
Quia liberabit pauperem a potente: * et pauperem, cui non erat adjutor.
Parcet pauperi et ínopi: * et animas pauperum salvas faciet.
Ex usuris et iniquitate redimet animas eorum: * et honorabile nomen eorum coram illo.
Et vivet, et dabitur ei de auro Arabiae, et adorabunt de ipso semper: * tota die benedícent ei.
Et erit firmamentum in terra in summis montium, superextolletur super Líbanum fructus ejus: * et florebunt de civitate sicut fœnum terrae.
Sit nomen ejus benedíctum in saecula: * ante solem permanet nomen ejus.
Et benedicentur in ipso omnes tribus terrae: * omnes Gentes magnificabunt eum.
Benedíctus Dominus, Deus Israël, * qui facit mirabília solus.
Et benedíctum nomen majestatis ejus in aeternum: * et replebitur majestate ejus omnis terra: fiat, fiat.
O Dieu ! donnez au Roi votre science du jugement, et à ce Fils du Roi qui naît aujourd’hui, le soin de votre justice,
Pour juger votre peuple dans l’équité, et vos pauvres dans la droiture.
Que les montagnes de votre peuple soient pacifiées ; que les collines reçoivent la justice.
Il régnera, ce Messie, sur les pauvres d’entre le peuple ; il sauvera les fils du pauvre ; il brisera l’oppresseur.
Son règne sur la terre durera autant que le soleil et la lune, de génération en génération.
Il descendra mystérieusement au milieu de la nuit, comme la rosée sur la toison, et comme les gouttes d’une pluie rafraîchissante sur la terre.
Sous son règne, la justice se lèvera avec l’abondance de la paix, aussi longtemps que la lune brillera au ciel.
Et il dominera de la mer à la mer, et du fleuve du Jourdain jusqu’aux confins de la terre.
Devant lui se prosterneront les Ethiopiens, et ses ennemis baiseront la poussière.
Les rois de Tharsis et les insulaires lui offriront des présents ; les Rois d’Arabie et de Saba lui apporteront leurs dons.
Et tous les rois de la terre adoreront cet Enfant, toutes les nations lui seront assujetties :
Car il arrachera le pauvre de la main du puissant, le pauvre qui n’avait point d’appui.
Il sera miséricordieux au genre humain qui est pauvre et indigent, et il s’appellera Jésus, parce qu’il sauvera les âmes de ces pauvres créatures.
Il rachètera ces âmes des usures et de l’injustice de Satan, et il daignera rendre leur nom honorable devant ses propres yeux.
Il vivra, ce Messie, et on lui offrira l’or de l’Arabie, et son règne sera l’objet de tous les vœux au Seigneur ; on le bénira durant tout le jour.
Il est le Pain de vie ; c’est pourquoi, sous son règne, le froment croîtra sur la terre jusqu’au plus aride sommet des montagnes, et son fruit s’élèvera plus haut que les cèdres du Liban ; et les heureux habitants de l’Église, sa cité, fleuriront comme l’herbe de la prairie.
Que son Nom soit béni dans les siècles : ce Nom éternel qui subsistait avant le soleil.
Et toutes les tribus de la terre seront bénies en lui ; toutes les nations chanteront sa gloire.
Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui seul opère de telles merveilles !
Et béni soit à jamais le Nom de sa majesté, et que toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen ! Amen !
Ant. Orietur in diebus Domini abundantia pacis, et dominabitur.
Ant. Sous le règne du Seigneur, la paix sera abondante, et il sera le Roi universel.
Le sixième Psaume est une effusion de reconnaissance pour la bénédiction que vient nous apporter l’Enfant divin. La colère du Tout-Puissant est tombée ; elle s’est dissipée à la vue d’un berceau qui contient Celui qui est à la fois Fils de Dieu et Fils de Marie. Écoutons au fond de nos cœurs la douce parole du nouveau-né. La justice et la paix se donnent le baiser : la Vérité incarnée habite maintenant la terre, et la justice du Père la contemple du haut du ciel.
Ant. Veritas de terra orta est; et justitia de coelo prospexit.
Ant. La Vérité est née aujourd’hui sur la terre, et la Justice a regardé du haut du ciel.
PSAUME LXXXIV.
Benedixísti, Domine, terram tuam: * avertísti captivitatem Jacob.
Remisísti iniquitatem plebis tuae: * operuísti omnia peccata eorum.
Mitigasti omnem iram tuam: * avertísti ab ira indignationis tuae.
Converte nos, Deus, salutaris noster: * et averte iram tuam a nobis.
Numquid in aeternum irasceris nobis? * aut extendes iram tuam a generatione in generationem?
Deus, tu conversus vivificabis nos: * et plebs tua laetabitur in te.
Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam: * et salutare tuum da nobis.
Audiam quid loquatur in me Dominus Deus: * quoniam loquetur pacem in plebem suam.
Et super sanctos suos: * et in eos, qui convertuntur ad cor.
Verumtamen prope timentes eum salutare ipsíus: * ut inhabitet gloria in terra nostra.
Misericordia, et veritas obviaverunt sibi: * justítia, et pax osculatae sunt.
Veritas de terra orta est: * et justítia de coelo prospexit.
Etenim Dominus dabit benignitatem: * et terra nostra dabit fructum suum.
Justítia ante eum ambulabit: * et ponet in via gressus suos.
Seigneur, vous avez béni la terre qui vous appartient ; vous avez fait cesser, en cette nuit, la captivité de Jacob.
Vous avez remis l’iniquité de votre peuple ; vous avez couvert tous ses péchés.
Vous avez apaisé votre colère, vous avez calmé les flots de votre indignation.
Convertissez-nous, ô Dieu, notre Sauveur ; et détournez de nous votre colère.
Père céleste, serez-vous à jamais irrité contre nous ? Étendrez-vous votre colère de génération en génération ?
O Dieu ! vous vous tournerez vers nous, et vous nous rendrez la vie, et votre peuple se réjouira en vous.
Montrez-nous, Seigneur, Celui qui est votre miséricorde , et donnez-nous le Sauveur que vous nous avez promis.
Près de son berceau, j’écouterai ce que dira en moi ce Seigneur Dieu , car il vient adresser des paroles de paix à son peuple,
Et à ses saints, et à ceux qui rentrent en leur cœur, pour se convertir.
Le salut que donne cet Enfant est près de ceux qui le craignent, et sa gloire habitera désormais sur la terre.
Aujourd’hui, en Bethléem, la Miséricorde et la Vérité se sont rencontrées : la Justice et la Paix se sont donné le baiser.
La Vérité s’est trouvée sur la terre, et la Justice a regardé du haut du ciel ;
Car le Seigneur a répandu ses bénédictions, et notre terre a produit son fruit.
La justice marchera devant cet Homme-Dieu, et il conduira ses pas dans la voie droite.
Ant. Veritas de terra orta est; et justitia de coelo prospexit.
Ant. La Vérité est née aujourd’hui sur la terre, et la Justice a regardé du haut du ciel.
Speciosus forma prae filiis hominum.
R. Diffusa est gratia in labiis tuis.
Pater Noster.
V/. Vous surpassez en beauté tous les enfants des hommes :
R/. La grâce, ô Christ, est répandue sur vos lèvres.
Notre Père.
Après le Pater noster, qui se récite comme au premier Nocturne, le Prêtre dit :
Ipsius pietas et misericordia nos adjuvet, qui cum Patre et Spiritu Sancto vivit et regnat in saecula saeculorum. R. Amen.
Qu’il nous secoure par sa bonté et sa miséricorde, Celui qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vit et règne dans les siècles des siècles. R\ Amen.
On ouvre le livre qui contient les Sermons des anciens Pères. Saint Léon le Grand répétera aujourd’hui l’un de ces magnifiques discours qui faisaient tressaillir de joie l’Église romaine au cinquième siècle.
BENEDICTIO. Deus Pater omnipotens sit nobis propitius et clemens. R. Amen.
BENEDICTION. Que le Dieu Père tout-puissant soit pour nous propice et plein de clémence ! R/. Amen.
LEÇON IV
Sermo Sancti Leonis Papae.
Salvator noster, dilectíssimi, hodie natus est: gaudeamus. Neque enim fas est locum esse tristítiae, ubi natalis est vitae: quae, consumpto mortalitatis timore, nobis íngerit de promíssa aeternitate laetítiam. Nemo ab hujus alacritatis participatione secernitur. Una cunctis laetítiae communis est ratio: quia Dominus noster, peccati mortísque destructor, sicut nullum a reatu líberum reperit, ita liberandis omnibus venit. Exsultet sanctus, quia appropínquat ad palmam: gaudeat peccator, quia invitatur ad veniam: animetur Gentílis, quia vocatur ad vitam. Dei namque Fílius secundum plenitudinem temporis, quam divíni consílii inscrutabilis altitudo disposuit, reconciliandam auctori suo naturam generis assumpsit humani, ut inventor mortis diabolus, per ipsam, quam vícerat, vinceretur.
Sermon de S. Léon, Pape.
Notre Sauveur, mes bien-aimés, est né aujourd’hui : réjouissons-nous. Il ne peut y avoir de tristesse au jour où naît la vie, qui, dissipant la crainte de la mort, répand en nos âmes la joie, par la promesse de l’éternité. Il n’y a personne qui n’ait sa part de cette allégresse ; et tous ont un même motif de se réjouir. Car notre Seigneur, destructeur du péché et de la mort, nous trouvant tous assujettis au péché, est venu pour nous affranchir tous. Qu’il tressaille, celui qui est saint ; car la palme approche pour lui. Que le pécheur se réjouisse : voici qu’on l’invite au pardon. Que le Gentil prenne courage ; car il est convié à la vie. En effet, le Fils de Dieu, dans la plénitude des temps fixée par les impénétrables profondeurs du conseil divin, a pris la nature humaine pour la réconcilier avec son auteur, afin que l’inventeur de la mort, le diable, fût vaincu par où il avait triomphé.
R. O magnum mysterium, et admirabile sacramentum! ut animalia viderent Dominum natum jacentem in praesepio: * Beata Virgo, cujus viscera meruerunt portare Dominum Christum.
V. Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum. * Beata Virgo, cujus viscera meruerunt portare Dominum Christum.
R/. O grand mystère ! admirable merveille ! Des animaux ont vu couché dans une crèche le Seigneur nouveau-né : * Heureuse Vierge dont le sein a mérité de porter le Christ Seigneur !
V/. Nous vous saluons. Marie, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous. * Heureuse Vierge.
A Rome, si le chevalier auquel ont été destinés le casque et l’épée, qui ont été bénits avant les Matines par le Souverain Pontife, se trouve présent, c’est lui-même qui doit lire la cinquième Leçon, parce qu’il y est parlé du grand combat du Christ contre le démon, dans le glorieux mystère de l’Incarnation. Pendant le chant du Répons O Magnum mysterium, les maîtres des cérémonies le conduisent aux pieds du Pape, en présence duquel il tire son épée, en touche trois fois la terre avec la pointe, la brandit trois fois d’une façon martiale, et enfin l’essuie sur son bras gauche. Il est ensuite conduit au pupitre, ôte son casque, se revêt du pluvial par-dessus son armure, et lit enfin la Leçon. Telles sont les dispositions du Cérémonial de la sainte Église Romaine, dressé à une époque où la force matérielle aimait à s’incliner devant l’idée morale, où le chevalier bardé de fer attestait qu’il voulait marcher à la suite du Christ, vainqueur de Satan.
BENEDICTIO. Christus perpetuae det nobis gaudia vitae. R. Amen.
BÉNÉDICTION. Le Christ daigne nous octroyer les joies de la vie éternelle ! Amen.
LEÇON V.
In quo conflíctu pro nobis ínito, magno et mirabili aequitatis jure certatum est, dum omnípotens Dominus cum saevíssimo hoste non in sua majestate, sed in nostra congreditur humilitate: objíciens ei eamdem formam, eamdemque naturam, mortalitatis quidem nostrae partícipem, sed peccati totíus expertem. Alienum quippe ab hac nativitate est, quod de omnibus legitur: Nemo mundus a sorde, nec infans, cujus est uníus diei vita super terram. Nihil ergo in istam singularem nativitatem de carnis concupiscentia transívit, nihil de peccati lege manavit. Virgo regia Davidicae stirpis elígitur, quae sacro gravidanda fœtu, divínam humanamque prolem prius concíperet mente, quam corpore. Et ne superni ignara consílii ad inusitatos paveret affatus, quod in ea operandum erat a Spíritu Sancto, colloquio discit angelico: nec damnum credit pudoris, Dei Genitrix mox futura.
En ce combat livré pour nous, c’est avec une grande et admirable loyauté qu’on a combattu, puisque le Seigneur tout-puissant a lutté contre ce cruel ennemi, non dans sa majesté, mais dans l’infirmité de notre chair, et lui a opposé la même forme, la même nature, celle de notre mortalité, mais exempte de tout péché ; car ce qu’on lit de tous les hommes est étranger à cette nativité : « Nul n’est pur de souillure, pas même l’enfant dont la vie n’est encore que d’un jour sur la terre. » Rien de la concupiscence de la chair ne s’est rencontré dans cette naissance merveilleuse ; rien n’y est provenu de la loi du péché. Une Vierge est élue de la tige de David, une Vierge royale qui devant porter en son sein le rejeton sacré , conçut spirituellement l’Homme-Dieu par la foi, avant de le concevoir corporellement. Et de peur que, dans l’ignorance des desseins du ciel, elle ne fût troublée à une si étonnante nouvelle, elle apprend de son entretien avec l’Ange ce que l’Esprit Saint devait opérer en elle ; et celle qui va devenir la Mère d’un Dieu n’a rien à craindre pour sa pudeur.
R. Beata Dei genitrix Maria, cujus viscera intacta permanent: * Hodie genuit Salvatorem saeculi.
V. Beata quae credidit, quoniam perfecta sunt omnia quae dicta sunt ei a Domino. * Hodie genuit Salvatorem saeculi.
R/. Heureuse est Marie, la Mère de Dieu ; son sein n’a rien perdu de sa pureté virginale : * Elle a aujourd’hui enfanté le Sauveur du monde.
V/. Heureuse celle qui a cru ; car s’est accompli en elle tout ce qui lui avait été dit de la part du Seigneur. * Elle a aujourd’hui.
BENEDICTIO. Ignem sui amoris accendat Deus in cordibus nostris. R/. Amen.
Bénédiction. Dieu daigne allumer dans nos cœurs le feu de son amour ! R/. Amen.
LEÇON VI
Agamus ergo, dilectíssimi, gratias Deo Patri, per Fílium ejus in Spíritu Sancto: qui propter multam caritatem suam, qua dilexit nos, misertus est nostri: et cum essemus mortui peccatis, convivificavit nos Christo, ut essemus in ipso nova creatura, novumque figmentum. Deponamus ergo veterem hominem cum actibus suis: et adepti participationem generationis Christi, carnis renuntiemus operibus. Agnosce, o Christiane, dignitatem tuam: et divínae consors factus naturae, noli in veterem vilitatem degeneri conversatione redíre. Memento, cujus capitis et cujus corporis sis membrum. Reminíscere, quia erutus de potestate tenebrarum, translatus es in Dei lumen et regnum.
C’est pourquoi, mes bien-aimés, rendons grâces à Dieu le Père, par son Fils dans le Saint-Esprit : de ce que, nous ayant aimés dans son infinie charité, il a eu pitié de nous ; et comme nous étions morts par les péchés, il nous a vivifiés tous en Jésus-Christ, afin que nous fussions en lui une nouvelle créature et un ouvrage nouveau. Dépouillons donc le vieil homme et ses œuvres ; et admis à participer à la naissance du Christ, renonçons aux œuvres de la chair. Reconnais, ô chrétien, ta dignité, et, devenu participant de la nature divine, garde-toi de retomber, par une conduite indigne de ta grandeur, dans ta bassesse première. Souviens-toi de quel chef et de quel corps tu es membre. N’oublie jamais que, arraché à la puissance des ténèbres, tu as été transporté à la lumière et au royaume de Dieu.
R. Sancta et immaculata Virginitas, quibus te laudibus efferam, nescio: * Quia quem coeli capere non poterant, tuo gremio contulisti.
V. Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui. * Quia quem coeli capere non poterant, tuo gremio contulisti.
Gloria. * Quia quem coeli capere non poterant, tuo gremio contulisti.
R/. O sainte et inviolable Virginité 1 je ne sais point de louanges dignes de vous honorer. * Car vous avez renfermé dans votre sein Celui que les cieux ne peuvent contenir.
V/. Bénie êtes-vous entre les femmes, et béni le fruit de vos entrailles ! * Car vous avez renfermé. Gloire au Père. * Car vous avez renfermé.
TROISIEME NOCTURNE.
Le septième Psaume des Matines de Noël contient les derniers cris du peuple juif vers le Messie libérateur. Juda est tombé sous les coups de la puissance romaine ; le sceptre lui a été enlevé ; Jérusalem est souillée par la présence des Gentils : et cependant le Christ ne paraît pas encore. Le Psaume rappelle au Dieu de Jacob ses promesses, faites à David et à sa race : ce règne éternel qui tarde tant à s’ouvrir, ces oracles prophétiques dont le prompt accomplissement peut seul arrêter les blasphèmes superbes des Gentils. Mais l’heure a sonné ; la Judée et la Gentilité ont assez attendu : c’est à cette heure même que Jéhovah a résolu d’acquitter ses serments.
Ant. Ipse invocabit me, alleluia: Pater meus es tu, alleluia.
Ant. Il me dira, alleluia ! Vous êtes mon Père, alleluia !
PSAUME LXXXVIII.
Misericordias Domini * in aeternum cantabo.
In generationem et generationem * annuntiabo veritatem tuam in ore meo.
Quoniam dixísti: In aeternum misericordia aedificabitur in coelis: * praeparabitur veritas tua in eis.
Disposui testamentum electis meis, juravi David, servo meo: * Usque in aeternum praeparabo semen tuum.
Et aedificabo in generationem et generationem * sedem tuam.
Confitebuntur coeli mirabília tua, Domine, * etenim veritatem tuam in ecclesia sanctorum.
Quoniam quis in nubibus aequabitur Domino: * símilis erit Domino in fíliis Dei?
Deus, qui glorificatur in consílio sanctorum: * magnus et terríbilis super omnes qui in circuitu ejus sunt.
Domine, Deus virtutum, quis símilis tibi? * potens es, Domine, et veritas tua in circuitu tuo.
Tu dominaris potestati maris: * motum autem fluctuum ejus tu mítigas.
Tu humiliasti sicut vulneratum, superbum: * in brachio virtutis tuae dispersísti inimícos tuos.
Tui sunt coeli, et tua est terra, orbem terrae et plenitudinem ejus tu fundasti: * aquilonem, et mare tu creasti.
Thabor et Hermon in nomine tuo exsultabunt: * tuum brachium cum potentia.
Firmetur manus tua, et exaltetur dextera tua: * justítia et judícium praeparatio sedis tuae.
Misericordia et veritas praecedent faciem tuam: * beatus populus, qui scit jubilationem.
Domine, in lumine vultus tui ambulabunt, et in nomine tuo exsultabunt tota die: * et in justítia tua exaltabuntur.
Quoniam gloria virtutis eorum tu es: * et in beneplacito tuo exaltabitur cornu nostrum.
Quia Domini est assumptio nostra, * et Sancti Israël, regis nostri.
Tunc locutus es in visione sanctis tuis, et dixísti: * Posui adjutorium in potente: et exaltavi electum de plebe mea.
Inveni David, servum meum: * oleo sancto meo unxi eum.
Manus enim mea auxiliabitur ei: * et brachium meum confortabit eum.
Nihil profíciet inimícus in eo: * et fílius iniquitatis non apponet nocere ei.
Et concídam a facie ipsíus inimícos ejus: * et odientes eum in fugam convertam.
Et veritas mea, et misericordia mea cum ipso: * et in nomine meo exaltabitur cornu ejus.
Et ponam in mari manum ejus: * et in flumínibus dexteram ejus.
Ipse invocabit me: Pater meus es tu: * Deus meus, et susceptor salutis meae.
Et ego primogenitum ponam illum: * excelsum prae regibus terrae.
In aeternum servabo illi misericordiam meam: * et testamentum meum fidele ipsi.
Et ponam in saeculum saeculi semen ejus: * et thronum ejus sicut dies coeli.
Si autem derelíquerint fílii ejus legem meam: * et in judíciis meis non ambulaverint.
Si justítias meas profanaverint: * et mandata mea non custodíerint:
Visitabo in virga iniquitates eorum: * et in verberibus peccata eorum.
Misericordiam autem meam non dispergam ab eo: * neque nocebo in veritate mea:
Neque profanabo testamentum meum: * et quae procedunt de labiis meis, non faciam írrita.
Semel juravi in sancto meo: Si David mentiar: * semen ejus in aeternum manebit.
Et thronus ejus sicut sol in conspectu meo, * et sicut luna perfecta in aeternum: et testis in coelo fidelis.
Tu vero repulísti et despexísti: * distulísti Christum tuum.
Evertísti testamentum servi tui: * profanasti in terra Sanctuarium ejus.
Destruxísti omnes sepes ejus: * posuísti firmamentum ejus formídinem.
Diripuerunt eum omnes transeuntes viam: * factus est opprobrium vicínis suis.
Exaltasti dexteram deprimentium eum: * laetificasti omnes inimícos ejus.
Avertísti adjutorium gladii ejus: * et non es auxiliatus ei in bello.
Destruxísti eum ab emundatione: * et sedem ejus in terram collisísti.
Minorasti dies temporis ejus: * perfudísti eum confusione.
Usquequo, Domine, avertis in finem: * exardescet sicut ignis ira tua?
Memorare quae mea substantia: * numquid enim vane constituísti omnes fílios hominum?
Quis est homo, qui vivet, et non videbit mortem: * eruet animam suam de manu ínferi?
Ubi sunt misericordiae tuae antíquae, Domine: * sicut jurasti David in veritate tua?
Memor esto, Domine, opprobrii servorum tuorum: * (quod contínui in sinu meo) multarum Gentium.
Quod exprobraverunt inimíci tui, Domine, * quod exprobraverunt commutationem Christi tui.
Benedíctus Dominus in aeternum: * fiat, fiat.
Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur.
Ma bouche annoncera votre vérité dans tous les âges.
Car vous avez dit que votre miséricorde serait éternelle, et que votre vérité demeurerait ferme à jamais dans les cieux.
Vous avez dit : « J’ai fait alliance avec mes élus ; je l’ai juré à David mon serviteur : Je ferai fleurir ta race à jamais,
« Et je fonderai ton trône pour la suite de tous les âges. »
Que les cieux, Seigneur, chantent vos merveilles ; que votre vérité soit exaltée dans l’assemblée des Saints.
Qui sur les nuées du ciel égalera le Seigneur ? qui, parmi les fils de Dieu, sera semblable à Dieu ?
Dieu qui se glorifie dans l’assemblée des Saints ; grand et terrible au-dessus de tout ce qui l’environne !
Seigneur, Dieu des armées, qui est semblable à vous ? vous êtes puissant, Seigneur, et votre vérité ne vous quitte jamais.
Vous dominez l’orgueil de la mer ; vous modérez la fureur de ses flots.
Vous avez abattu le superbe comme un homme blessé à mort ; dans la force de votre bras, vous avez dispersé vos ennemis.
A vous sont les cieux, et à vous la terre ; vous avez formé ce globe et tout ce qu’il renferme ; l’aquilon et la mer, c’est vous qui les avez créés.
Thabor et Hermon tressaillent à votre Nom ; votre bras est tout-puissant.
Votre main est inébranlable ; votre droite paraît avec éclat ; la justice et l’équité sont l’appui de votre trône.
La miséricorde et la vérité marchent devant vous ; heureux le peuple qui sait chanter vos louanges !
Ils marcheront, Seigneur, à la lumière de votre visage ; ils seront dans la joie tout le jour, en votre Nom, et ils seront exaltés dans votre justice ;
Car leur force est votre gloire, et c’est votre bonté qui fait toute notre vigueur ;
C’est le Seigneur qui nous a pris sous sa protection ; c’est le Saint d’Israël, notre Roi.
Vous avez parlé en vision à vos Saints, et vous avez dit : « J’ai déposé mon secours dans un homme puissant ; j’ai exalté celui que j’ai choisi d’entre mon peuple.
« J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai sacré de mon huile sainte.
« Ma main sera son secours, et mon bras le fortifiera.
« L’ennemi n’aura point sur lui l’avantage, et le fils de l’iniquité ne pourra lui nuire.
« J’exterminerai ses ennemis sous ses yeux, et je mettrai en fuite ceux qui le haïssent.
« Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui, et sa puissance s’élèvera en mon Nom.
« J’étendrai sa main gauche sur la mer, et sa droite sur les fleuves.
« Il me dira : Vous êtes mon Père, mon Dieu, mon défenseur, mon salut.
« Et moi, je le ferai mon a premier-né , plus élevé a que tous les rois de la terre.
« Je lui garderai à jamais ma miséricorde ; et mon alliance avec lui sera inviolable ;
« Et j’établirai sa race pour toujours ; et son trône durera autant que les cieux.
« Mais si ses enfants venaient à abandonner ma loi, s’ils ne marchaient plus dans mes préceptes,
« S’ils profanaient mes justices, s’ils ne gardaient pas mes commandements,
« Je visiterai leurs iniquités avec la verge, leurs péchés avec les châtiments.
« Toutefois je ne retirerai point de David ma miséricorde ; et je ne mentirai pas à ma vérité.
« Je ne violerai point mon alliance, et je ne rendrai point vaines les paroles sorties de ma bouche.
« Je l’ai juré une fois par ma sainteté : si je mentais à David !… mais sa race durera éternellement.
« Et son trône brillera devant moi comme le soleil et comme la lune, à jamais ; au ciel, il attestera ma fidélité. »
Ce sont vos paroles, Seigneur ! et cependant vous avez repoussé, vous avez méprisé David, vous avez différé la venue de votre Christ.
Vous avez rompu l’alliance de votre serviteur ; vous avez jeté contre terre son diadème profané.
Vous avez détruit ses remparts, vous avez réduit ses tours à n’être plus que l’objet de ses terreurs.
Tous ceux qui l’ont trouvé sur leur voie ont enlevé ses dépouilles ; il est devenu l’opprobre de ses voisins.
Vous avez élevé le bras de ceux qui l’accablaient, vous avez comblé de joie tous ses ennemis.
Vous avez retiré le secours que vous donniez à ses armes, et vous ne l’avez plus assisté dans ses combats.
Vous lui avez enlevé ses cérémonies qui devaient le rendre saint et pur, et vous avez semé sur la terre les débris de son trône.
Vous avez abrégé les jours de sa durée ; vous l’avez couvert d’ignominie.
Jusques à quand, Seigneur, vous cacherez-vous ? combien de temps encore votre colère sera-t-elle embrasée comme un feu ?
Souvenez-vous combien fragile je suis, moi votre peuple ; est-ce donc en vain que vous avez créé tous les enfants des hommes ?
Quel est l’homme vivant et qui ne verra pas la mort ? qui sauvera sa vie des droits du tombeau ?
Où sont donc, Seigneur, vos antiques miséricordes, que vous aviez jurées à David dans votre vérité ?
Souvenez-vous, Seigneur, de l’opprobre de vos serviteurs, de cet opprobre dont je porte l’amertume en mon sein ; voyez les insultes des gentils.
Oui, Seigneur, vos propres ennemis nous reprochent le retard que vous mettez à envoyer votre Christ
Mais béni soit à jamais le Seigneur ! il vient, ce Christ, en cette nuit même. Amen. Amen.
Ant. Ipse invocabit me, alleluia: Pater meus es tu, alleluia.
Ant. Il me dira, alleluia ! I Vous êtes mon Père, alleluia !
Le huitième Psaume célèbre avec enthousiasme la venue du Seigneur ; il invite tous les peuples à l’adorer, toute la nature à lui rendre hommage. Il vient régner, ce Messie ; il vient raffermir la création tout entière qui s’écroulait : chantons-lui un Cantique nouveau.
Ant. Laetentur coeli, et exsultet terra ante faciem Domini, quoniam venit.
Ant. Que les cieux se réjouissent, que la terre tressaille à la face du Seigneur ; car le
voici qui vient.
PSAUME XCV.
Cantate Domino canticum novum: * cantate Domino, omnis terra.
Cantate Domino, et benedícite nomini ejus: * annuntiate de die in diem salutare ejus.
Annuntiate inter gentes gloriam ejus, * in omnibus populis mirabília ejus.
Quoniam magnus Dominus, et laudabilis nimis: * terríbilis est super omnes deos.
Quoniam omnes dii Gentium daemonia: * Dominus autem coelos fecit.
Confessio, et pulchritudo in conspectu ejus: * sanctimonia et magnificentia in sanctificatione ejus.
Afferte Domino, patriae Gentium, afferte Domino gloriam et honorem: * afferte Domino gloriam nomini ejus.
Tollite hostias, et introíte in atria ejus: * adorate Dominum in atrio sancto ejus.
Commoveatur a facie ejus universa terra: * dícite in Gentibus quia Dominus regnavit.
Etenim correxit orbem terrae qui non commovebitur: * judicabit populos in aequitate.
Laetentur coeli, et exsultet terra: commoveatur mare et plenitudo ejus: * gaudebunt campi, et omnia quae in eis sunt.
Tunc exsultabunt omnia ligna silvarum a facie Domini, quia venit: * quoniam venit judicare terram.
Judicabit orbem terrae in aequitate, * et populos in veritate sua.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau : toute la terre, chantez au Seigneur.
Chantez au Seigneur, et bénissez son Nom ; célébrez à jamais le Sauveur qu’il nous envoie.
Publiez sa gloire parmi les nations, ses merveilles parmi les peuples ;
Car le Seigneur est grand et digne de toute louange, plus redoutable que tous les dieux.
Les dieux des nations sont les démons ; mais c’est le Seigneur qui a fait les cieux.
La gloire et la beauté l’environnent, la sainteté et la splendeur reluisent dans son sanctuaire.
Apportez au Seigneur , familles des nations, apportez au Seigneur l’honneur et la gloire : apportez au Seigneur la gloire due à son Nom.
Prenez vos offrandes, et entrez dans ses parvis ; adorez le Seigneur dans son saint temple.
Que la terre entière tremble devant sa face ; dites parmi les nations : Le Seigneur règne, il règne dans un berceau.
Par son heureuse naissance, il affermit la terre qui ne sera plus ébranlée ; il jugera les peuples dans la justice.
Que les cieux se réjouissent, que la terre tressaille, que la mer s’ébranle, et tout ce qu’elle renferme ; que les champs et tout ce qui les habite soient dans l’allégresse.
Que les arbres des forêts soient dans la joie à la face du Seigneur ; car il vient, il vient sauver et régir la terre.
Il gouvernera l’univers dans sa justice, et les peuples dans sa vérité.
Ant. Laetentur coeli, et exsultet terra ante faciem Domini, quoniam venit.
Ant. Que les cieux se réjouissent, que la terre tressaille à la face du Seigneur ; car le voici qui vient.
Le neuvième Psaume est aussi un Cantique nouveau à la louange du Sauveur qui arrive, et du Seigneur qui nous l’envoie. Jéhovah s’est ressouvenu de ses miséricordes, et bientôt la terre entière verra l’Emmanuel. Faisons retentir cette sainte nuit des bruyants concerts de l’enthousiasme, et prêtons une voix à toute la nature régénérée par l’heureux avènement de son auteur.
Ant. Notum fecit Dominus, alleluia, Salutare suum, alleluia.
Ant. Le Seigneur Seigneur a manifesté, alleluia, le Sauveur promis, alleluia.
PSAUME XCVII.
Cantate Domino canticum novum: * quia mirabília fecit.
Salvavit sibi dextera ejus: * et brachium sanctum ejus.
Notum fecit Dominus salutare suum: * in conspectu Gentium revelavit justítiam suam.
Recordatus est misericordiae suae, * et veritatis suae domui Israël.
Viderunt omnes termini terrae * salutare Dei nostri.
Jubilate Deo, omnis terra: * cantate, et exsultate, et psallite.
Psallite Domino in cíthara, in cíthara et voce psalmi: * in tubis ductílibus, et voce tubae corneae.
Jubilate in conspectu regis Domini: * moveatur mare, et plenitudo ejus: orbis terrarum, et qui habitant in eo.
Flumina plaudent manu, simul montes exsultabunt a conspectu Domini: * quoniam venit judicare terram.
Judicabit orbem terrarum in justítia, * et populos in aequitate.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car il a opéré des prodiges.
En ce jour, sa droite nous sauve, la sainteté de son bras nous délivre.
Le Seigneur a enfin manifesté le Sauveur promis ; il a révélé sa justice aux yeux des nations.
Il s’est souvenu de sa miséricorde et de sa vérité, envers la maison d’Israël.
Toutes les régions de la terre , qui toutes étaient dans l’attente, ont vu le Salut que notre Dieu nous envoie.
Toute la terre, louez Dieu dans la joie ; chantez, tressaillez et jouez des instruments.
Chantez le Seigneur sur la harpe, mêlez ses sons à vos cantiques, avec l’accompagnement des clairons et des trompettes.
Poussez des cris de joie en présence du Seigneur Roi ; que la mer soit émue et tout ce qu’elle contient, la terre et tout ce qui l’habite.
Que les neuves applaudissent, que les montagnes tressaillent à la venue du Seigneur ; car il vient sauver et régir la terre.
Il gouvernera la terre selon la justice et les peuples selon l’équité.
Ant. Notum fecit Dominus, alleluia, Salutare suum, alleluia.
Ant. Le Seigneur a manifesté, alleluia, le Sauveur promis, alleluia.
V. Ipse invocabit me, alleluia.
R. Pater meus es tu, alleluia.
V/. Il me dira, alleluia :
R/. Vous êtes mon Père, alleluia.
Après le Pater noster, qui se récite comme aux deux premiers Nocturnes, le Prêtre dit :
A vinculis peccatorum nostrorum absolvat nos omnipotens et misericors Dominus. R. Amen.
Le Dieu tout-puissant et miséricordieux daigne nous délivrer des liens de nos péchés !
R/. Amen.
On lit ensuite successivement le commencement des divers textes du saint Évangile qui seront lus plus tard en entier, à chacune des trois Messes par lesquelles l’Église honore la Naissance du Sauveur. Les saints Docteurs commentent ces sublimes mystères dans leurs Homélies.
Le premier texte, qui est de saint Luc, est expliqué par saint Grégoire le Grand. Il rapporte l’édit de l’empereur Auguste pour le dénombrement de l’empire romain. Cette septième Leçon, suivant le Cérémonial de la sainte Église Romaine, doit être lue par l’Empereur lui-même, s’il se trouve à Rome, afin d’honorer la puissance impériale dont les décrets, appelant à Bethléem Marie et Joseph, procurèrent l’accomplissement des volontés du Très-Haut, manifestées par les Prophètes. L’Empereur est conduit devant le Pape, comme le chevalier qui a chanté la cinquième Leçon ; on le revêt du pluvial ; deux Cardinaux-Diacres lui ceignent l’épée et l’accompagnent au pupitre. La Leçon étant lue, l’Empereur se présente de nouveau devant le Pontife et lui baise le pied, comme au Vicaire du Christ qu’il vient d’annoncer. Ce cérémonial fut encore observé, en 1468, par l’Empereur Frédéric III, en présence du Pape Paul II.
EVANGELICA lectio sit nobis salus sit nobis salus et protectio. R/. Amen.
BÉNÉDICTION. La Lecture de l’Évangile nous soit salut et protection ! R/. Amen.
Lectio sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. II.
Lecture du saint Évangile selon saint LUC. CHAP. II.
LEÇON VII.
In illo tempore: Exiit edíctum a Caesare Augusto, ut describeretur universus orbis. Et reliqua.
Homilía sancti Gregorii Papae.
Quia, largiente Domino, Missarum solemnia ter hodie celebraturi sumus, loqui diu de evangelica lectione non possumus: sed nos aliquid vel breviter dícere, Redemptoris nostri Natívitas ipsa compellit. Quid est enim, quod nascituro Domino mundus descríbitur, nisi hoc, quod aperte monstratur, quia ille apparebat in carne, qui electos suos adscríberet in aeternitate? Quo contra de reprobis per prophetam dícitur: Deleantur de libro viventium, et cum justis non scribantur. Qui bene etiam in Bethlehem nascitur: Bethlehem quippe domus panis interpretatur. Ipse namque est, qui ait: Ego sum panis vivus, qui de coelo descendi. Locus ergo, in quo Dominus nascitur, domus panis antea vocatus est; quia futurum profecto erat, ut ille ibi per materiam carnis appareret, qui electorum mentes interna satietate refíceret. Qui non in parentum domo, sed in via nascitur: ut profecto ostenderet, quia per humanitatem suam, quam assumpserat, quasi in alieno nascebatur.
En ce temps-là, il sortit un édit de César-Auguste, pour faire le dénombrement de tout l’univers. Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, Pape.
Comme nous devons aujourd’hui , grâce à la bonté du Seigneur, célébrer trois fois les solennels mystères de la Messe, nous ne pouvons vous parler longtemps sur la leçon de l’Évangile. Mais nous devons au moins en dire brièvement quelque chose : la Naissance de notre Rédempteur nous y oblige. Pourquoi donc, au moment de la naissance du Seigneur, ce dénombrement du monde, si ce n’est pour nous faire comprendre que dans la chair apparaissait Celui qui devait enregistrer les élus dans l’éternité ? D’autre part, le Prophète dit des réprouvés : Qu’ils soient rayés du livre des vivants, et ne soient point inscrits avec les justes. De plus, il convient que le Seigneur naisse à Bethléem, d’autant que Bethléem est interprété Maison du Pain. Et en effet, c’est lui qui a dit : « Je suis le Pain vivant descendu du ciel. » Ainsi le lieu où naît le Seigneur a été auparavant appelé Maison du Pain, parce que là devait apparaître dans la chair Celui qui un jour rassasiera intérieurement les âmes de ses élus. Il naît hors de la maison de ses parents, en un voyage, pour montrer qu’en prenant l’humanité, il naissait comme en un lieu étranger.
R. Beata viscera Mariae Virginia, quae portaverunt aeterni Patris Filium, et beata ubera, quae lactaverunt Christum Dominum, * Qui hodie pro salute mundi de Virgine nasci dignatus est.
V. Dies sanctificatus illuxit nobis: venite Gentes, et adorate Dominum. * Qui hodie pro salute mundi de Virgine nasci dignatus est.
R/. Heureuses les entrailles de la Vierge Marie, qui ont porté le Fils du Père éternel, et heureuses les mamelles qui ont allaité le Seigneur Christ, * Qui daigne aujourd’hui, pour le salut du monde, naître du sein d’une Vierge.
V/. C’est un jour vraiment saint que celui qui brille pour nous : venez, nations,
adorez le Seigneur. * Qui daigne aujourd’hui.
Le second texte de l’Évangile, qui fait le sujet de la huitième Leçon, est encore emprunté à saint Luc, et il est commenté par saint Ambroise. C’est le récit de la venue des bergers à l’étable.
BENEDICTIO. Per Évangelica dicta deleantur nostra delicta. R/. Amen.
BÉNÉDICTION. Par les paroles du saint Évangile, nos péchés nous soient remis ! R/. Amen.
LEÇON VIII.
Lectio sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. II.
In illo tempore: Pastores loquebantur ad ínvicem: Transeamus usque Bethlehem, et videamus hoc verbum, quod factum est, quod Dominus ostendit nobis. Et reliqua.
Homilía sancti Ambrosii Epíscopi.
Videte Ecclesiae surgentis exordium: Christus nascitur, et pastores vigilare cœperunt; qui gentium greges, pecudum modo ante viventes, in caulam Domini congregarent, ne quos spiritalium bestiarum per offusas noctium tenebras paterentur incursus. Et bene pastores vígilant, quos bonus pastor informat. Grex ígitur populus, nox saeculum, pastores sunt sacerdotes. Aut fortasse etiam ille sit pastor, cui dícitur: Esto vígilans, et confírma. Quia non solum epíscopos ad tuendum gregem Dominus ordinavit, sed etiam Angelos destinavit.
Leçon du saint Évangile selon saint LUC. Chap. II.
En ce temps-là, les bergers se dirent entre eux : Passons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. Et le reste.
Homélie de saint Ambroise, Évêque.
Considérez les commencements de l’Église naissante : le Christ naît, et déjà les pasteurs veillent, comme pour rassembler dans le bercail du Seigneur les nations qui jusque-là vivaient comme des bêtes ; comme pour les garantir, au milieu des ombres de la nuit, de l’incursion des bêtes spirituelles. Il est bon que les pasteurs veillent, formés qu’ils sont par le bon Pasteur. Ainsi le troupeau, c’est le peuple ; la nuit, c’est le monde ; les bergers sont les Évêques. Sans doute il faut bien qu’il soit pasteur celui à qui il a été dit : « Sois vigilant et confirme les autres » ; mais le Seigneur n’a pas seulement établi les Évêques pour défendre le troupeau, il y a encore destiné ses Anges.
R. Verbum caro factum est, et habitavit in nobis: * Et vidimus gloriam ejus, gloriam quasi Unigeniti a Patre, plenum gratiae et veritatis.
V. Omnia per ipsum facta sunt: et sine ipso factum est nihil. * Et vidimus. Gloria Patri … * Et vidimus.
R/. Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous : * Et nous avons vu sa gloire,sa gloire comme du Fils unique du Père,étant plein de grâce et de vérité.
V/. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien n’a été fait. * Et nous avons vu. Gloire au Père. * Et nous avons vu.
Le troisième texte de l’Évangile, qui fait le sujet de la neuvième Leçon, est le commencement de l’Évangile de saint Jean, et il est expliqué par saint Augustin. C’est la génération éternelle du Verbe.
BENEDICTIO. Verba sancti Évangelii doceat nos Christus Filius Dei. R/. Amen.
BENEDICTION. Le Christ, Fils de Dieu, daigne nous enseigner les paroles du saint Évangile !
R/. Amen.
LEÇON. IX.
Lectio sancti Evangelii secundum Joannem. Cap. I.
In princípio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. Et reliqua.
Homilía sancti Augustíni Epíscopi.
Ne vile aliquid putares quale consuevísti cogitare, cum verba humana soleres audíre, audi quid cogites: Deus erat Verbum. Exeat nunc nescio quis infidelis Arianus, et dicat quia Verbum Dei factum est. Quomodo potest fíeri, ut Verbum Dei factum sit, quando Deus per Verbum fecit omnia? Si et Verbum Dei ipsum factum est: per quod aliud verbum factum est? Si hoc dicis, quia hoc est verbum Verbi, per quod factum est illud; ipsum dico ego unicum Fílium Dei. Si autem non dicis verbum Verbi, concede non factum, per quod facta sunt omnia. Non enim per seípsum fíeri potuit, per quod facta sunt omnia. Crede ergo Evangelístae.
Leçon du saint Évangile selon saint Jean. Chap. I.
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Et le reste.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
Afin que vous n’ayez pas du Verbe une idée basse, comme s’il était question de paroles humaines, écoutez ce qu’il en faut penser : « Le Verbe était Dieu. » Vienne donc je ne sais quel infidèle Arien nous dire : « Le Verbe de Dieu a été fait. » Comment se peut-il que le Verbe de Dieu ait été fait, quand Dieu par ce Verbe a fait toutes choses ? Que si le Verbe de Dieu a été fait, par quel autre Verbe a-t-ilété fait ? Si vous dites qu’il a été fait par un Verbe du Verbe, je prétends à mon tour que cet autre Verbe est l’unique Fils de Dieu. Si vous n’admettez point un Verbe du Verbe, accordez donc qu’il n’a point été fait, Celui par qui tout a été fait Car il n’a pu se faire lui-même Celui par qui tout a été fait. Croyez-en donc à l’Évangéliste.
Les trois Veilles delà nuit sont accomplies, les chants sont épuisés, les oracles prophétiques ont repassé tour à tour sous les yeux des fidèles ; durant tout ce temps, la nuit poursuivait son cours. L’heure approche, l’heure sacrée de qui va nous montrer l’Enfant divin étendu dans la crèche et souriant à sa Mère. A cet instant fortuné, que nos cœurs soient dans la jubilation. Le salut descend du ciel pour nous ; accueillons, avec l’Église, par le Cantique de l’Action de grâces, Celui qui vient combler tous nos désirs, et faisons retentir la nuit de nos plus joyeuses acclamations.
CANTIQUE D’ACTION DE GRACES.
Te Deum laudamus:* te Dominum confitemur.
Te aeternum Patrem; * omnia terra veneratur.
Tibi omnes Angeli; * tibi coeli, ut universae potestates.
Tibi Cherubim et Seraphim: * incessabili voce proclamant
Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus Sabaoth!
Pleni sunt coeli et terra * majestatis gloriae tuae.
Te gloriosus * Apostolorum chorus.
Te Prophetarum * laudabilis numerus.
Te Martyrum candidatus * laudat exercitus.
Te per orbem terrarum * sancta confitetur Ecclesia.
Patrem * immensae majestatis.
Venerandum tuum verum, * et unicum Filium.
Sanctum quoque * Paraclitum Spiritum.
Tu Rex gloriae, * Christe.
Tu Patris, * sempiternus es Filius.
Tu ad liberandum suscepturus hominem, * non horruisti Virginia uterum.
Tu devicto mortis aculeo:* aperuisti credentibus regna coelorum.
Tu ad dexteram Dei sedes: * in gloria Patris.
Judex crederis * esse venturus.
Te ergo quaesumus, tuis famulis subveni, * quos pretioso sanguine redemisti.
Aeterna fac cum sanctis tuis * in gloria numerari.
Salvum fac populum tuum Domine: *et benedic haereditati tuae.
Et rege eos: * et extolle illos usque in aeternum.
Per singulos dies * benedicimus te.
Et laudamus Nomen tuum in saeculum: * et in saeculum saeculi.
Dignare, Domine, die isto,* sine peccato nos custodire.
Miserere nostri, Domine: * miserere nostri.
Fiat misericordia tua Domine super nos, * quemadmodum speravimus in te.
In te Domine speravi: * non confundar in aeternum.
O Dieu ! nous vous louons : O Seigneur ! nous vous glorifions.
Père éternel, la terre entière vous révère.
Tous les Anges, les Cieux et toutes les Puissances,
Les Chérubins et les Séraphins redisent éternellement :
Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu des armées !
Les cieux et la terre sont remplis de la majesté de votre gloire.
Le chœur glorieux des Apôtres,
La troupe vénérable des Prophètes,
La blanche armée des Martyrs, chantent vos louanges.
Par toute la terre, la sainte Église vous célèbre :
Père d’une infinie majesté ;
Et votre véritable et unique Fils, digne de tous les hommages ;
Et l’Esprit Saint, le Consolateur.
Vous êtes le Roi de gloire, ô Christ !
Vous êtes le Fils éternel du Père.
Prenant la nature de l’homme pour le délivrer, vous n’avez pas dédaigné le sein delà Vierge.
Brisant l’aiguillon de la mort, vous avez ouvert aux croyants le royaume des cieux.
Vous êtes assis à la droite de Dieu, dans la gloire du Père.
Vous reviendrez comme juge ; nous le croyons.
Daignez donc secourir vos serviteurs que vous avez rachetés de votre précieux sang.
Faites qu’ils soient comptés parmi vos Saints, dans la gloire éternelle.
Sauvez votre peuple, Seigneur, et bénissez votre héritage.
Régissez-les, protégez-les jusque dans l’éternité.
Chaque jour nous vous bénissons,
Et nous louons votre Nom jusque dans les siècles des siècles.
Daignez, Seigneur, en ce jour, nous conserver sans péché.
Ayez pitié de nous, Seigneur ! ayez pitié de nous.
Que votre miséricorde soit sur nous, Seigneur, comme nous avons espéré en vous.
En vous, Seigneur, j’ai espéré ; je ne serai point confondu éternellement.
Après le Cantique d’action de grâces, l’Église clôt l’Office des Matines par cette Oraison qui résume tous ses vœux dans cette nouvelle Nativité du Fils unique de Dieu.
OREMUS
Concede, quaesumus, omnipotens Deus, ut nos Unigeniti tui nova per carnem nativitas liberet, quos sub peccati jugo vetusta servitus tenet Per eumdem.
PRIONS.
Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que la nouvelle naissance de votre Fils unique nous délivre, nous qu’une antique servitude retient sous le joug du péché. Par le même Jésus-Christ, notre Seigneur, votre Fils, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R/. Amen.
A LA MESSE DE MINUIT.
Il est temps, maintenant, d’offrir le grand Sacrifice, et d’appeler l’Emmanuel : lui seul peut acquitter dignement envers son Père la dette de reconnaissance du genre humain. Sur notre autel, comme au sein de la crèche, il intercédera pour nous ; nous l’approcherons avec amour, et il se donnera à nous.
Mais telle est la grandeur du Mystère de ce jour, que l’Église ne se bornera pas à offrir un seul Sacrifice. L’arrivée d’un don si précieux et si longtemps attendu mérite d’être reconnue par des hommages nouveaux. Dieu le Père donne son Fils à la terre ; l’Esprit d’amour opère cette merveille : il convient que la terre renvoie à la glorieuse Trinité l’hommage d’un triple Sacrifice.
De plus, Celui qui naît aujourd’hui n’est-il pas manifesté dans trois Naissances ? Il naît, cette nuit, de la Vierge bénie ; il va naître, par sa grâce, dans les cœurs des bergers qui sont les prémices de toute la chrétienté ; il naît éternellement du sein de son Père, dans les splendeurs des Saints : cette triple naissance doit être honorée par un triple hommage.
La première Messe honore la Naissance selon la chair. Les trois Naissances sont autant d’effusions de la divine lumière ; or, voici l’heure où le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et où le jour s’est levé sur ceux qui habitaient la région des ombres de la mort. En dehors du temple saint qui nous réunit, la nuit est profonde : nuit matérielle, par l’absence du soleil ; nuit spirituelle, à cause des péchés des hommes qui dorment dans l’oubli de Dieu, ou veillent pour le crime. A Bethléem, autour de l’étable, dans la cité, il fait sombre ; et les hommes qui n’ont pas trouvé de place pour l’Hôte divin, reposent dans une paix grossière ; mais ils ne seront point réveillés par le concert des Anges.
Cependant, à l’heure de la Vierge a senti que le moment suprême est arrivé. Son cœur maternel est tout à coup inondé de délices inconnues ; il se fond dans l’extase de l’amour. Soudain, franchissant par sa toute-puissance les barrières du sein maternel, comme il pénétrera un jour la pierre du sépulcre, le Fils de Dieu, Fils de Marie, apparaît étendu sur le sol, sous les yeux de sa mère, vers laquelle il tend ses bras. Le rayon du soleil ne franchit pas avec plus de vitesse le pur cristal qui ne saurait l’arrêter. La Vierge-Mère adore cet enfant divin qui lui sourit ; elle ose le presser contre son cœur ; elle l’enveloppe des langes qu’elle lui a préparés ; elle le couche dans la crèche. Le fidèle Joseph adore avec elle ; les saints Anges, selon la prophétie de David, rendent leurs profonds hommages à leur Créateur, dans ce moment de son entrée sur cette terre. Le ciel est ouvert au-dessus de l’étable, et les premiers vœux du Dieu nouveau-né montent vers le Père des siècles ; ses premiers cris, ses doux vagissements arrivent à l’oreille du Dieu offensé, et préparent déjà le salut du monde.
Au même moment, la pompe du Sacrifice attire tous les regards des fidèles vers l’autel ; les ministres sacrés s’ébranlent, le prêtre sacrificateur est arrivé aux degrés du sanctuaire. Cependant le chœur chante le cantique d’entrée, l’Introït. C’est Dieu même qui parle ; il dit à son Fils qu’il l’a engendré aujourd’hui. En vain, les nations frémiront dans leur impatience de son joug ; cet enfant les domptera, et il régnera ; car il est le Fils de Dieu.
INTROÏT.
Dominus dixit ad me: Filius meus es tu; ego hodie genui te.
Ps. Quare fremuerunt gentes, et populi meditati sunt inania? V. Gloria Patri. Dominus dixit.
Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils ; je vous ai engendré aujourd’hui.
Ps. Pourquoi les nations ont-elles frémi ? Pourquoi les peuples ont-ils médité des choses vaines ? Gloire au Père. Le Seigneur m’a dit.
Le chant du Kyrie eleison prélude à l’Hymne Angélique, qui éclate bientôt par ces sublimes paroles : Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis ! Unissons nos voix et nos cœurs à cet ineffable concert de la milice céleste. Gloire à Dieu ! paix aux hommes ! Les Anges, nos frères, ont entonné ce cantique ; ils sont là autour de l’autel, comme autour de la crèche, et ils chantent notre bonheur. Ils adorent cette justice qui n’a pas donné de rédempteur à leurs frères tombés, et qui nous envoie pour libérateur le propre Fils de Dieu. Ils glorifient cet abaissement si plein d’amour dans Celui qui a fait l’ange et l’homme, et qui s’incline vers ce qu’il y a de plus faible. Ils nous prêtent leurs voix célestes pour rendre grâces à Celui qui, par un si doux et si puissant mystère, nous appelle, nous humbles créatures humaines, à remplir un jour, dans les chœurs angéliques, les places laissées vacantes par la chute des esprits rebelles. Anges et mortels, Église du ciel, Église de la terre, chantons la gloire de Dieu, la paix donnée aux hommes ; et plus le Fils de l’Éternel s’abaisse pour nous apporter de si grands biens, plus ardemment devons-nous chanter d’une voix : Solus Sanctus, solus Dominus, solus Altissimus, Jesu Christe ! Seul Saint, seul Seigneur, seul Très-Haut, Jésus-Christ !
La Collecte vient ensuite réunir tous les vœux des fidèles :
Oremus
Deus, qui hanc sacratissimam noctem veri luminis fecisti illustratione clarescere: da, quaesumus, ut cujus lucis mysteria in terra cognovimus, ejus quoque gaudiis in coelo perfruamur. Qui tecum.
PRIONS
O Dieu, qui avez illuminé cette nuit sacrée des splendeurs de Celui qui est la vraie lumière ; faites, nous vous en supplions, qu’après avoir connu ici-bas cette lumière mystérieuse, nous puissions jouir, au ciel, des délices dont est la source Celui qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.
EPITRE.
Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Titum. Cap. II.
Carissime, apparuit gratia Dei Salvatoris nostri omnibus hominibus, erudiens nos, ut, abnegantes impietatem et saecularia desideria, sobrie et juste et pie vivamus in hoc saeculo: exspectantes beatam spem, et adventum gloriae magni Dei et Salvatoris nostri Jesu Christi: qui dedit semetipsum pro nobis, ut nos redimeret ab omni iniquitate, et mundaret sibi populum acceptabilem, sectatorem bonorum operum. Haec loquere et exhortare, in Christo Jesu Domino nostro.
Lecture de l’Épître de saint Paul à Tite. Chap. II.
Très cher fils, la grâce de Dieu notre Sauveur a apparu à tous les hommes, pour nous apprendre à renoncer à l’impiété et aux désirs du siècle, et à vivre, en ce monde, avec tempérance, justice et piété ; dans l’attente delà béatitude que nous espérons, et de l’avènement glorieux du grand Dieu notre Sauveur Jésus-Christ, qui s’est livré lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, de nous purifier, et de faire de nous un peuple agréable à ses yeux, et appliqué aux bonnes œuvres. Prêchez ces vérités, et exhortez au nom de Jésus-Christ notre Seigneur.
Il a donc enfin apparu, dans sa grâce et sa miséricorde, ce Dieu Sauveur qui seul pouvait nous arracher aux œuvres de la mort, et nous rendre la vie. Il se montre à tous les hommes, en ce moment même, dans l’étroit réduit de la crèche, et sous les langes de l’enfance. La voilà, cette béatitude que nous attendions de la visite d’un Dieu sur la terre ; purifions nos cœurs, rendons-nous agréables à ses yeux : car s’il est enfant, l’Apôtre vient de nous dire qu’il est aussi le grand Dieu, le Seigneur dont la naissance éternelle est avant tous les temps. Chantons sa gloire avec les saints Anges et avec l’Église.
GRADUEL.
Tecum principium in die virtutis tuae, in splendoribus sanctorum: ex utero ante luciferum genui te.
V. Dixit Dominus Domino meo: sede a dextris meis, donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum.
Alleluia, alleluia.
Dominus dixit ad me: Filius meus es tu, ego hodie genui te. Alleluia
La principauté éclate en vous, au jour éternel de votre puissance, au milieu des splendeurs des Saints : car le Père vous a dit : Je vous ai engendré de mon sein, avant l’étoile du matin.
V/. Celui qui est le Seigneur a dit à son Fils, mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds.
Alleluia, alleluia.
V/. Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils ; je vous ai engendré aujourd’hui. Alleluia.
Évangile.
Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. II.
In illo tempore: exiit edictum a Caesare Augusto, ut describeretur universus orbis. Haec descriptio prima facta est a praeside Syriae Cyrino: et ibant omnes, ut profiterentur singuli in suam civitatem. Ascendit autem et Joseph a Galilaea de civitate Nazareth, in Judaeam, in civitatem David, quae vocatur Bethlehem; eo quod esset de domo et familia David, ut profiteretur cum Maria desponsata sibi uxore praegnante. Factum est autem, cum essent ibi, impleti sunt dies ut pareret. Et peperit filium suum primogenitum, et pannis eum involvit, et reclinavit eum in praesepio; quia non erat eis locus in diversorio. Et pastores erant in regione eadem vigilantes, et custodientes vigilias noctis super gregem suum. Et ecce Angelus Domini stetit juxta illos, et claritas Dei circumfulsit illos, et timuerunt timore magno. Et dixit illis Angelus: Nolite timere: ecce enim evangelizo vobis gaudium magnum, quod erit omni populo: quia natus est vobis hodie Salvator, qui est Christus Dominus, in civitate David. Et hoc vobis signum: Invenietis infantem pannis involutum, et positum in praesepio. Et subito facta est cum Angelo multitudo militiae caelestis, laudantium Deum, et dicentium: Gloria in altissimis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis
La suite du saint Évangile selon saint LUC. Chap. II.
En ce temps-là, on publia un édit de César-Auguste pour faire le dénombrement de toute la terre. Ce fut le premier dénombrement qui fut fait par Cyrinus, gouverneur de la Syrie ; et tous allaient pour se faire enregistrer, chacun dans sa ville. Joseph passa donc aussi de la cité de Nazareth de Galilée, en Judée, dans la cité de David, qui est appelée Bethléem, car il était de la maison et de la famille de David, pour être enregistré avec Marie son épouse, qui était enceinte. Or, il advint, pendant qu’ils étaient en ce lieu, que le temps de ses couches arriva. Et elle enfanta son fils premier-né, et elle l’enveloppa de langes, et le coucha dans une crèche ; car il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie ! Et il y avait dans cette même contrée des bergers qui veillaient la nuit tour à tour pour la garde de leurs troupeaux. Et voici que l’Ange du Seigneur se présenta devant eux, et une clarté divine les environna, et ils furent saisis d’une grande crainte. Et l’Ange leur dit : Ne craignez point ; car voici que je vous annonce une heureuse nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie. Il vous est né aujourd’hui un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David. Et voici le signe auquel vous le reconnaîtrez : vous trouverez un enfant, enveloppé de langes, et couché dans une crèche. Et tout à coup, une troupe nombreuse de l’armée céleste se joignit à l’Ange, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté !
Et nous aussi, ô divin Enfant, nous joignons nos voix à celles des Anges, et nous chantons : Gloire à Dieu ! paix aux hommes ! Cet ineffable récit de votre naissance attendrit nos cœurs, et fait couler nos larmes. Nous vous avons accompagné dans le voyage de Nazareth à Bethléem, nous avons suivi tous les pas de Marie et de Joseph, dans le cours de cette longue route ; nous avons veillé, durant cette sainte nuit, attendant l’heureux moment qui vous montre à nos regards. Soyez loué, ô Jésus, pour tant de miséricorde : soyez aimé, pour tant d’amour. Nos yeux ne peuvent se détacher de cette heureuse crèche qui contient notre salut. Nous vous y reconnaissons tel que vous ont dépeint à nos espérances les saints Prophètes, dont votre Église nous a remis, cette nuit même, les divins oracles sous les yeux. Vous êtes le grand Dieu, le Roi pacifique, l’Époux céleste de nos âmes ; vous êtes notre Paix, notre Sauveur, notre Pain de vie. Que vous offrirons-nous, à cette heure, sinon cette bonne volonté que nous recommandent vos saints Anges ? Formez-la en nous ; nourrissez-la, afin que nous méritions de devenir vos frères par la grâce, comme nous le sommes désormais par la nature humaine. Mais vous faites plus encore dans ce mystère, ô Verbe incarné ! Vous nous y rendez, comme parle votre Apôtre, participants de cette nature divine que vos abaissements ne vous ont point fait perdre. Dans l’ordre de la création, vous nous avez placés au-dessous des Anges ; dans votre incarnation, vous nous faites héritiers de Dieu, et vos propres cohéritiers. Que nos péchés et nos faiblesses ne nous fassent donc pas descendre de ces hauteurs auxquelles vous nous élevez aujourd’hui.
Après l’Évangile, l’Église chante en triomphe le glorieux Symbole de la foi, dans lequel sont racontés tous les mystères de l’Homme-Dieu A ces paroles : Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine, et HOMO FACTUS EST, adorez profondément le grand Dieu qui a pris la forme de sa créature, et rendez-lui par vos plus humbles respects cette gloire dont il se dépouille pour vous. Aux trois Messes d’aujourd’hui, lorsque le chœur est arrivé à ces paroles dans le chant du Symbole, le Prêtre se lève de son siège, et vient rendre gloire, à genoux, au pied de l’autel. Unissez en ce moment vos adorations à celles de toute l’Église représentée par le sacrificateur.
Pendant l’offrande du pain et du vin, l’Église célèbre la joie du ciel et de la terre pour l’arrivée du Seigneur. Encore un peu de temps, et sur cet autel qui ne porte encore que le pain et le vin, nous posséderons le corps et le sang de notre Emmanuel.
OFFERTOIRE.
Laetentur coeli et exsultet terra ante faciem Domini, quoniam venit.
Que les cieux se réjouissent ; que la terre tressaille devant la face du Seigneur : car il est venu.
SECRÈTE.
Accepta tibi sit, Domine, quaesumus, hodiernae festivitatis oblatio; ut, tua gratia largiente, per haec sacrosancta commercia in illius inveniamur forma, in quo tecum est nostra substantia. Qui tecum vivit.
Ayez pour agréable, Seigneur , l’oblation que nous vous présentons dans la solennité d’aujourd’hui ; faites par votre grâce, que, au moyen de ce saint et sacré commerce, nous soyons trouvés semblables à Celui en qui notre substance humaine est unie à votre divinité ; lequel, étant Dieu, vit et règne avec vous.
La Préface vient ensuite réunir les actions de grâces de tous les fidèles, et se termine par l’acclamation au Seigneur trois fois Saint. Au moment de l’élévation des sacrés Mystères, au sein de ce silence religieux durant lequel le Verbe divin descend sur l’autel, ne voyez plus que la crèche de l’Enfant qui tend ses bras vers son Père et vous offre ses caresses, et Marie qui l’adore avec un amour de mère, et Joseph qui verse des pleurs de tendresse, et les saints Anges qui s’anéantissent dans l’étonnement. Donnez votre cœur au nouveau-né, afin qu’il y inspire tous ces sentiments ; demandez lui de venir en vous, et faites-lui place au-dessus de toutes vos affections.
Après la Communion, l’Église, qui vient de s’unir au Dieu-Enfant par la participation de ses Mystères, chante encore une fois la gloire de l’éternelle génération de ce Verbe divin qui est sorti du sein de son Père avant toute créature, et qui, cette nuit, a apparu au monde avant le lever de l’étoile du matin.
COMMUNION.
In splendoribus Sanctorum, ex utero ante luciferum genui te.
Le Seigneur a dit à Celui qui est son Fils : Dans les splendeurs des Saints, je vous ai engendré de mon sein avant le lever de l’étoile du matin.
La sainte Église conclut les supplications de ce premier Sacrifice, en demandant la grâce d’une indissoluble union avec le Sauveur qui a daigné apparaître.
POSTCOMMUNION.
Da nobis, quaesumus, Domine Deus noster, ut qui Nativitatem Domini nostri Jesu Christi mysteriis nos frequentare gaudemus, dignis conversationibus ad ejus mereamur pervenire consortium. Qui tecum.
Faites, nous vous en supplions , Seigneur notre Dieu, que célébrant avec joie la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ par la fréquentation de ces divins Mystères, nous méritions par une vie sainte d’entrer en union parfaite avec lui. Qui vit et règne avec vous, etc.
La nuit miraculeuse poursuit son cours ; le chant du coq se fait entendre. Bientôt l’heure sera venue d’offrir le second Sacrifice, qui doit sanctifier l’aurore. Chaque jour, l’Église est en prière à ce moment qui précède le lever du soleil, et qui rappelle si vivement le mystère du Verbe divin descendu pour illuminer le monde. Cet Office est tout entier consacré à la louange et à la jubilation ; et, pour cette raison, il a reçu le nom de Laudes. Aujourd’hui l’Église l’anticipe, afin de réserver pour l’instant où l’aurore paraîtra au ciel un sacrifice de louange plus complet, plus divin, l’Hostie Eucharistique qui acquitte toutes les dettes de la terre.
L’Office des Laudes est aussi solennel que celui des Vêpres, et présente avec lui de grandes analogies. L’un et l’autre rappellent magnifiquement le divin Soleil de justice, dont les Laudes représentent le lever glorieux, tandis que les Vêpres, nous montrant l’astre du jour à son couchant et la nuit . qui arrive avec ses ombres, engagent nos cœurs à soupirer après le jour éternel qui n’aura point de déclin, et dont l’Agneau est l’immortel flambeau. Les Laudes sont l’encens du matin, comme les Vêpres sont l’encens du soir : les mystères de la journée liturgique s’accomplissent entre ces deux termes solennels.
LES LAUDES DE NOËL.
V/. Deus, in adjutorium meum intende.
R/. Domine, ad adjuvandum me festina.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto ;
Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in saecula saeculorum. Amen. Alleluia.
V/. O Dieu ! venez à mon aide.
R/. Hâtez-vous, Seigneur, de me secourir. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ; Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. Alleluia.
Le premier Psaume des Laudes nous montre le Seigneur dans sa force et son infinie grandeur. Sa naissance merveilleuse vient raffermir la terre ébranlée. Il naît dans le temps ; mais il est avant les siècles. La voix des grandes eaux est imposante ; mais la puissance d’Emmanuel est plus irrésistible que l’Océan dans ses élancements. Marchons en sa présence, dans une sainteté digne de sa Maison qu’il est venu nous ouvrir.
Ant. Quem vidistis pastores? Dicite: annuntiate nobis, in terris quis apparuit? – Natum vidimus, et choros Angelorum collaudantes Dominum, alleluia, alleluia.
Ant. Qui avez-vous vu, bergers ? Dites-le-nous ; apprenez-nous quel est Celui qui a apparu sur la terre ? — Nous avons vu un nouveau-né, et les chœurs des Anges qui louaient le Seigneur. Alleluia ! alleluia.
PSAUME XCII.
Dominus regnavit, decorem indutus est: * indutus est Dominus fortitudinem et praecinxit se.
Etenim firmavit orbem terrae: * qui non commovebitur.
Parata sedes tua ex tunc: * a saeculo tu es.
Elevaverunt flumina, Do mine: * elevaverunt flumina vocem suam.
Elevaverunt flumina fluctus suos: * a vocibus aquarum multarum.
Mirabiles elationes maris: * mirabilis in altis Dominus.
Testimonia tua credibilia facta sunt nimis: * domum tuam decet sanctitudo, Domine, in longitudinem dierum.
Le Seigneur règne, il s’est revêtu de gloire ; le Seigneur s’est revêtu de force, et il s’est armé.
Aujourd’hui, par sa naissance, il affermit la terre : elle ne sera plus ébranlée.
Votre trône, Enfant divin, est préparé dès l’éternité : vous étiez avant les siècles,
Les fleuves, Seigneur, les fleuves ont élevé la voix.
Les fleuves ont élevé leurs vagues, avec le bruit des grandes eaux.
Les élancements de la mer sont puissants ; le Seigneur dans son sanctuaire est plus puissant et plus admirable encore.
Vos témoignages , Seigneur, sont dignes de toute notre foi ; la sainteté doit régner dans l’Église, votre Maison, durant toute la longueur des jours.
Ant. Quem vidistis pastores? Dicite: annuntiate nobis, in terris quis apparuit? – Natum vidimus, et choros Angelorum collaudantes Dominum, alleluia, alleluia.
Ant. Qui avez-vous vu, bergers ! Dites-le-nous ; apprenez-nous quel est Celui qui a apparu sur la terre ? — Nous avons vu un nouveau-né, et les chœurs des Anges qui louaient le Seigneur. Alleluia ! Alleluia !
Le Psaume suivant convoque tous les habitants de la terre à entrer dans la maison du Seigneur, cette Bethléem où éclate en ce moment sa présence. Il est le souverain Pasteur, et nous sommes ses brebis. Bien qu’il soit le Dieu fort, il est doux et miséricordieux : célébrons sa venue dans l’allégresse et la reconnaissance.
Ant. Genuit puerpera regem, cui nomen aeternum, et gaudia matris habens cum virginitatis honore, nec primam similem visa est, nec habere sequentem, alleluia.
Ant. Une jeune mère a enfanté le Roi dont le nom est éternel ; elle unit les joies de la mère à l’honneur de la virginité ; avant elle, on n’a point vu ce prodige ; on ne le verra pas après elle, alleluia.
PSAUME XCIX.
Jubilate Deo omnis terra: * servite Domino in laetitia.
Introite in conspectu ejus: * in exsultatione.
Scitote quoniam Dominus ipse est Deus: * ipse fecit nos, et non ipsi nos.
Populus ejus, et oves pascuae ejus, introite portas ejus in confessione: * atria ejus in hymnis, confitemini illi.
Laudate nomen ejus, quoniam suavis est Dominus; in aeternum misericordia ejus: * et usque in generationem et generationem Veritas ejus.
Jubilez à Dieu, habitants de la terre : servez le Seigneur dans l’allégresse.
Entrez en sa présence, avec des transports de joie.
Sachez que ce Seigneur Enfant, c’est Dieu lui-même : c’est lui qui nous a faits, et non pas nous.
Vous, son peuple, vous les brebis de ses pâturages, entrez sous ses portiques avec des chants de louange ; dans son temple, avec des hymnes, rendez-lui des actions de grâces.
Louez son Nom, car il est doux, ce Seigneur ; sa miséricorde est éternelle, et sa vérité demeure de génération en génération.
Ant. Genuit puerpera regem, cui nomen aeternum, et gaudia matris habens cum virginitatis honore, nec primam similem visa est, nec habere sequentem, alleluia.
Ant. Une jeune mère a enfanté le Roi dont le nom est éternel ; elle unit les joies de la mère à l’honneur de la virginité ; avant elle, on n’a point vu ce prodige ; on ne le verra pas après elle, alleluia.
Les deux Psaumes suivants, que l’Église réunit en un seul, sont le cri de l’âme fidèle vers le Seigneur, au moment où l’aurore paraît au ciel. Dès son réveil, le chrétien a soif du grand Dieu qui l’a créé et qui l’a délivré de ses ennemis. A l’heure où nous sommes, ce Dieu plein de miséricorde est devant nous, dans son berceau ; il vient nous nourrir de sa substance : réjouissons-nous donc en lui. Bientôt, le soleil paraîtra au ciel ; mais déjà l’Agneau, Soleil de justice, nous illumine de ses doux rayons. Qu’il daigne épancher sa lumière sur toutes les nations ; que la terre le bénisse, ce fruit divin qu’elle a produit.
Ant. Angelus ad pastores ait: Annuntio vobis gaudium magnum: quia natus est vobis hodie Salvator mundi, alleluia
Ant. L’Ange dit aux bergers : Je vous annonce une grande joie ; car il vous est né aujourd’hui le Sauveur du monde, alleluia.
PSAUME LXII.
Deus, Deus meus: * ad te de luce vigilo.
Sitivit in te anima mea: * quam multipliciter tibi caro mea.
In terra deserta, et invia, et inaquosa: * sic in sancto apparui tibi, ut viderem virtutem tuam, et gloriam tuam.
Quoniam melior est misericordia tua super vitas: * labia mea laudabunt te.
Sic benedicam te in vita mea: * et in nomine tuo levabo manus meas.
Sicut adipe et pinguedine repleatur anima mea: * et labiis exsultationis laudabit os meum.
Si memor fui tui super stratum meum, in matutinis meditabor in te: * quia fuisti adjutor meus.
Et in velamento alarum tuarum exsultabo, adhaesit anima mea post te: * me suscepit dextera tua.
Ipsi vero in vanum quaesierunt animam meam, introibunt in inferiora terrae:* tradentur in manus gladii, partes vulpium erunt.
Rex vero laetabitur in Deo, laudabuntur omnes qui jurant in eo: * quia obstructum est os loquentium iniqua.
O Dieu ! ô mon Dieu ! je veille vers vous dès le point du jour.
Mon âme a soif de vous, et ma chair se consume pour vous,
Dans cette terre déserte, sans route, et sans eau. Je me présente devant vous, dans votre sanctuaire de Bethléem, pour contempler votre puissance et votre gloire.
Votre miséricorde est pour moi plus douce que la vie ; mes lèvres ne cesseront de faire entendre vos louanges.
Tant que je vivrai, je vous bénirai ; pour invoquer votre Nom, j’élèverai mes mains.
Mon âme s’engraissera de votre substance, ô Pain de vie ! et ma bouche s’ouvrira pour des chants d’allégresse.
Je me souviendrai de vous sur ma couche : dès le matin je penserai à vous, parce que vous m’avez secouru.
Je tressaillirai de joie à l’ombre de vos ailes ; mon âme s’est attachée à vous, votre droite m’a soutenu.
Mes ennemis ont en vain cherché ma ruine : les voilà précipités dans les abîmes de la terre ; ils seront livrés au glaive, et deviendront la proie des bêtes dévorantes.
Le juste délivré, semblable à un Roi, se réjouira en Dieu : tous ceux qui jurent par son Nom recevront des louanges, parce que la bouche de l’iniquité est fermée à jamais.
PSAUME LXVI.
Deus misereatur nostri, et benedicat nobis; * illuminet vultum suum super nos, et misereatur nostri.
Ut cognoscamus in terra viam tuam: * in omnibus gentibus Salutare tuum.
Confiteantur tibi populi Deus: * confiteantur tibi populi omnes.
Laetentur et exsultent gentes: * quoniam judicas populos in aequitate, et gentes in terra dirigis.
Confiteantur tibi populi Deus, confiteantur tibi populi omnes: * terra dedit fructum suum.
Benedicat nos Deus, Deus noster, benedicat nos Deus: * et metuant eum omnes fines terrae.
Que Dieu ait pitié de nous, et qu’il nous bénisse : que du fond de son berceau, l’Enfant divin fasse luire sur nous la lumière de son visage, et qu’il nous envoie sa miséricorde ;
Afin que nous connaissions sur la terre votre voie, ô Emmanuel ! et dans toutes les nations le Salut que vous nous apportez.
Que les peuples vous louent, ô Dieu ! que tous les peuples vous rendent hommage.
Que les nations soient dans la joie et l’allégresse ; car vous jugez les peuples dans l’équité, et vous dirigez les nations sur la terre.
Que les peuples vous louent, ô Dieu ! que tous les peuples vous rendent hommage : aujourd’hui la terre a rendu son fruit.
Que ce Dieu, que notre Dieu nous bénisse ; que ce Dieu nous comble de ses bénédictions, et qu’il soit craint jusqu’aux confins de la terre.
Ant. Angelus ad pastores ait: Annuntio vobis gaudium magnum: quia natus est vobis hodie Salvator mundi, alleluia
Ant. L’Ange dit aux bergers : Je vous annonce une grande joie ; car il vous est né aujourd’hui le Sauveur du monde, alleluia.
Le Cantique, dans lequel les trois enfants de la fournaise de Babylone appelaient toutes les créatures de Dieu à bénir son Nom, est chanté par l’Église dans toutes les solennités, à l’Office des Laudes. Il prête une voix à toute la nature, et convie l’œuvre de Dieu tout entière à louer son auteur : n’est-il pas juste que les cieux et la terre s’unissent aujourd’hui pour rendre hommage au grand Dieu qui vient, par sa présence, relever son œuvre tombée par le péché ?
Ant. Facta est cum Angelo multitudo coelestis exercitus laudantium Deum, et dicentium: Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus house voluntatis, alleluia.
Ant. La multitude de l’armée céleste se joignit à l’Ange, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté, alleluia.
CANTIQUE DES TROIS ENFANTS.
Benedicite omnia opera Domini Domino: * laudate et superexaltate eum in saecula.
Benedicite Angeli Domini Domino: * benedicite coeli Domino.
Benedicite aquae omnes, quae super coelos sunt, Domino: * benedicite omnes virtutes Domini Domino.
Benedicite sol et luna Domino: * benedicite stellae coeli Domino.
Benedicite omnis imber et ros Domino: * benedicite omnes spiritus Dei Domino.
Benedicite ignis et aestus Domino: * benedicite frigus et aestus Domino.
Benedicite rores et pruina Domino: * benedicite gelu et frigus Domino.
Benedicite glacies et nives Domino: * benedicite noctes et dies Domino.
Benedicite lux et tenebrae Domino: * benedicite fulgura et nubes Domino.
Benedicat terra Dominum: * laudet et superexaltet eum in saecula.
Benedicite montes et colles Domino: * benedicite universa germinantia in terra Domino.
Benedicite fontes Domino: * benedicite maria et flumina Domino.
Benedicite cete, et omnia quae moventur in aquis, Domino: * benedicite omnes volucres coeli Domino.
Benedicite omnes bestiae, et pecora Domino: * benedicite filii hominum Domino.
Benedicat Israel Dominum: * laudet et superexaltet eum in saecula.
Benedicite Sacerdotes Domini Domino: * benedicite servi Domini Domino.
Benedicite spiritus et animae Justorum Domino: * benedicite Sancti et humiles corde Domino.
Benedicite Anania, Azaria, Misael Domino: * laudate et superexaltate eum in saecula.
Benedicamus Patrem et Filium cum sancto Spiritu: * laudemus, et superexaltemus eum in saecula.
Benedictus es Domine, in firmamento coeli: * et laudabilis et gloriosus, et superexaltatus in saecula.
Créatures du Seigneur, louez toutes le Seigneur : louez-le et exaltez-le à jamais.
Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur : Cieux, bénissez le Seigneur.
Eaux qui êtes par delà les airs, bénissez le Seigneur : Puissances du Seigneur, bénissez le Seigneur.
Soleil et lune, bénissez le Seigneur : étoiles du ciel, bénissez le Seigneur.
Feux et ardeurs, bénissez le Seigneur : froidures et rigueurs de l’hiver, bénissez le Seigneur.
Brouillards et givres, bénissez le Seigneur ; gelées et frimas, bénissez le Seigneur.
Glaces et neiges, bénissez le Seigneur : nuits et jours, bénissez le Seigneur.
Lumières et ténèbres, bénissez le Seigneur : éclairs et nuages, bénissez le Seigneur.
La terre bénisse le Seigneur : qu’elle le loue et l’exalte à jamais.
Monts et collines, bénissez le Seigneur : herbes et plantes qui germez de la’ terre, bénissez le Seigneur.
Fontaines, bénissez le Seigneur : mers et fleuves, bénissez le Seigneur.
Baleines et tous les habitants des eaux, bénissez le Seigneur : volatiles, bénissez tous le Seigneur.
Bêtes et troupeaux, bénissez tous le Seigneur : enfants des hommes, bénissez le Seigneur.
Israël bénisse le Seigneur : qu’il le loue et l’exalte à jamais.
Prêtres du Seigneur, bénissez le Seigneur : serviteurs du Seigneur , bénissez le Seigneur.
Esprits,et âmes des justes, bénissez le Seigneur : Saints et humbles de cœur, bénissez le Seigneur.
Ananie, Azarie, Misaël, bénissez le Seigneur : louez-le et exaltez-le à jamais.
Bénissons le Père et le Fils avec le Saint-Esprit : louons-le et exaltons-le à jamais.
Vous êtes béni, Seigneur, au firmament du ciel : digne de louange, de gloire et d’honneur à jamais.
Ant. Facta est cum Angelo multitudo coelestis exercitus laudantium Deum, et dicentium: Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis, alleluia.
Ant. La multitude de l’armée céleste se joignit à l’Ange, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté, alleluia.
Ces trois derniers Psaumes que l’Église réunit en un seul, sont aussi les derniers du Psautier. Ils renferment la louange du Seigneur, et convoquent toutes les créatures à le célébrer. Le premier offre un grand rapport avec le Cantique des trois enfants ; le deuxième convie les Saints à chanter le Seigneur qui les a glorifiés et associés à ses justices ; le troisième invite tout ce qui respire à former, en l’honneur de l’Emmanuel, le plus brillant et le plus harmonieux concert.
Ant. Parvulus filius hodie natus est nobis, et vocabitur Deus, Fortis, alleluia, alleluia.
Ant. Aujourd’hui un petit Enfant nous est né, et il sera appelé Dieu, le Fort, alleluia, alleluia.
PSAUME CXLVIII.
Laudate Dominum de coelis: * laudato eum in excelsis.
Laudate eum omnes Angeli ejus: * laudato eum omnes virtutes ejus.
Laudate eum sol et luna: * laudato eum omnes stellae et lumen.
Laudate eum coeli coelorum; * et aquae omnes quae super coelos sunt, laudent nomen Domini.
Quia ipse dixit et facta sunt: * ipse mandavit, et creata sunt.
Statuit ea in aeternum, et in saeculum saeculi: * praeceptum posuit, et non praeteribit.
Laudate Dominum de terra; * dracones et omnes abyssi.
Ignis, grando, nix, glacies, spiritus procellarum: * quae faciunt verbum ejus.
Montes et omnes colles: * ligna fructifera, et omnes cedri.
Bestiae et universa pecora: * serpentes et volucres pennatae.
Reges terrae et omnes populi: * principes, et omnes judices terrae.
Juvenes, et virgines, senes cum junioribus, laudent nomen Domini: * quia exaltatum est nomen ejus solius.
Confessio ejus super coelum et terram: * et exaltavit cornu populi sui.
Hymnus omnibus Sanctis ejus: * filiis Israel, populo appropinquanti sibi.
Louez le Seigneur du haut des cieux : louez-le dans les hauteurs célestes.
Vous tous, ses Anges , louez-le : vous tous qui formez ses armées, louez-le.
Soleil et lune, louez-le : étoiles et lumière, louez-le.
Cieux des cieux, louez-le : eaux qui êtes par delà les airs, louez le Nom du Seigneur ;
Car il a dit, et tout a été fait : il a commandé, et tout a été créé.
Il a établi ses créatures à jamais, et pour les siècles des siècles : il en a porté le décret, et sa parole ne passera pas.
Louez le Seigneur, vous qui êtes sur la terre ; dragons, abîmes des eaux,
Feux, grêle, neige, glaces, souffle des tempêtes, qui obéissez à sa parole ;
Montagnes et collines, arbres fruitiers et cèdres ;
Bêtes et troupeaux ; serpents et volatiles empennés ;
Rois de la terre et tous les peuples ; princes et juges de la terre ;
Jeunes hommes et jeunes filles, vieillards et enfants, louez le Nom du Seigneur : car son Nom seul est grand.
Sa gloire éclate au ciel, et sur la terre, et aujourd’hui il a relevé la puissance de son peuple.
Que sa louange soit dans la bouche de tous ses Saints, des fils d’Israël, du peuple qu’il daigna réunir autour de lui.
PSAUME CXLIX.
Cantate Domino canticum novum: * laus ejus in Ecclesia Sanctorum.
Laetetur Israel in eo, qui fecit eum: * et filii Sion exsultent in rege suo.
Laudent nomen ejus in choro: * in tympano et psalterio psallant ei.
Quia beneplacitum est Domino in populo suo: * et exaltabit mansuetos in salutem.
Exsultabunt Sancti in gloria: * laetabuntur in cubilibus suis.
Exaltationes Dei in gutture eorum: * et gladii ancipites in manibus eorum.
Ad faciendam vindictam in nationibus: * increpationes in populis.
Ad alligandos reges eorum in compedibus: * et nobiles eorum in manicis ferreis.
Ut faciant in eis judicium conscriptum: * gloria haec omnibus Sanctis ejus.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; que sa louange retentisse dans l’Église des Saints.
Que le nouvel Israël se réjouisse en Celui qui l’a l’ait ; que les fils de Sion tressaillent d’allégresse en leur Roi.
Qu’ils louent son Nom dans les chœurs : qu’ils lui chantent des psaumes au son des tambours et de la harpe.
Car le Seigneur aime son peuple avec tendresse ; il glorifiera, il sauvera ceux qui sont humbles comme l’Enfant de Bethléem.
Les Saints tressailliront d’allégresse dans leur gloire ; ils seront comblés de joie sur leurs couches d’honneur.
La louange de Dieu sera dans leur bouche, et le glaive à deux tranchants dans leurs mains,
Pour tirer vengeance des nations, pour châtier les peuples rebelles ;
Pour enchaîner les rois superbes, et contenir les puissants par des liens de fer ;
Pour exercer sur eux le jugement rendu par le Seigneur : telle est la gloire qu’il a réservée à tous ses Saints.
PSAUME CL.
Laudate Dominum in Sanctis ejus: * laudate eum in firmamento virtutis ejus.
Laudate eum in virtutibus ejus: * laudate eum secundum multitudinem magnitudinis ejus.
Laudate eum in sono tubae: * laudate eum in psalterio et cithara.
Laudate eum in tympano et choro: * laudate eum in chordis et organo.
Laudate eum in cymbalis bene sonantibus, laudate eum in cymbalis jubilationis: * omnis spiritus laudet Dominum.
Louez le Seigneur dans son sanctuaire : louez-le au firmament où éclate sa puissance.
Louez-le dans ses merveilles : louez-le à cause de sa grandeur sans bornes.
Louez-le au son de la trompette : louez-le sur le psaltérion et la harpe.
Louez-le sur les tambours et dans les chœurs : louez-le sur les instruments à corde, et dans les concerts.
Louez-le sur les cymbales harmonieuses, louez-le sur les cymbales de l’allégresse : que tout ce qui respire loue le Seigneur.
Ant. Parvulus filius hodie natus est nobis, et vocabitur Deus, Fortis, alleluia, alleluia.
Ant. Aujourd’hui un petit Enfant nous est né, et il sera appelé Dieu, le Fort, alleluia, alleluia.
Le Capitule qui vient ensuite est le début de l’Épître de saint Paul aux Hébreux ; nous le retrouverons avec la suite, à la Messe du Jour.
CAPITULE. (Hebr. I.)
Multifariam, multisque modis olim Deus loquens patribus in Prophetis: novissime diebus istis locutus est nobis in Filio, quem constituit haeredem universorum, per quem fecit et saecula.
R. Deo gratias.
Dieu, qui a parlé autrefois à nos pères, en diverses occasions et en diverses manières, par les Prophètes, nous a parlé en ces derniers temps par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a fait les siècles.
Sédulius, poète chrétien du IV siècle, est l’auteur de la gracieuse Hymne qui suit :
HYMNE.
A solis ortus cardine,
Ad usque terrae limitem,
Christum canamus Principem,
Natum Maria Virgine.
Beatus auctor saeculi
Servile corpus induit :
Ut carne carnem liberans,
Ne perderet quos condidit,
Castae Parentis viscera
Coelestis intrat gratia :
Venter puellae bajulat
Secreta, quae non noverat.
Domus pudici pectoris
Templum repente fit Dei :
Intacta nesciens virum
Concepit alvo Filium.
Enititur puerpera
Quem Gabriel praedixerat,
Quem ventre matris gestiens,
Baptista clausum senserat.
Foeno jacere pertulit :
Praesepe non abhorruit :
Et lacte modico pastus est,
Per quem nec ales esurit.
Gaudet chorus coelestium,
Et Angeli canunt Deo :
Palamque fit pastoribus
Pastor, creator omnium.
Jesu, tibi sit gloria,
Qui natus es de Virgine,
Cum Patre et almo Spiritu,
In sempiterna saecula. Amen.
V/. Notum fecit Dominus, alleluia.
R/. Salutare suum, alleluia.
Du point où se lève le soleil, jusqu’aux limites de la terre, chantons le Christ Roi, né de la Vierge Marie.
Le glorieux auteur du monde revêt un corps de servitude ; par la chair il délivre la chair, il sauve de leur perte ceux qu’il avait créés.
Au sein d’une chaste Mère descend la grâce céleste ; les flancs d’une Vierge ont porté un mystère à elle inconnu.
La demeure d’un sein pudique devient soudain le temple de Dieu ; la Vierge intacte et sans souillure conçoit un Fils dans ses entrailles.
Elle enfante, cette jeune mère, celui qu’annonça Gabriel, celui que Jean, captif encore au sein maternel, salua par ses tressaillements.
Il a eu pour couche un peu de paille ; il n’a pas eu horreur de la crèche ; il s’est nourri d’un peu de lait, lui qui rassasie jusqu’au petit oiseau.
Les chœurs célestes se réjouissent, et les Anges chantent à Dieu ; il se manifeste aux bergers, le Pasteur, créateur de tous.
A vous soit la gloire, ô Jésus ! qui êtes né de la Vierge : gloire au Père et à l’Esprit divin, dans les siècles éternels.
Amen.
V/. Le Seigneur a manifesté, alleluia.
R/. Le Sauveur qu’il avait promis, alleluia.
On entonne ensuite le Cantique de Zacharie, par lequel l’Église salue, chaque matin, le lever du soleil. Il célèbre la visite du Seigneur, l’accomplissement des promesses de Dieu, l’apparition du divin Orient au milieu de nos ténèbres.
Ant. Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis, alleluia, alleluia.
ANT. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, alleluia, alleluia.
CANTIQUE DE ZACHARIE.
Benedictus Dominus Deus Israel: * quia visitavit, et fecit redemptionem plebis suae.
Et erexit cornu salutis nobis: * in domo David pueri sui.
Sicut locutus est per os Sanctorum: * quia a saeculo sunt Prophetarum ejus.
Salutem ex inimicis nostris: * et de manu omnium qui oderunt nos.
Ad faciendam misericordiam cum Patribus nostris: * et memorari testamenti sui sancti.
Jusjurandum quod juravit ad Abraham patrem nostrum: * daturum se nobis.
Ut sine timore de manu inimicorum nostrorum liberati: * serviamus illi.
In sanctitate et justitia coram ipso; * omnibus diebus nostris.
Et tu puer, Propheta Altissimi vocaberis: * praeibis enim ante faciem Domini parare vias ejus.
Ad dandam scientiam salutis plebi ejus: * in remissionem peccatorum eorum.
Per viscera misericordiae Dei nostri: * in quibus visitavit nos, Oriens ex alto.
Illuminare his qui in tenebris et in umbra mortis sedent: * ad dirigendos pedes nostros in viam pacis.
Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël ; car aujourd’hui il a visité et racheté son peuple.
Et il nous a suscité un puissant Sauveur, dans la maison de David, son serviteur ;
Comme il l’avait promis parla bouche de ses Saints, de ses Prophètes, qui ont prédit dans les siècles passés,
Qu’il nous sauverait de nos ennemis, et de la main de tous ceux qui nous haïssent ;
Qu’il ferait la miséricorde promise à nos pères, et se souviendrait de son alliance sainte,
Du serment par lequel il avait juré à Abraham notre père de faire, dans sa bonté,
Que, délivrés de la main de nos ennemis, nous le puissions servir sans crainte,
Dans la sainteté et la justice, marchant devant lui tous les jours de notre vie.
Et vous, petit Enfant, Précurseur de l’Emmanuel, vous serez appelé Prophète du Très-Haut ; car vous marcherez devant la face du Seigneur,
Pour préparer ses voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut que le Messie apporte, aujourd’hui qu’il vient remettre leurs péchés,
Par les entrailles de la miséricorde de ce Sauveur notre Dieu, ce divin Orient, qui s’est levé sur nous du haut du ciel,
Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix.
Ant. Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonae voluntatis, alleluia, alleluia.
Ant. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté,alleluia, alleluia.
COLLECTE .
Concede, quaesumus, omnipotens Deus, ut nos Unigeniti tui nova per carnem Nativitas liberet, quos sub peccati jugo vetusta servitus tenet. Per eumdem.
Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que la nouvelle Naissance de votre Fils unique nous délivre, nous qu’une antique servitude retient sous le joug du péché ; par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
LA MESSE DE L’AURORE.
L’Office des Laudes est achevé, les cantiques de réjouissance par lesquels l’Église remercie le Père des siècles de ce qu’il a fait lever son Soleil de justice sont épuisés : il est temps d’offrir le second Sacrifice, le Sacrifice de l’aurore. La sainte Église a glorifié, par la première Messe, la naissance temporelle du Verbe, selon la chair ; à cette heure, elle va honorer une seconde naissance du même Fils de Dieu, naissance de grâce et de miséricorde, celle qui s’accomplit dans le cœur du chrétien fidèle.
Voici que, dans ce moment même, des bergers invités par les saints Anges arrivent en hâte à Bethléem ; ils se pressent dans l’étable, trop étroite pour contenir leur foule. Dociles à l’avertissement du ciel, ils sont venus reconnaître le Sauveur qu’on leur a dit être né pour eux. Ils trouvent toutes choses telles que les Anges les leur ont annoncées. Qui pourrait dire la joie de leur cœur, la simplicité de leur foi ? Ils ne s’étonnent point de rencontrer, sous les livrées d’une pauvreté pareille à la leur, Celui dont la naissance émeut les Anges mêmes. Leurs cœurs ont tout compris ; ils adorent, ils aiment cet Enfant. Déjà ils sont chrétiens : l’Église chrétienne commence en eux ; le mystère d’un Dieu abaissé est reçu dans les cœurs humbles. Hérode cherchera à faire périr l’Enfant ; la Synagogue frémira ; ses docteurs s’élèveront contre Dieu et contre son Christ ; il mettront à mort le libérateur d’Israël ; mais la foi demeurera ferme et inébranlable dans l’âme des bergers, en attendant que les sages et les puissants s’abaissent à leur tour devant la crèche et la croix.
Que s’est-il donc passé au cœur de ces hommes simples ? Le Christ y est né, il y habite désormais par la foi et l’amour. Ils sont nos pères dans l’Église ; et c’est à nous de leur devenir semblables. Appelons donc, à notre tour, le divin Enfant dans nos âmes ; faisons-lui place, et que rien ne lui ferme plus l’entrée de nos cœurs. C’est pour nous aussi que parlent les Anges, c’est à nous qu’ils annoncent l’heureuse nouvelle ; le bienfait ne doit pas s’arrêter aux seuls habitants des campagnes de Bethléem. Or, afin d’honorer le mystère de la venue silencieuse du Sauveur dans les âmes, le Prêtre va tout à l’heure remonter au saint autel, et présenter, pour la seconde fois, l’Agneau sans tache aux regards du Père céleste qui l’envoie.
Que nos yeux soient donc fixés sur l’autel, comme ceux des bergers sur la crèche ; cherchons-y, comme eux, l’Enfant nouveau-né, enveloppé de langes. En entrant dans l’étable, ils ignoraient encore Celui qu’ils allaient voir ; mais leurs cœurs étaient préparés. Tout à coup ils l’aperçoivent, et leurs yeux s’arrêtent sur ce divin Soleil. Jésus, du fond de la crèche, leur envoie un regard de son amour ; ils sont illuminés, et le jour se fait dans leurs cœurs. Méritons qu’elle s’accomplisse en nous, cette parole du prince des Apôtres : « La lumière luit dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à briller, et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs. » (II Petr. I, 19.)
Nous y sommes arrivés, à cette aurore bénie ; il a paru, le divin Orient que nous attendions, et il ne se couchera plus sur notre vie : car nous voulons craindre par-dessus tout la nuit du péché dont il nous délivre. Nous sommes les enfants de la lumière et les fils du jour (I Thess. V , 5) ; nous ne connaîtrons plus le sommeil de la mort ; mais nous veillerons toujours, nous souvenant que les bergers veillaient quand l’Ange leur parla, et que le ciel s’ouvrit sur leurs têtes. Tous les chants de cette Messe de l’Aurore vont nous redire la splendeur du Soleil de justice ; goûtons-les comme des captifs longtemps enfermés dans une prison ténébreuse, aux yeux desquels une douce lumière vient rendre la vue. Il resplendit, au fond de la crèche, ce Dieu de lumière ; ses divins rayons embellissent encore les augustes traits de la Vierge-Mère qui le contemple avec tant d’amour ; le visage vénérable de Joseph en reçoit aussi un éclat nouveau ; mais ces rayons ne s’arrêtent pas dans l’étroite enceinte de la grotte. S’ils laissent dans ses ténèbres méritées l’ingrate Bethléem, ils s’élancent par le monde entier, et allument dans des millions de cœurs un amour ineffable pour cette Lumière d’en haut qui arrache l’homme à ses erreurs et à ses passions, et l’élève vers la sublime fin pour laquelle il a été créé.
Mais, ace moment, la sainte Église, au milieu de tous ces mystères du Dieu incarné, nous présente, au sein même de l’humanité, un autre objet d’admiration et d’allégresse. Au souvenir si cher et si glorieux de la Naissance de l’Emmanuel, elle unit, dans ce Sacrifice de l’Aurore, la mémoire solennelle d’une de ces âmes courageuses qui ont su conserver la Lumière du Christ, en dépit de tous les assauts des ténèbres. Elle honore, à cette heure même, une pieuse veuve romaine qui, en ce jour de la naissance du Rédempteur, naquit à la vie céleste, par la croix et la souffrance, sous la persécution de Dioclétien.
Anastasie, épouse d’un Romain nommé Publius, eut beaucoup à souffrir de la brutalité de ce païen, qui s’irritait de sa générosité envers les serviteurs de Dieu. Après de cruels traitements endurés avec patience, elle fut enfin affranchie du joug qui l’accablait ; mais s’étant vouée à la visite et au soulagement des confesseurs de la foi qui remplissaient les prisons de Rome durant cette affreuse persécution, elle fut arrêtée elle-même comme chrétienne, liée à un poteau et brûlée vive. Son Église, à Rome, bâtie sur l’emplacement de sa maison, est le lieu de la Station pour la Messe de l’Aurore ; et autrefois le Souverain Pontife y venait célébrer cette seconde Messe. Léon XII l’a encore pratiqué en ce siècle.
Admirons ici la délicatesse maternelle de la sainte Église, qui, voulant associer le nom d’une sainte à la gloire de cette solennité dans laquelle triomphe si merveilleusement la virginité de Marie, a choisi de préférence une sainte veuve, afin de montrer que l’état du mariage, quoique inférieur en sainteté et en dignité à celui de la continence, n’est cependant pas déshérité des bénédictions que le divin enfantement a méritées à la terre. En ce même jour, une vierge, sainte Eugénie, a souffert à Rome un cruel et courageux martyre, sous la persécution de Gallien ; cependant, l’épouse de Publius, Anastasie, a été préférée. Cette attention, si pleine d’intelligence maternelle de la part de l’Église, rappelle tout naturellement ces belles paroles de saint Augustin dans son IXe Sermon pour la fête de Noël :
« Triomphez, vierges du Christ : la Mère du Christ est votre compagne. Vous n’avez pas enfanté le Christ ; mais, pour le Christ, vous avez renoncé aux douceurs delà maternité ; Celui qui n’est pas né de vous, est né pour vous. Cependant, si vous vous souvenez de sa parole, n’êtes-vous pas vous-mêmes ses propres mères, puisque vous faites la volonté de son Père ? car il a dit : Celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère.
« Triomphez, veuves du Christ ; car vous avez voué une sainte continence à Celui qui a rendu féconde la virginité. Triomphez aussi, chasteté nuptiale, vous toutes qui vivez dans la fidélité à vos époux ; ce que vous perdez selon la chair, vous le gardez dans votre cœur. Que votre conscience demeure vierge, par cette foi qui fait que l’Église est vierge tout entière. Le Christ est Vérité, Paix et Justice : concevez-le par la foi, enfantez-le par les œuvres ; ce que le sein de Marie a fait pour la chair du Christ, que votre cœur le fasse pour la loi du Christ. Comment n’auriez-vous pas votre part dans l’enfantement de la Vierge, puisque vous êtes les membres du Christ ? Marie a enfanté Celui qui est le Chef ; l’Église vous a enfantées, vous qui êtes les membres. Car elle aussi est mère et vierge : mère par ses entrailles de charité, vierge par l’intégrité de la foi et de la piété. »
Mais il est temps de lever les yeux vers le saint autel, où le Sacrifice commence. L’Introït célèbre le lever du divin Soleil. L’éclat de son aurore annonce déjà les splendeurs de son Il a en partage la force et la beauté ; ils s’est armé pour sa victoire, et son nom est le Prince de la Paix.
INTROÏT.
Lux fulgebit hodie super nos; quia natus est nobis Dominus: et vocabitur Admirabilis, Deus, Princeps pacis, Pater futuri saeculi; cujus regni non erit finis.
Ps. Dominus regnavit, decorem indutus est: indutus est Dominus fortitudinem, et praecinxit se. V. Gloria Patri. Lux fulgebit.
La lumière brillera aujourd’hui sur nous ; car le Seigneur nous est né, et il sera appelé l’Admirable, Dieu, le Prince de la Paix, le Père du siècle futur, dont le règne n’aura point de fin. Ps. Le Seigneur règne, il s’est revêtu de beauté ; le Seigneur s’est revêtu de force, et il s’est armé. Gloire au Père. La lumière.
La prière de l’Église, en cette Messe de l’Aurore, est pour implorer l’effusion des rayons du Soleil de justice sur lésâmes, afin qu’elles deviennent fécondes en œuvres de lumière, et que les anciennes ténèbres ne reparaissent plus.
COLLECTE.
Da nobis, quaesumus, omnipotens Deus, ut qui nova incarnati Verbi tui luce perfundimur, hoc in nostro resplendeat opere, quod per fidem fulget in mente. Per eumdem.
Dieu tout-puissant, qui daignez nous inonder de la nouvelle lumière de votre Verbe en son incarnation ; daignez faire resplendir en nos œuvres ce même éclat qui, par la foi, illumine nos âmes. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.
Mémoire de sainte Anastasie.
Da, quaesumus, omnipotens Deus, ut qui beatae Anastasiae, Martyris tuae, solemnia colimus, ejus apud te patrocinia sentiamus. Per Dominum.
Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que nous ressentions auprès de vous les effets de l’intercession de la bienheureuse Anastasie, votre Martyre, dont nous célébrons la solennelle mémoire. Par notre Seigneur.
ÉPÎTRE.
Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Titum. Cap. III.
Carissime: apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei: non ex operibus justitiae, quae fecimus nos; sed secundum suam misericordiam salvos nos fecit per lavacrum regenerationis, et renovationis Spiritus Sancti, quem effudit in nos abunde per Jesum Christum Salvatorem nostrum: ut justificati gratia ipsius, haeredes simus secundum spem vitae aeternae, in Christo Jesu Domino nostro.
Lecture de l’Épître du bienheureux Paul, Apôtre, à Tite. Chap. III.
Très cher fils, la bénignité et l’humanité de Dieu notre Sauveur ont apparu. Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous eussions faites, mais à cause de sa miséricorde, par l’eau de la régénération et du renouvellement du Saint-Esprit, qu’il a répandu sur nous abondamment par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions les héritiers de la vie éternelle, selon l’espérance que nous en avons en Jésus-Christ notre Seigneur.
Le Soleil qui s’est levé sur nous, c’est un Dieu Sauveur, dans toute sa miséricorde. Nous étions loin de Dieu, dans les ombres de la mort ; il a fallu que les divins rayons descendissent jusqu’au fond de l’abîme où le péché nous avait précipités ; et voilà que nous en sortons régénérés, justifiés, héritiers de la vie éternelle. Qui nous séparera maintenant de l’amour de cet Enfant ? Voudrions-nous rendre inutiles les merveilles d’un amour si généreux, et redevenir encore les esclaves des ténèbres de la mort ? Gardons bien plutôt l’espérance de la vie éternelle, à laquelle de si hauts mystères nous ont initiés.
GRADUEL.
Benedictus qui venit in nomine Domini: Deus Dominus, et illuxit nobis.
V. A Domino factum est istud, et est mirabile in oculis nostris.
Alleluia, alleluia.
V. Dominus regnavit, decorem induit: induit Dominus fortitudinem, et praecinxit se virtute. Alleluia.
Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur : c’est le Seigneur Dieu, et sa lumière s’est levée sur nous.
V/. C’est l’ouvrage du Seigneur, la merveille qui éclate à nos yeux.
Alleluia, alleluia.
V/. Le Seigneur règne, il s’est revêtu de beauté ; le Seigneur s’est revêtu de force, et il s’est armé. Alleluia.
ÉVANGILE.
Sequentia sancti Evangelii secundum Lucam. Cap. II.
In illo tempore: Pastores loquebantur ad invicem: Transeamus usque Bethlehem, et videamus hoc verbum quod factum est, quod Dominus ostendit nobis. Et venerunt festinantes; et in venerunt Mariam et Joseph, et infantem positum in praesepio. Videntes autem cognoverunt de verbo quod dictum erat illis de puero hoc. Et omnes qui audierunt, mirati sunt, et de his quae dicta erant a pastoribus ad ipsos. Maria autem conservabat omnia verba haec, conferens in corde suo. Et reversi sunt pastores glorificantes et laudantes Deum in omnibus quae audierant et viderant, sicut dictum est ad illos.
La suite du saint Évangile selon saint LUC. Chap. II.
En ce temps-là, les bergers se dirent l’un à l’autre : Passons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé et ce que le Seigneur nous a fait connaître. Et ils vinrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’Enfant couché dans la crèche. Et l’ayant vu, ils connurent la vérité de ce qui leur avait été dit sur cet Enfant. Et tous ceux qui en ouïrent parler furent dans l’admiration de ce qui leur avait été rapporté par les bergers. Or, Marie conservait toutes ces choses en elle-même, les repassant dans son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues, selon qu’il leur avait été dit.
Imitons l’empressement des bergers à aller trouver le nouveau-né. A peine ont-ils entendu la parole de l’Ange, qu’ils partent sans aucun retard, et se rendent à l’étable. Arrivés en présence de l’Enfant, leurs cœurs déjà préparés le reconnaissent ; et Jésus, par sa grâce, prend naissance en eux. Ils se réjouissent d’être petits et pauvres comme lui ; ils sentent qu’ils lui sont unis désormais, et toute leur conduite va rendre témoignage du changement qui s’est opéré dans leur vie. En effet, ils ne se taisent pas, ils parlent de l’Enfant, ils s’en font les apôtres ; et leur parole ravit d’admiration ceux qui les entendent. Glorifions avec eux le grand Dieu qui, non content de nous appeler à son admirable lumière, en a placé le foyer dans notre cœur, en s’unissant à lui. Conservons chèrement en nous le souvenir des mystères de cette grande nuit, à l’exemple de Marie, qui repasse sans cesse dans son très saint Cœur les simples et sublimes événements qui s’accomplissent par elle et en elle.
Pendant l’offrande des dons sacrés, l’Église relève la puissance de l’Emmanuel, qui, pour raffermir ce monde déchu, s’est abaissé jusqu’à n’avoir, pour former sa cour, que d’humbles bergers, mais qui n’en est pas moins assis sur son trône de gloire et de divinité, à jamais, et avant tous les siècles.
OFFERTOIRE.
Deus firmavit orbem terrae, qui non commovebitur: parata sedes tua, Deus, ex tunc; a saeculo tu es.
Dieu a affermi la terre : elle ne sera plus ébranlée. Votre trône, ô Dieu ! est établi dès l’éternité ; vous êtes avant tous les temps.
SECRETE.
Munera nostra, quaesumus, Domine, Nativitatis hodiernae mysteriis apta proveniant, et pacem nobis semper infundant: ut, sicut homo genitus idem refulsit et Deus; sic nobis haec terrena substantia conferat quod divinum est. Per eumdem.
Faites, Seigneur, que nos offrandes soient convenables aux mystères de la Nativité d’aujourd’hui ; afin que, comme votre Fils, naissant homme, a fait en même temps éclater sa lumière divine, ainsi cette substance terrestre nous communique ce qui est divin. Par le même Seigneur.
Mémoire de sainte Anastasie.
Accipe, quaesumus, Domine, munera dignanter oblata: et beatae Anastasiae, martyris tuae, suffragantibus meritis, ad nostrae salutis auxilium provenire concede. Per Dominum.
Recevez favorablement , Seigneur, les dons que nous vous offrons, et par le suffrage des mérites de la bienheureuse Anastasie, votre Martyre, daignez faire qu’ils deviennent un secours pour notre salut. Par notre Seigneur.
Après la communion du Prêtre et du peuple, la sainte Église, tout illuminée de la douce lumière de son Époux auquel elle vient de s’unir, s’applique à elle-même ces paroles du Prophète Zacharie annonçant la venue du Roi Sauveur.
COMMUNION.
Exsulta, filia Sion; lauda, filia Jerusalem: ecce Rex tuus venit Sanctus, et Salvator mundi.
Réjouis-toi, fille de Sion ; chante des cantiques , fille de Jérusalem : voici ton Roi qui vient à toi, le Saint et le Sauveur du monde.
POSTCOMMUNION.
Hujus nos, Domine, sacramenti semper novitas natalis instauret: cujus nativitas singularis humanam repulit vetustatem. Per eumdem Dominum.
Faites, Seigneur, que nos âmes soient régénérées par la nouvelle naissance de Celui qui se donne en ce Sacrement, et dont l’admirable Nativité a détruit le vieil homme. Par le même Seigneur.
Mémoire de sainte Anastasie.
Satiasti, Domine, familiam tuam muneribus sacris: ejus, quaesumus, interventione nos refove, cujus solemnia celebramus. Per Dominum.
Seigneur, vous avez rassasié votre famille de vos dons sacrés ; ranimez-vous, s’il vous plaît, par l’intercession de celle dont nous célébrons la solennité. Par notre Seigneur.
Le second Sacrifice achevé, et la Naissance de grâce ayant été célébrée par cette nouvelle immolation de l’immortelle victime, les fidèles se retirent de l’église, et vont réparer leurs forces par le sommeil, en attendant la célébration du troisième Sacrifice.
Dans l’étable de Bethléem, Marie et Joseph veillent auprès de la crèche. La Vierge-Mère prend respectueusement dans ses bras le nouveau-né et lui présente le sein. Le Fils de l’Éternel, comme un simple mortel, s’abreuve à cette source de la vie. Saint Ephrem essaye de nous initier aux sentiments qui se pressent alors dans l’âme de Marie, et il nous traduit ainsi son langage : « Par quelle faveur ai-je enfanté Celui qui étant simple se multiplie partout, Celui que je tiens petit dans mes bras et qui est si grand, Celui qui est à moi ici tout entier, et qui tout entier est aussi en tous lieux ? Le jour où Gabriel descendit vers ma faiblesse, de servante que j’étais, je devins princesse. Toi, le Fils du Roi, tu fis de moi tout à coup la fille de ce Roi éternel. Humble esclave de ta divinité, je devins la mère de ton humanité, ô mon seigneur et mon fils ! De toute la descendance de David, tu es venu choisir cette pauvre jeune fille et tu l’as entraînée jusque dans les hauteurs du ciel où tu règnes. Oh ! quelle vue ! un enfant plus ancien que le monde ! son regard cherche le ciel ; ses lèvres ne s’ouvrent pas ; mais dans ce silence, c’est avec Dieu qu’il converse. Cet œil si ferme n’indique-t-il pas Celui dont la Providence gouverne le monde ? Et comment osé-je lui donner mon lait, à lui qui est la source de tous les êtres ? comment lui servirai-je la nourriture, à lui qui alimente le monde entier ? comment pourrai-je manier ces langes qui enveloppent Celui qui est revêtu de la lumière 1 ? »
Le même saint Docteur du ive siècle nous montre saint Joseph remplissant auprès de l’Enfant divin les touchants devoirs du père. Il embrasse, dit-il, le nouveau-né, il lui prodigue ses caresses, et il sait que cet enfant est un Dieu. Hors de lui, il s’écrie : « D’où me vient cet honneur que le Fils du Très-Haut me soit ainsi donné pour fils ? O enfant, je fus alarmé, je le confesse, au sujet de ta mère : je songeais même à m’éloigner d’elle. L’ignorance où j’étais du mystère m’avait été un piège. En ta mère cependant résidait le trésor caché qui devait faire de moi le plus opulent des hommes. David mon aïeul ceignit le diadème royal, moi j’étais descendu jusqu’au sort de l’artisan ; mais la couronne que j’avais perdue est revenue à moi, lorsque, Seigneur des rois, tu daignes te reposer sur mon sein. 2 » Au milieu de ces colloques sublimes, la lumière du nouveau-né, devant laquelle pâlit celle du soleil qui se lave, remplit toujours la grotte et ses alentours ; mais, les bergers étant partis, les chants des Anges étant suspendus, le silence s’est fait dans ce mystérieux asile. En prenant notre repos sur notre couche, songeons au divin Enfant, et à cette première nuit qu’il passe dans son humble berceau. Pour se conformer aux nécessités de notre nature qu’il a adoptée, il clôt ses tendres paupières, et un sommeil volontaire vient parfois endormir ses sens ; mais, au milieu de ce sommeil, son cœur veille et s’offre sans cesse pour nous. Parfois aussi, il sourit à Marie qui tient ses yeux attachés sur lui avec un ineffable amour ; il prie son Père, il implore le pardon des hommes ; il expie leur orgueil par ses abaissements ; il se montre à nous comme un modèle de l’enfance que nous devons imiter. Prions-le de nous donner part aux grâces de son divin sommeil, afin que, après avoir dormi dans la paix, nous puissions nous réveiller dans sa grâce, et poursuivre avec fermeté notre marche dans la voie qui nous reste à parcourir.
LA JOURNÉE DE NOËL.
Le son des cloches, qui annonce l’approche de la troisième Messe, de la Messe du Jour, est venu interrompre joyeusement notre sommeil. Elles semblent répéter, avec l’Église, ces belles paroles qui ont ouvert les chants de la longue veille de cette nuit : Le Christ nous est né ; venez, adorons-le !
Le soleil luit au ciel, non point avec les feux qu’il versera au solstice d’été ; mais sa lumière pâle n’annonce pas moins la victoire. Aujourd’hui, il a vaincu les ombres, et il monte dans le ciel comme un conquérant assuré du triomphe. Adorons, sous son emblème, le Soleil de Justice, Jésus notre doux Sauveur,qui débute aussi dans sa glorieuse carrière.
En attendant le moment de partir pour l’église, puisons l’aliment de notre prière matutinale dans les chants divers des Liturgies antiques. Tous sont pleins de joie et de tendresse ; tous célèbrent le triomphe de la lumière, l’amour du nouveau-né, la gloire de sa Mère.
Lisons d’abord ces gracieuses strophes de Prudence, le prince des poètes chrétiens, dans son Hymne qui a pour titre : VIII. Kal. Januarias.
HYMNE.
Quid est, quod arctum circulum
Sol jam recurrens deserit?
Christusne terris nascitur
Qui lucis auget tramitem?
Heu, quam fugacem gratiam
Festina volvebat dies!
Quam pene subductam facem
Sensim recisa extinxerat!
Coelum nitescat laetius,
Gratetur et gaudens humus;
Scandit gradatim denuo
Jubar priores lineas.
Te cuncta nascentem, puer,
Sensere dura, et barbara,
Victusque saxorum rigor
Obduxit herbam cotibus.
Jam mella de scopulis fluunt,
Jam stillat ilex arido
Sudans amomum stipite;
Jam sunt myricis balsama.
O sancta praesepis tui,
Aeterne Rex, cunabula,
Populisque per seclum sacra,
Mutis et ipsis credita.
Pourquoi, abandonnant son cours si restreint naguère, le soleil remonte-t-il à l’horizon ? N’est-ce point que sur la terre est né le Christ, qui ouvre une voie plus large à la lumière ?
Oh ! quel pâle et fugitif éclat dans ces jours si prompts à s’enfuir ! Comme le flambeau du jour, presque éclipsé, éteignait peu à peu ses vacillantes lueurs !
Aujourd’hui, que le ciel s’épanouisse dans sa joie ; que la terre, en son allégresse, tressaille : voici que, pas à pas, le jour remonte à ses plus brillantes phases.
C’est toi, c’est ta naissance, Enfant divin , que saluent les éléments inertes et aveugles ! C’est pour toi que le roc dompté fléchit, et couvre ses âpres flancs de verdure.
Déjà le miel coule à flots de la pierre ; déjà l’yeuse, de son tronc aride, distille les larmes odorantes de l’amome ; déjà le baume naît sur les bruyères.
Qu’elle est sainte, ô Roi de l’éternité, cette crèche qui te sert de berceau, que les peuples et les siècles vénèrent, que même les animaux muets entourent avec sollicitude !
Entendons maintenant les diverses Églises, de l’Orient, plus voisines à commencer par celles des lieux où le grand événement s’accomplit. Voici d’abord l’Église de Syrie, ayant pour chantre saint Ephrem, qui entonne son Cantique :
Nato Filio, lumen affulsit, et ex mundo tenebrae fugatae, illuminatusque est orbis; laudes ergo referat Nato, qui illum illuminavit.
Ortus est ex utero Virginis, eoque viso defecerunt umbra: et tenebrae erroris ab eo expulsae; orbisque totus illustratus; laudes ergo illi referat.
Le Fils étant né, la lumière a brillé ; les ténèbres du monde se sont évanouies, et l’univers a été illuminé ; qu’il rende gloire à l’Enfant qui l’illumine.
Il est né du sein de la Vierge, et à sa vue les ombres se sont enfuies : les ténèbres de l’erreur étant dissipées par sa présence, tout l’univers a été dans la lumière : que l’univers le glorifie.
L’Église Arménienne fait à son tour entendre sa voix ; elle chante, dans l’action même du saint Sacrifice :
Novus flos hodie oritur ex radice Jesse, et filia David parit Filium Dei.
Multitudo Angelorum et militiae coelestis, descendentes de coelis cum unigenito rege cantabant et dicebant: Hic est Filius Dei. Omnes dicamus: exsultate coeli, et laetamini fundamenta mundi, quia Deus aeternus in terris apparuit, et cum hominibus conversatus est, ut salvet animas nostras.
Une nouvelle fleur sort aujourd’hui de la tige de Jessé, et la fille de David enfante le Fils de Dieu.
La multitude des Anges et de la milice céleste descendant des cieux, avec le Roi Fils unique, chantaient et disaient : C’est ici le Fils de Dieu. Disons tous : Cieux, tressaillez ; fondements delà terre, réjouissez-vous : car le Dieu éternel a apparu sur la terre, et a conversé avec les hommes, pour sauver nos âmes.
L’Église Grecque, dans la pompe de son langage, s’écrie :
Venite, exsultemus Domino, hodiernum celebrantes mysterium. Murus dirutus est medius; avertitur flammeus gladius, Cherubim a ligno vita recedit. Et ego paradisum deliciarum participo, a quo per inobedientiam expulsus fueram. Incommutabilis imago Patris, typus ejus aeternitatis, formam servi accipit, ex nuptinescia matre progrediens, nullam passus commutationem: quod enim erat permansit, Deus cum esset verus; quod autem non erat praeter accipit, homo factus per philanthropiam. Illi clamemus: Qui natus es de Virgine, miserere nobis.
Venez , réjouissons-nous dans le Seigneur, célébrant le mystère de ce jour. Le mur de division a été renversé, le glaive de feu est détourné ; le Chérubin ne défend plus l’approche de l’arbre de vie. Et moi je deviens participant des délices du Paradis, d’où, par désobéissance, j’avais été chassé. L’image immuable du Père, le type de son éternité, prend la forme d’un esclave, naissant d’une Vierge-Mère, sans souffrir nul changement ; car il est demeuré ce qu’il était : Dieu véritable ; il a pris ce qu’il n’était pas, devenu homme par amour pour les hommes. Crions vers lui : O toi qui es né de la Vierge ! aie pitié de nous.
La sainte Église Romaine, par la bouche de saint Léon, dans son Sacramentaire, célèbre ainsi le mystère de la Lumière divine :
Vere dignum et justum est, aequum et salutare: nos tibi gratias agere, aeterne Deus, quia nostri Salvatoris hodie lux vera processit, quae clara nobis omnia et intellectu manifestavit et visu. Quibus non solum praesentem vitam suo splendore dirigeret, sed ad ipsam nos majestatis immense gloriam perduceret intuendam.
C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, ô Dieu éternel ! Car aujourd’hui, la lumière véritable, la lumière de notre Sauveur s’est levée et a manifesté toutes choses à notre intelligence et à notre vue ; et non seulement elle dirigera par sa splendeur nos pas dans la vie présente ; mais elle doit nous amener jusqu’à contempler la gloire même de votre immense Majesté.
La même sainte Église Romaine, dans le Sacramentaire de saint Gélase, fait cette demande au Père céleste qui nous a envoyé son Fils :
Omnipotens sempiterne Deus, qui hunc diem per incarnationem Verbi tui, et per partum beatae Virginis consecrasti; da populis tuis in hac celebritate laetitiae, ut et qui tua gratia sunt redempti, tua adoptione sint filii.
Dieu tout-puissant et éternel, qui avez consacré ce jour par l’incarnation de votre Verbe, et par l’enfantement de la bienheureuse Vierge, accordez à vos peuples, dans cette joyeuse solennité, de devenir vos enfants par l’adoption, comme ils sont rachetés par votre grâce.
Par l’organe de saint Grégoire le Grand, dans son Sacramentaire, la même sainte Église Romaine implore la Lumière du Christ pour ses enfants :
Concede nobis, omnipotens Deus, ut salutare tuum, nova coelorum luce mirabile, quod ad salutem mundi hodierna festivitate proces sit, nostris semper innovandis cordibus oriatur.
Faites, Dieu tout-puissant, que le Sauveur que vous nous envoyez en ce jour où les cieux renouvellent leur lumière, et qui descend en cette solennité pour le salut du monde, se lève à jamais en nos cœurs pour les régénérer.
L’Église de Milan, dans sa Liturgie Ambrosienne chante aussi la Lumière nouvelle et les joies de la Vierge-Mère :
Adveniens Dominus, abstulit omnem caliginem noctis: et, ubi non erat lumen, facta est claritas, et apparuit dies.
Gaude, et laetare, exsultatio Angelorum. Gaude, Domini Virgo, prophetarum gaudium. Gaudeas, benedicta, Dominus tecum est. Gaude, quae per Angelum gaudium mundi suscepisti. Gaude, quae genuisti factorem et Dominum. Gaudeas, quia digna es esse Mater Christi.
Le Seigneur, par sa venue. a dissipé toutes les ombres de la nuit ; là où la lumière n’était pas, la splendeur s’est répandue, et le jour a paru.
Réjouissez-vous et tressaillez, ô vous, la joie des Anges ! réjouissez-vous , Vierge du Seigneur, allégresse des Prophètes. Réjouissez-vous, ô vous qui, à la parole de l’Ange, avez reçu en vous Celui qui est la joie du monde ! Réjouissez-vous, ô vous qui avez enfanté votre Créateur et votre Maître ! Réjouissez-vous d’avoir été trouvée digne d’être la Mère du Christ.
L’ancienne Église des Gaules épanche son allégresse dans ces joyeuses Antiennes, que l’Église Romaine lui emprunta pendant plusieurs siècles :
Hodie intacta Virgo Deum nobis genuit, teneris indutum membris, quem lactare meruit; omnes Christum adoremus qui venit salvare nos.
Gaudeamus omnes fideles, Salvator noster natus est in mundo: hodie processit Proles magnifici germinis, et perseverat pudor virginitatis.
O mundi Domina, regio ex semine orta, ex tuo jam Christus processit alvo, tanquam sponsus de thalamo: hic jacet in praesepio qui et sidera regit.
Aujourd’hui la Vierge immaculée nous a donné un Dieu, sous les membres délicats d’un enfant ; elle a eu l’honneur de l’allaiter. Adorons tous le Christ qui vient nous sauver.
Réjouissons-nous tous, ô fidèles ! notre Sauveur est né en ce monde. Aujourd’hui a paru le rejeton de la Majesté sublime, et la pudeur de la mère est demeurée intacte.
O Dame du monde, fille de race royale, le Christ est sorti de votre sein, comme l’époux de la chambre nuptiale ; il est étendu dans la crèche, Celui qui régit les astres.
L’Église Gothique d’Espagne, dans son Bréviaire Mozarabe, salue, avec toutes les autres Églises, le lever du divin Soleil :
Hodie lumen mundi prodiit: hodie salus aevi emicuit: hodie Salvator Israel de climate coeli descendit, ut eruat omnes captivos, quos antiquus hostis praedo per primi hominis delictum captivaverat: et ut caecis mentibus lumen, surdis auditum, gratia praeveniente, restitueret: ob istius tanti mysterii beneficia montes et colles tripudiant, ipsaque mundi elementa ineffabili gaudio ista in die melos decantant: ob hoc gemebunda prece pii Redemptoris clementiam suppliciter exoramus; ut nos, qui in tenebris peccatorum nostrorum involvimur, per cordis acclamationem protinus expiemur, ut illo in nobis apparente, et splendor gloriae jucundius, ac multiplicius nostris in praecordiis vigeat, et salutis gaudia sine fine dulcescant.
Aujourd’hui,la lumière du monde s’est levée ; aujourd’hui, le salut de la terre a brillé ; aujourd’hui, le Sauveur d’Israël est descendu des hauteurs du ciel pour délivrer tous les captifs que l’antique ennemi, le ravisseur, avait enchaînés par le péché du premier homme, et pour rendre, par sa grâce, la lumière aux intelligences aveugles et l’ouïe aux sourds. En réjouissance du bienfait opéré par ce grand mystère, les montagnes et les collines bondissent, et les éléments du monde, avec une joie ineffable, exécutent en ce jour une mélodie sublime. Nous aussi, d’une humble prière, nous implorons la clémence du miséricordieux Rédempteur ; enveloppés des ténèbres de nos péchés, nous le prions de nous purifier par cette acclamation de nos cœurs, afin que, sa présence se manifestant dans nos âmes, l’éclat de sa gloire s’accroisse de plus en plus en nous, avec la félicité qu’elle apporte, et que les joies du salut deviennent pour nous pleines de douceur, à jamais.
Terminons notre excursion pieuse dans les antiques Liturgies, par cette Antienne de l’Église d’Irlande , au septième siècle, que nous empruntons à l’Antiphonaire de Benchor, publié par Muratori. Elle célèbre aussi le triomphe de la lumière du Soleil, image du Christ naissant.
Ab hodierno die nox minuitur, dies crescit, concutiuntur tenebrae, lumen augetur, et in lucro lucis nocturna dispendia transferentur.
C’est aujourd’hui que la nuit commence à perdre son empire ; le jour croit, les ténèbres sont diminuées, la splendeur augmente, et les pertes que fait la nuit profitent au développement de la lumière.
Il en est temps, chrétiens ; montons à la maison de Dieu, et préparons-nous à célébrer le troisième Sacrifice. L’Église y prélude par le chant de l’Office de Tierce.
A TIERCE
L’Hymne et les trois Psaumes dont se compose l’Office de Tierce se trouvent ci-dessus, page 48.
Ant. Genuit puerpera Regem, cui nomen aeternum ; et gaudia matris habens cum virginitatis honore, nec primam similem visa est, nec habere sequentem, alleluia.
Ant. Une jeune mère a enfanté le Roi dont le nom est éternel ; elle unit les joies de la mère à l’honneur de la virginité ; avant elle on n’a point vu ce prodige ; on ne le verra pas après elle, alleluia.
CAPITULE. (Hebr. I.)
Multifariam multisque modis olim Deus loquens patribus in Prophetis: novissime diebus istis locutus est nobis in Filio, quem constituit haeredem universorum, per quem fecit et saecula.
R. br. Verbum caro factum est, * Alleluia, alleluia. Verbum.
V. Et habitavit in nobis. * Alleluia, alleluia. Gloria Patri. Verbum.
V. Ipse invocabit me, alleluia.
R. Pater meus es tu
Dieu ayant parlé autrefois à nos pères, en diverses occasions et en diverses manières,par les Prophètes, nous a parlé en ces derniers temps par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a fait les siècles, alleluia.
R/. br. Le Verbe s’est fait chair, * Alleluia, alleluia. Le Verbe.
V/. Et il a habité parmi nous. * Alleluia, alleluia. Gloire au Père. Le Verbe.
V/. Il me dira, alleluia :
R/. Vous êtes mon Père, alleluia.
Pour conclure, on dit après à la Messe du Jour, l’oraison Concede, ci-après à la Messe du jour, page 123.
LA MESSE DU JOUR.
Le mystère que l’Église honore, en cette troisième Messe, est la Naissance éternelle du Fils de Dieu au sein de son Père. Elle a célébré, à le Dieu-Homme naissant du sein de la Vierge dans l’étable ; à l’aurore, le divin Enfant prenant naissance dans le cœur des bergers ; en ce moment, il lui reste à contempler une naissance bien plus merveilleuse que les deux autres, une naissance dont la lumière éblouit les regards des Anges, et qui est elle-même l’éternel témoignage de la sublime fécondité de notre Dieu. Le Fils de Marie est aussi le Fils de Dieu ; notre devoir est de proclamer aujourd’hui la gloire de cette ineffable génération qui le produit consubstantiel à son Père, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière. Élevons donc nos regards jusqu’à ce Verbe éternel qui était au commencement avec Dieu, et sans lequel Dieu n’a jamais été ; car il est la forme de sa substance et la splendeur de son éternelle vérité.
La sainte Église ouvre les chants du troisième Sacrifice par l’acclamation au Roi nouveau-né. Elle célèbre la puissante principauté qu’il possède, en tant que Dieu, avant tous les temps, et qu’il recevra, comme homme, par le moyen de la Croix qui un jour doit charger ses épaules. Il est l’Ange du grand Conseil, c’est-à-dire l’envoyé du ciel pour accomplir le sublime dessein conçu par la glorieuse Trinité, de sauver l’homme par l’Incarnation et la Rédemption. Dans cet auguste Conseil, le Verbe a eu sa divine part ; et son dévouement à la gloire de son Père, joint à son amour pour les hommes, lui en fait prendre sur lui l’accomplissement.
INTROÏT.
Puer natus est nobis, et Filius datus est nobis; cujus imperium super humerum ejus: et vocabitur nomen ejus magni Consilii Angelus.
Ps. Cantate Domino canticum novum, quia mirabilia fecit. V. Gloria Patri. Puer.
Un enfant nous est né et un Fils nous a été donné ; il porte sur son épaule le signe de sa principauté, et il sera appelé l’Ange du grand Conseil.
Ps. Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car il a opéré des merveilles. Gloire au Père. Un enfant.
L’Église demande, dans la Collecte, que la nouvelle Naissance que le Fils éternel de Dieu a daigné prendre dans le temps, ne soit pas privée de son effet, mais qu’elle obtienne notre délivrance.
COLLECTE.
Concede, quaesumus, omnipotens Deus: ut nos Unigeniti tui nova per carnem nativitas liberet; quos sub peccati jugo vetusta servitus tenet. Per eumdem.
Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que la nouvelle naissance de votre Fils unique nous délivre, nous qu’une antique servitude retient sous le joug du péché. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.
ÉPÏTRE
Lectio Epistolae beati Pauli Apostoli ad Hebraeos. Cap. I.
Multifariam multisque modis olim Deus loquens patribus in Prophetis; novissime diebus istis locutus est nobis in Filio, quem constituit haeredem universorum, per quem fecit et saecula. Qui cum sit splendor gloriae, et figura substantiae ejus, portansque omnia verbo virtutis suae, purgationem peccatorum faciens, sedet ad dexteram Majestatis in excelsis: tanto melior Angelis effectus, quanto differentius prae illis nomen haereditavit. Cui enim dixit aliquando Angelorum: Filius meus es tu, ego hodie genui te? Et rursum: Ego ero illi in Patrem, et ipse erit mihi in Filium. Et cum iterum introducit Primogenitum in orbem terrae, dicit: Et adorent eum omnes Angeli Dei. Et ad Angelos quidem dicit: Qui facit Angelos suos Spiritus, et ministros suos flammam ignis. Ad Filium autem: Thronus tuus, Deus, in saeculum saeculi: virga aequitatis, virga regni tui. Dilexisti justitiam, et odisti iniquitatem: propterea unxit te Deus, Deus tuus, oleo exsultationis prae participibus tuis. Et: Tu in principio, Domine, terram fundasti; et opera manuum tuarum sunt coeli. Ipsi peribunt, tu autem permanebis; et omnes ut vestimentum veterascent, et velut amictum mutabis eos, et mutabuntur: tu autem idem ipse es, et anni tui non deficient.
Lecture de l’Épître du bienheureux Apôtre Paul aux Hébreux. Chap. I.
Dieu ayant parlé autrefois à nos pères, en diverses occasions et en diverses manières, par les Prophètes, nous a parlé, en ces derniers temps, par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a fait les siècles. Ce Fils étant la splendeur de sa gloire et la forme de sa substance, soutenant toutes choses par la puissance de sa parole, et nous avant purifiés de nos péchés, est assis au plus haut des cieux, à la droite de la souveraine Majesté, étant aussi élevé au-dessus des Anges, que le Nom qu’il a reçu est plus excellent que le leur. En effet, à quel Ange Dieu a-t-il jamais dit : Vous êtes mon Fils ; je vous ai engendré aujourd’hui ? Et ailleurs : Je serai son Père, et il sera mon Fils. Et lorsqu’il envoie de nouveau son premier-né sur la terre, il dit : Que tous les Anges de Dieu l’adorent. Pour ce qui est des Anges, l’Écriture dit : Dieu se sert des Esprits pour en faire ses ambassadeurs, et des flammes ardentes pour en faire ses ministres. Mais Dieu dit à son Fils : Votre trône, ô Dieu, demeure dans les siècles des siècles : le sceptre de l’équité est le sceptre de votre empire. Vous aimez la justice et vous haïssez l’iniquité ; c’est pour cela, ô Dieu, que votre Dieu vous a sacré d’une onction de joie, au-dessus de tous ceux qui participeront à votre gloire. Et ailleurs il est dit : Seigneur, vous avez créé la terre dès le commencement, et les deux sont l’ouvrage de vos mains. Ils périront, mais vous demeurerez ; ils vieilliront comme un vêtement, et vous les changerez comme un manteau, et ils seront changés ; mais vous, vous êtes toujours le même, et vos années ne finiront jamais.
Le grand Apôtre, dans ce magnifique début de son Epître à ses anciens frères de la Synagogue, relève l’éternelle Naissance de l’Emmanuel. Pendant que nos yeux sont tendrement fixés sur le doux Enfant de la Crèche, il nous invite à les élever jusqu’à la suprême Lumière, au sein de laquelle le même Verbe qui daigne habiter retable de Bethlehem, entend le Père éternel lui dire : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui ; et cet aujourd’hui est le jour de l’éternité, jour sans soir ni matin, sans lever ni couchant. Si la nature humaine qu’il daigne prendre dans le temps le place au-dessous des Anges, son élévation au-dessus d’eux est infinie par le titre et la qualité de Fils de Dieu qui lui appartiennent par essence. Il est Dieu, il est le Seigneur, et les changements ne l’atteignent pas. Enveloppé de langes, attaché à la croix, mourant dans les angoisses, selon son humanité, il reste impassible et immortel dans sa divinité ; car il a une Naissance éternelle.
GRADUEL.
Viderunt omnes fines terrae Salutare Dei nostri: jubilate Deo omnis terra.
V. Notum fecit Dominus Salutare suum: ante conspectum gentium revelavit justitiam suam.
Alleluia, alleluia.
V. Dies sanctificatus illuxit nobis: Venite, gentes, et adorate Dominum; quia hodie descendit lux magna super terram. Alleluia.
Toute l’étendue de la terre a vu le Sauveur que notre Dieu a envoyé : toute la terre, louez Dieu avec transport.
V/. Le Seigneur a manifesté le Sauveur qu’il avait promis ; il a révélé sa justice aux yeux des nations. Alleluia, alleluia.
V/. Un jour de sainteté a lui sur nous ; venez, nations, et adorez le Seigneur, car aujourd’hui une grande Lumière est descendue sur la terre. Alleluia.
ÉVANGILE.
Initium sancti Evangelii secundum Joannem. Cap. I.
In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. Hoc erat in principio apud Deum. Omnia per ipsum facta sunt, et sine ipso factum est nihil, quod factum est. In ipso vita erat; et vita erat lux hominum; et lux in tenebris lucet, et tenebrae eum non comprehenderunt. Fuit homo missus a Deo, cui nomen erat Joannes. Hic venit in testimonium, ut testimonium perhiberet de lumine, ut omnes crederent per illum. Non erat ille lux, sed ut testimonium perhiberet de lumine. Erat lux vera quae illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. In mundo erat, et mundus per ipsum factus est; et mundus eum non cognovit. In propria venit, et sui eum non receperunt. Quotquot autem receperunt eum, dedit eis potestatem filios Dei fieri: his qui credunt in nomine ejus; qui non ex sanguinibus, neque ex voluntate carnis, neque ex voluntate viri, sed ex Deo nati sunt. ET VERBUM CARO FACTUM EST, et habitavit in nobis: et vidimus gloriam ejus, gloriam quasi Unigeniti a Patre, plenum gratiae et veritatis.
Le commencement du saint Évangile selon saint Jean. Chap. I.
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était dès le principe en Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui. Ce qui a été fait était vie en lui, et la vie était la Lumière des hommes ; et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise. Il y eut un homme envoyé de Dieu, qui s’appelait Jean. Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la Lumière, mais il était venu pour rendre témoignage à Celui qui était la Lumière. Celui-ci était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a point connu. Il est venu chez soi, et les siens ne l’ont point reçu. Mais il a donné à tous ceux qui l’ont reçu le pouvoir d’être faits enfants de Dieu, à ceux qui croient en son Nom, qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu même. ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, sa gloire comme du Fils unique du Père, étant plein de grâce et de vérité.
Fils éternel de Dieu ! en présence de la crèche où vous daignez vous manifester aujourd’hui pour notre amour, nous confessons, dans les plus humbles adorations, votre éternité, votre toute-puissance, votre divinité. Dans le principe, vous étiez ; et vous étiez en Dieu, et vous étiez Dieu. Tout a été fait par vous, et nous sommes l’ouvrage de vos mains. O Lumière infinie ! ô Soleil de justice ! nous ne sommes que ténèbres ; éclairez-nous. Trop longtemps nous avons aimé ces ténèbres, et nous ne vous avons point compris ; pardonnez-nous notre erreur. Trop longtemps vous avez frappé à la porte de notre cœur, et nous ne vous avons pas ouvert. Aujourd’hui du moins, grâce aux admirables inventions de votre amour, nous vous avons reçu ; car, qui ne vous recevrait, Enfant divin, si doux, si plein de tendresse ? Mais, demeurez avec nous ; consommez cette nouvelle naissance que vous avez prise en nous. Nous ne voulons plus être ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu, par vous et en vous. Vous vous êtes fait chair, ô Verbe éternel ! afin que nous fussions nous-mêmes divinisés. Soutenez notre faible nature qui défaille en présence d’une si haute destinée. Vous naissez du Père, vous naissez de Marie, vous naissez dans nos cœurs : trois fois gloire à vous pour cette triple naissance, ô Fils de Dieu si miséricordieux dans votre divinité, si divin dans vos abaissements !
A l’Offrande, la sainte Église rappelle à l’Emmanuel que l’univers est son ouvrage ; car il a créé toutes choses. Les dons sont offerts, au milieu . des nuages de l’encens. La pensée de l’Enfant d la Crèche domine toujours les sentiments de l’Église ; mais ses cantiques insistent sur la puis sance et la grandeur du Dieu incarné.
offertoire.
OFFERTOIRE
Tui sunt coeli, et tua est terra; orbem terrarum et plenitudinem ejus tu fundasti: justitia et judicium praeparatio sedis tuae.
Les cieux et la terre sont à vous : vous avez établi l’univers et tout ce qu’il renferme ; la justice et l’équité sont les bases de votre trône.
SECRETE.
Oblata, Domine, munera nova Unigeniti tui nativitate sanctifica: nosque a peccatorum nostrorum maculis emunda. Per eumdem.
Sanctifiez, Seigneur, cette offrande nouvelle par la Nativité de votre Fils unique, et purifiez-nous des taches de nos péchés. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.
Pendant la Communion, le chœur chante le bonheur de la terre qui a vu aujourd’hui son Sauveur, par la miséricorde du Verbe, devenu visible dans la chair, sans perdre rien de l’éclat de sa gloire. L’Église ensuite, par la bouche du Prêtre, implore pour ses enfants, nourris de la chair de l’Agneau virginal, la participation à l’immortalité du Christ, qui a daigné leur donner aujourd’hui les prémices d’une vie toute divine, en prenant lui-même une naissance humaine dans Bethléem.
COMMUNION.
Viderunt omnes fines terrae Salutare Dei nostri.
Toutes les contrées de la terre ont vu le Sauveur que notre Dieu a envoyé.
POSTCOMMUNION.
Praesta, quaesumus, omnipotens Deus: ut natus hodie Salvator mundi, sicut divinae nobis generationis est auctor; ita et immortalitatis sit ipse largitor. Qui tecum.
Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant, que le Sauveur du monde, qui , en naissant aujourd’hui, nous donne une naissance divine, nous accorde aussi l’immortalité ; lui qui, étant Dieu, vit et règne.
A SEXTE.
L ‘Hymne et les trois Psaumes dont se compose l’Office de Sexte se trouvent ci-dessus, page 50.
Ant. Angelus ad pastores ait: Annuntio vobis gaudium magnum: quia natus est vobis hodie Salvator mundi, alleluia.
Ant. L’Ange dit aux bergers : Je vous annonce une grande joie ; car il vous est né aujourd’hui le Sauveur du monde, alleluia.
CAPITULE. (Hebr. I.)
Et: Tu in principio, Domine, terram fundasti; et opera manuum tuarum sunt coeli.
R. br. Notum fecit Dominus, * Alleluia, alleluia. Notum.
V. Salutare suum, * Alleluia, Alleluia. Gloria. Notum.
V. Viderunt omnes fines terrae, alleluia.
R. Salutare Dei nostri, alleluia.
Et il est écrit du Verbe : Au commencement, Seigneur, vous avez établi la terre ; et les cieux sont l’ouvrage de vos mains.
R/. br. Le Seigneur a manifesté, * Alleluia, alleluia. Le Seigneur.
V/. Le Sauveur qu’il avait promis. * Alleluia, alleluia. Gloire au Père. Le Seigneur.
V/. Toutes les contrées de la terre ont vu, alleluia.
R/. Le Sauveur envoyé par notre Dieu, alleluia.
Pour conclure, on dit l’Oraison Concede, ci-dessus, à la Messe du Jour, page 123.
A NONE.
L’Hymne et les trois Psaumes qui composent la plus grande partie de l’Office de None se trouvent ci-dessus, page 53.
Ant. Parvulus Filius hodie natus est nobis, et vocabitur Deus, Fortis, alleluia, alleluia.
Ant. Un petit Enfant nous est ne aujourd’hui, et il sera appelé Dieu, le Fort, alleluia, alleluia.
CAPITULE. (Hebr. I.)
Ipsi peribunt, tu autem permanebis: et omnes sicut vestimentum veterascent, et velut amictum mutabis eos, et mutabuntur.
R. br. Viderunt omnes fines terrae, * Alleluia, alleluia. Viderunt.
V. Salutare Dei nostri, * alleluia, alleluia. Gloria. Viderunt.
V. Verbum caro factum est. Alleluia.
R. Et habitavit in nobis, Alleluia.
Les cieux et la terre périront, mais vous demeurerez : ils vieilliront comme un vêtement ; et vous les changerez comme un manteau, et ils seront changés : mais vous, vous êtes toujours le même, et vos années ne finiront point.
R/. br. Toutes les contrées de la terre ont vu, * Alleluia, alleluia. Toutes les contrées.
V/. Le Salut envoyé par notre Dieu. * Alleluia, alleluia. Gloire au Père. Toutes les contrées.
V/. Le Verbe s’est fait chair, alleluia.
R/. Et il a habité parmi nous, alleluia.
L ‘Oraison qui termine l’Office de None se trouve ci-dessus, à la Messe du Jour, page 123.
LES SECONDES VÊPRES DE NOËL.
La louange du soir appelle les fidèles à la maison de Dieu, pour terminer saintement cette mémorable journée. Le soleil matériel avance sa course à grands pas ; mais le Soleil de justice ne s’éteindra pas dans les cœurs qui l’ont reçu. Allons nous joindre à la sainte Église et célébrer avec elle, par les chants du Roi-Prophète, le bonheur de la terre qui a enfanté son Sauveur, les grandeurs de ce nouveau-né, et les miséricordes qu’il nous apporte. Ne laissons pas refroidir nos cœurs ; le Christ est né en nous : que notre bouche le chante avec transport ; que nos vœux si admirablement formulés par la sainte Église, dans la divine Liturgie, montent vers lui purs et sincères.
V. Deus, in adjutorium meum intende.
R. Domine, ad adjuvandum me festina.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto: Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in saecula saeculorum. Amen. Alleluia.
V/. O Dieu ! venez à monde !
R/. Hâtez-vous, Seigneur, de me secourir
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ;
Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. Alleluia.
Le premier Psaume des secondes Vêpres de Noël est celui qui ouvre l’Office du soir, le dimanche et dans toutes les solennités. Il célèbre la génération éternelle du Verbe, et prophétise ses souffrances et son triomphe.
ANT. Tecum principium in die virtutis tuae, in splendoribus Sanctorum: ex utero ante luciferum genui te.
Ant. La principauté éclatera en vous au jour de votre force, au milieu des splendeurs des Saints ; car le Père vous a dit : Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore.
PSAUME CIX
Dixit Dominus Domino meo: * Sede a dextris meis.
Donec ponam inimicos tuos: * scabellum pedum tuorum.
Virgam virtutis tuae emittet Dominus ex Sion: * dominare in medio inimicorum tuorum.
Tecum principium in die virtutis tuae in splendoribus sanctorum: * ex utero ante luciferum genui te.
Juravit Dominus, et non poenitebit eum: * Tu es Sacerdos in aeternum secundum ordinem Melchisedech.
Dominus a dextris tuis: * confregit in die irae suae reges.
Judicabit in nationibus, implebit ruinas: * conquassabit capita in terra multo rum.
De torrente in via bibet: * propterea exaltabit caput.
Celui qui est le Seigneur a dit à son Fils, mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, et régnez avec moi ;
Jusqu’à ce que, au jour de votre dernier avènement, je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds.
O Christ ! le Seigneur votre Père fera sortir de Sion le sceptre de votre force : c’est de là que vous partirez pour dominer au milieu de vos ennemis.
La principauté éclatera en vous, au jour de votre force, au milieu des splendeurs des Saints ; car le Père vous a dit : Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore.
Le Seigneur l’a juré, et sa parole est sans repentir ; il a dit en vous parlant : Dieu-Homme, vous êtes prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisedech.
O Père ! le Seigneur votre Fils est donc à votre droite : c’est lui qui, au jour de sa colère, viendra juger les rois.
Il jugera aussi les nations ; il consommera la ruine du monde, et brisera contre terre la tête de plusieurs.
Maintenant il vient dans l’humilité ; il s’abaisse pour boire l’eau du torrent des afflictions ; mais c’est pour cela même qu’un jour il élèvera la tête.
ANT. Tecum principium in die virtutis tuae, in splendoribus Sanctorum: ex utero ante luciferum genui te.
Ant. La principauté éclatera en vous, au jour de votre force, au milieu des splendeurs des Saints ; car le Père vous a dit : Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore.
Le second Psaume chante l’alliance que Dieu vient de contracter avec son peuple, la Rédemption qu’il lui envoie aujourd’hui. Le genre humain languissait dans sa misère ; le Dieu de miséricorde, fidèle à ses promesses, lui donne, en Bethléem, celui qui est le Pain de vie, la nourriture céleste qui préserve de la mort.
ANT. Redemptionem misit Dominus populo suo, mandavit in aeternum testamentum suum.
Ant. Il a envoyé à son peuple un Rédempteur : il a rendu son alliance éternelle.
PSAUME CX.
Confitebor tibi, Domine, in toto corde meo: * in consilio justorum et congregatione.
Magna opera Domini: * exquisita in omnes voluntates ejus.
Confessio et magnificentia opus ejus: * et justitia ejus manet in saeculum saeculi.
Memoriam fecit mirabilium suorum, misericors et miserator Dominus: * escam dedit timentibus se.
Memor erit in seculum testamenti sui: * virtutem operum suorum annuntiabit populo suo.
Ut det illis hereditatem Gentium: * opera manuum ejus veritas et judicium.
Fidelia omnia mandata ejus, confirmata in saeculum saeculi: * facta in veritate et aequitate.
Redemptionem misit populo suo: * mandavit in aeternum testamentum suum
Sanctum et terribile nomen ejus; * initium sapientiae timor Domini.
Intellectus bonus omnibus facientibus eum: * laudatio ejus manet in saeculum saeculi.
Je vous louerai, Seigneur, de toute la plénitude de mon cœur, dans l’assemblée des justes.
Grandes sont les œuvres du Seigneur ; elles ont été concertées dans les desseins de sa sagesse.
Elles sont dignes de louanges et magnifiques ; et la justice de Dieu demeure dans les siècles des siècles.
Le Seigneur, clément et miséricordieux, nous a laissé un mémorial de ses merveilles ; il est le Pain de vie, et il a donné une nourriture à ceux qui le craignent.
Il se souviendra à jamais de son alliance avec les hommes : le moment est venu où il fera éclater aux yeux de son peuple la vertu de ses œuvres.
Il donnera à son Église l’héritage des nations : tout ce qu’il fait est justice et vérité.
Ses préceptes sont immuables, et garantis par la succession des siècles ; ils sont fondés sur la vérité et la justice.
Il a envoyé à son peuple un Rédempteur ; il rend par là son alliance éternelle.
Son Nom est saint et terrible ; le commencement de la sagesse est de craindre le Seigneur.
La lumière et l’intelligence sont pour celui qui agit selon cette crainte : gloire et louange à Dieu dans les siècles des siècles.
ANT. Redemptionem misit Dominus populo suo, mandavit in aeternum testamentum suum.
Ant. Il a envoyé à son peuple un Rédempteur : il a rendu son alliance éternelle.
Le troisième psaume chante la félicité du juste jour de la Naissance du Messie. Au sein des ténèbres, la Lumière de l’Emmanuel s’est levée tout à coup ; cette Lumière si douce et si radieuse, c’est le Seigneur de miséricorde. Elle illumine les cœurs droits ; malheur au pécheur qui la méprise !
ANT. Exortum est in tenebris lumen rectis corde: misericors et miserator, et justus Dominus.
Ant. Au sein des ténèbres, une Lumière s’est levée sur ceux dont le cœur est droit : c’est le Seigneur, le Dieu miséricordieux, clément et juste.
PSAUME CXI.
Beatus vir, qui timet Dominum: * in mandatis ejus volet nimis.
Potens in terra erit semen ejus: * generatio rectorum benedicetur.
Gloria et divitiae in domo ejus: * et justitia ejus manet in saeculum saeculi.
Exortum est in tenebris lumen rectis: * misericors et miserator, et justus.
Jucundus homo, qui miseretur et commodat, disponet sermones suos in judicio: * quia in aeternum non commovebitur.
In memoria aeterna erit justus; * ab auditione mala non timebit.
Paratum cor ejus sperare in Domino, confirmatum est cor ejus: * non commovebitur donec despiciat inimicos suos.
Dispersit, dedit pauperibus, justitia ejus manet in saeculum saeculi: * cornu ejus exaltabitur in gloria.
Peccator videbit, et irascetur, dentibus suis fremet et tabescet: * desiderium peccatorum peribit.
Heureux l’homme qui craint le Seigneur, et qui met tout son zèle à lui obéir.
Sa postérité sera puissante sur la terre ; la race du juste sera en bénédiction.
La gloire et la richesse sont dans sa maison, et sa justice demeure dans les siècles des siècles.
Au sein des ténèbres, une Lumière s’est levée sur ceux dont le cœur est droit : c’est le Seigneur, le Dieu miséricordieux, clément et juste, qui vient de naître parmi les hommes.
Heureux aujourd’hui l’homme qui a fait miséricorde, qui a prêté au pauvre, qui a réglé jusqu’à ses paroles avec justice ; car il ne sera point ébranlé.
La mémoire du juste sera éternelle : s’il entend une nouvelle fâcheuse, elle ne lui donnera point à craindre.
Son cœur est toujours prêt à espérer au Seigneur ; son cœur est en assurance ; il ne sera point ému, et méprisera la rage de ses ennemis.
Il a répandu l’aumône avec profusion sur le pauvre : sa justice demeurera à jamais ; sa force sera élevée en gloire.
Le pécheur le verra, et il entrera en fureur ; il grincera des dents et séchera de colère ; mais les désirs du pécheur périront.
ANT. Exortum est in tenebris lumen rectis corde: misericors et miserator, et justus Dominus.
Ant. Au sein des ténèbres, une Lumière s’est levée sur ceux dont le cœur est droit : c’est le Seigneur, le Dieu miséricordieux, clément et juste.
Le quatrième Psaume exprime le cri de détresse que le genre humain, du fond de l’abîme de la dégradation, envoyait à son Libérateur. Mais ce cri était aussi un cri d’espérance ; car la parole de Dieu était engagée. Enfin, le Seigneur, dont la miséricorde est infinie, a daigné descendre, et notre Rédemption commence aujourd’hui.
ANT. Apud Dominum misericordia, et copiosa apud eum redemptio.
Ant. Dans le Seigneur est la miséricorde, et un prix abondant pour notre rédemption.
PSAUME CXXIX.
De profundis clamavi ad te, Domine: * Domine, exaudi vocem meam.
Fiant aures tuae intendentes: * in vocem deprecationis meae.
Si iniquitates observaveris, Domine: * Domine, quis sustinebit?
Quia apud te propitiatio est: * et propter legem tuam sustinui te, Domine.
Sustinuit anima mea in verbo ejus: * speravit anima mea in Domino.
A custodia matutina usque ad noctem: * speret Israel in Domino.
Quia apud Dominum misericordia: * et copiosa apud eum redemptio.
Et ipse redimet Israel: * ex omnibus iniquitatibus ejus.
Des profondeurs de l’abîme, moi, votre peuple, j’ai crié vers vous, Seigneur ; Seigneur, écoutez ma voix.
Que vos oreilles soient attentives au cri de ma prière.
Seigneur, si vous considérez mes iniquités ; Seigneur, qui soutiendra votre jugement ?
Mais la miséricorde est en vous ; c’est pourquoi, à cause de votre parole, je vous ai attendu, Seigneur, durant de longs siècles.
Mon âme s’est soutenue par vos oracles ; mon âme a espéré dans le Seigneur.
Depuis la veille du matin jusqu’à la nuit, Israël espérera dans le Seigneur.
Car dans le Seigneur est la miséricorde, et un prix abondant pour notre rédemption.
Il a daigné naître aujourd’hui, et il rachètera Israël de toutes ses iniquités.
ANT. Apud Dominum misericordia, et copiosa apud eum redemptio.
Ant. Dans le Seigneur est la miséricorde, et un prix abondant pour notre rédemption.
Le cinquième Psaume chante l’Arche du Seigneur qui s’est reposée en Ephrata. Marie est l’Arche véritable dont l’autre n’était que la figure ; en elle le Seigneur a fait sa demeure ; elle a été le trône de sa Majesté. Qu’il se lève donc, le Seigneur, et qu’il prenne possession de son Église qui commence aujourd’hui en Bethléem ; qu’il se lève et qu’il nous régisse avec Marie, la Reine de miséricorde. Désormais, il va habiter au milieu de nous ; il consolera toutes les douleurs, il rassasiera tous ceux qui ont faim d’un Pain immortel ; il honorera le Sacerdoce nouveau ; il brillera, comme un flambeau d’immuable vérité, dans son Église ; il triomphera de tous ses ennemis ; le diadème qui orne le front de cet Enfant ne tombera jamais, et tous les autres pâliront devant lui.
ANT. De fructu ventris tui ponam super sedem tuam.
Ant. Je placerai sur ton trône, ô David ! un fils qui naîtra de ta race.
PSAUME CXXXI.
Memento, Domine, David: * et omnis mansuetudinis ejus.
Sicut juravit Domino: * votum vovit Deo Jacob.
Si introiero in tabernaculum domus meae: * Si ascendero in lectum strati mei.
Si dedero somnum oculis meis: * et palpebris meis dormitationem.
Et requiem temporibus meis, donec inveniam locum Domino: * tabernaculum Deo Jacob.
Ecce audivimus eam in Ephrata: * invenimus eam in campis silvae.
Introibimus in tabernaculum ejus: * adorabimus in loco ubi steterunt pedes ejus.
Surge, Domine, in requiem tuam: * tu et arca sanctificationis tuae.
Sacerdotes tui induantur justitiam: * et Sancti tui exsultent.
Propter David servum tuum: * non avertas faciem Christi tui.
Juravit Dominus David veritatem, et non frustrabitur eam: * De fructu ventris tui ponam super sedem tuam.
Si custodierint filii tui testamentum meum: * et testimonia mea haec, qua docebo eos.
Et filii eorum usque in saeculum: * sedebunt super sedem tuam.
Quoniam elegit Dominus Sion: * elegit eam in habitationem sibi.
Haec requies mea in saeculum saculi: * hic habitabo, quoniam elegi eam.
Viduam ejus benedicens benedicam: * pauperes ejus saturabo panibus.
Sacerdotes ejus induam salutari: * et Sancti ejus exsultatione exsultabunt.
Illuc producam cornu David: * paravi lucernam Christo meo.
Inimicos ejus induam confusione: * super ipsum autem efflorebit sanctificatio mea.
Seigneur, souvenez-vous de David, et de toute sa douceur.
Souvenez-vous du serment qu’il fit au Seigneur, et du vœu qu’il offrit au Dieu de Jacob :
« Je n’entrerai pas dans l’intérieur de mon palais ; je ne monterai pas sur le lit de mon repos ;
« Je n’accorderai pas le sommeil à mes yeux, ni l’assoupissement à mes paupières,
« Ni un appui à ma tête, jusqu’à ce que j’aie trouvé « une demeure au Seigneur, un tabernacle au Dieu de Jacob. »
Voilà que nous avons entendu que son Arche était dans Bethléem d’Ephrata : nous sommes partis en toute hâte, et nous l’avons trouvée dans des campagnes couvertes de forêts.
Nous sommes entrés dans la demeure du Seigneur ; nous l’avons adoré dans l’humble lieu où s’étaient arrêtés ses pieds.
Levez-vous , Seigneur ; entrez dans votre repos, vous et Marie, qui est l’Arche dans laquelle a daigné habiter votre sainteté.
Que vos prêtres se revêtent de la justice, et que vos Saints tressaillent d’allégresse.
A cause de David, votre serviteur, Père céleste ! ne nous privez pas de la vue de ce Christ qui ne vient que pour nous.
Le Seigneur l’a juré à David dans sa vérité, et ce serment est irrévocable : « Je placerai sur ton trône un fils qui naîtra de ta race.
« Si tes enfants gardent mon alliance et les préceptes que je leur enseignerai,
« Je jure que leur postérité s’assiéra sur ton trône à jamais. »
Le Seigneur a fait choix de Sion, son Église ; il l’a choisie pour son habitation.
Il a dit : « C’est ici le lieu de mon repos, le lieu que j’habiterai ; car je l’ai choisi.
« Je comblerai de bénédictions, par la naissance de mon Fils, celle dont le veuvage a duré tant de siècles ; dans Bethléem je donnerai du Pain en abondance à tous ses pauvres.
« Je revêtirai ses Prêtres du Sacerdoce de mon Fils, leur Sauveur, et ses Saints seront ravis d’allégresse.
« C’est là, dans mon Église, que je signalerai la force de David ; c’est là que j’ai allumé le flambeau du Christ, mon Fils.
« Je couvrirai de confusion ses ennemis ; et le diadème dont je l’ai sacré brillera à jamais sur sa tête. »
ANT. De fructu ventris tui ponam super sedem tuam.
Ant. Je placerai sur ton trône, ô David ! un fils qui naîtra de ta race.
CAPITULE. (Hebr. I.)
Multifariam, multisque modis olim Deus loquens patribus in Prophetis: novissime diebus istis locutus est nobis in Filio, quem constituit haeredem universorum, per quem fecit et saecula.
Dieu ayant parlé autrefois à nos pères, en diverses occasions et en diverses manières, par les Prophètes, nous a parlé en ces derniers temps par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a fait les siècles.
HYMNE
Jesu, redemptor omnium,
Quem, lucis ante originem,
Parem paternae gloria
Pater supremus edidit;
Tu lumen et splendor Patris,
Tu spes perennis omnium,
Intende quas fundunt preces
Tui per orbem servuli.
Memento, rerum conditor,
Nostri quod olim corporis,
Sacrata ab alvo Virginis
Nascendo, formam sumpseris.
Testatur hoc praesens dies,
Currens per anni circulum,
Quod solus e sine Patris
Mundi salus adveneris.
Hunc astra, tellus, aequora,
Hunc omne quod coelo subest,
Salutis auctorem novae
Novo salutat cantico.
Et nos, beata quos sacri
Rigavit unda sanguinis,
Natalis ob diem tui,
Hymni tributum solvimus.
Jesu, tibi sit gloria,
Qui natus es de Virgine,
Cum Patre et almo Spiritu,
In sempiterna saecula.
Amen.
Jésus, Rédempteur de tous les hommes, vous qu’avant la première aurore, en sa paternité suprême , le Père engendra semblable à sa gloire ;
Vous, lumière et splendeur du Père, vous, l’inépuisable espérance de tous , écoutez ces prières que répandent à cette heure vos serviteurs par le monde entier.
Souvenez-vous, créateur des êtres, qu’un jour, au sein béni de la Vierge, vous prîtes, par votre naissance, la forme de notre chair.
Ce jour même l’atteste, ce jour que ramène l’année dans son cours, où, sortant du sein du Père, vous vîntes à nous , unique salut du monde.
Les astres, la terre, la mer, tout ce que le ciel couronne, saluent par un nouveau cantique ce jour auteur d’un salut nouveau.
Et nous, lavés dans les heureux flots d’un sang divin, nous vous offrons, ô Christ, le tribut de cette hymne, à la gloire de votre jour Natal.
O Jésus, qui êtes né de la Vierge, gloire à vous, avec le Père et l’Esprit divin dans les siècles éternels ! Amen.
V. Notum fecit Dominus, alleluia.
R. Salutare suum, alleluia.
V/. Le Seigneur a manifesté, alleluia.
R/. Le Sauveur qu’il avait promis, alleluia.
ANTIENNE DE Magnificat.
Hodie Christus natus est: hodie Salvator apparuit; hodie in terra canunt Angeli, laetantur Archangeli; hodie exsultant justi, dicentes: Gloria in excelsis Deo, alleluia.
Aujourd’hui le Christ est né, aujourd’hui le Sauveur a apparu ; aujourd’hui sur la terre chantent les Anges, se réjouissent les Archanges ; aujourd’hui les justes, dans les transports de leur joie, répètent : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, alleluia.
OREMUS
Concede, quaesumus, omnipotens Deus, ut nos Unigeniti tui nova per carnem Nativitas liberet, quos sub peccati jugo vetusta servitus tenet. Per eumdem.
PRIONS.
Faites, s’il vous plaît, Dieu tout-puissant , que la nouvelle Naissance de votre Fils unique nous délivre, nous qu’une antique servitude retient sous le joug du péché. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.
Mémoire de saint Étienne, premier Martyr.
ANT. Stephanus autem plenus gratia et fortitudine, faciebat signa magna in populo.
V. Gloria et honore coronasti eum, Domine.
R. Et constituisti eum super opera manuum tuarum.
OREMUS
Da nobis, quaesumus, Domine, imitari quod colimus, ut discamus et inimicos diligere: quia ejus natalitia celebramus, qui novit etiam pro persecutoribus exorare Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum. Qui tecum.
Ant. Plein de grâce et de force, Étienne faisait de grands prodiges au milieu du peuple.
V/. Vous l’avez couronné d’honneur et de gloire, Seigneur !
R/. Et vous lui avez donné l’empire sur les ouvrages de vos mains.
PRIONS
ACCORDEZ-NOUS, s’il vous plaît, Seigneur, d’imiter ce que nous honorons, afin que nous apprenions à aimer même nos ennemis ; puisque nous célébrons la fête de celui qui sut aussi implorer pour ses persécuteurs, Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne, etc.
L’Office de Complies se trouve ci-dessus, p. 62.
La grande journée a terminé son cours, et la nuit approche durant laquelle le sommeil achèvera de réparer les saintes fatigues que nous ont causées les veilles de la glorieuse Nativité. Avant de prendre notre repos, envoyons un souvenir pieux aux saints Martyrs dont l’Église a renouvelé la mémoire en ce jour dans le livre du Martyrologe. Dioclétien et ses collègues dans l’empire venaient de publier le fameux édit de persécution qui déclarait à l’Église la plus sanglante guerre qu’elle ait jamais subie. L’édit affiché à Nicomédie, résidence de l’empereur, avait été déchiré par un chrétien qui paya cet acte d’une sainte audace par un glorieux martyre. Les fidèles prêts à la lutte osèrent braver la puissance impériale, en continuant de fréquenter leur église condamnée à la démolition. On était arrivé au jour de Noël. Ils s’assemblèrent au nombre de plusieurs milliers dans le saint temple, afin d’y célébrer une dernière fois la Naissance du Rédempteur. A cette nouvelle, Dioclétien envoya un de ses officiers avec ordre de fermer les portes de l’église, et d’allumer aux quatre angles de l’édifice le feu qui devait le consumer. Ces mesures ayant été prises, les sons de la trompette se firent entendre par les fenêtres de la basilique, et les fidèles ouïrent la voix d’un crieur qui leur disait de la part de l’empereur que ceux d’entre eux qui voudraient avoir la vie sauve pouvaient encore sortir, à la condition d’offrir de l’encens sur un autel de Jupiter que l’on avait dressé près de la porte de l’église ; qu’autrement ils allaient être tous la proie des flammes. Un chrétien répondit au nom de la pieuse assemblée : « Nous sommes tous chrétiens ; nous honorons le Christ, comme le seul Dieu et le seul Roi ; et nous sommes prêts à lui sacrifier notre vie en ce jour. » Sur cette réponse, les soldats reçurent ordre d’allumer les feux ; et dans un instant l’église ne fut plus qu’un immense bûcher, dont les flammes montaient vers le ciel, envoyant en holocauste au Fils de Dieu, qui daigna en ce jour commencer une vie humaine, l’offrande généreuse de ces milliers de vies qui rendaient témoignage à sa venue en ce monde. Ainsi fut glorifié, en l’année 3o3, à Nicomédie, l’Emmanuel descendu des cieux pour habiter parmi les hommes. Unissons, avec la sainte Église, l’hommage de nos vœux à celui de ces courageux chrétiens dont la mémoire se conservera, par la sainte Liturgie, jusqu’à la fin des siècles.
Ramenons encore une fois nos pensées et nos cœurs dans l’heureuse étable où Marie et Joseph forment l’auguste compagnie de l’Enfant divin. Adorons encore ce nouveau-né, et demandons-lui sa bénédiction. Saint Bonaventure exprime, avec une tendresse digne de son âme séraphique, dans ses Méditations sur la vie de Jésus-Christ, les sentiments du Chrétien admis auprès du berceau de Jésus naissant : « Et toi aussi, dit-il, qui as tant différé, fléchis le genou, adore le Seigneur ton Dieu ; vénère la Mère d’icelui et salue révéremment le saint vieillard Joseph ; ensuite, baise les pieds de l’Enfant Jésus, gisant en sa couchette, et prie Notre-Dame de te le donner ou de te permettre de le prendre. Prends-le en tes bras, retiens-le et considère bien son aimable face ; baise-le révéremment, et délecte-toi confidemment en icelui. Tu peux faire cela ; parce que c’est vers les pécheurs qu’il est venu pour leur salut, et qu’il a humblement conversé avec eux, et que, finalement, il s’est abandonné à iceux pour nourriture. Partant, sa bénignité se laissera patiemment toucher, selon ton vouloir, et n’imputera pas cela à la présomption, ains à l’amour 3 . »
Nous placerons, à la fin de cette journée de Noël, deux chants joyeux inspirés à la piété du moyen âge par l’allégresse de cette solennité. Le premier est une Séquence que l’on rencontre dans tous les Missels Romains-Français ; elle a été longtemps attribuée à saint Bernard ; mais nous l’avons trouvée déjà sur un manuscrit du XI° siècle.
SÉQUENCE.
Laetabundus
Exsultet fidelis chorus.
Alleluia.
Regem regum
Intactae profudit torus:
Res miranda!
Angelus Consilii
Natus est de Virgine,
Sol de Stella.
Sol occasum nesciens,
Stella semper rutilans,
Semper clara.
Sicut sidus radium,
Profert Virgo Filium
Pari forma.
Neque sidus radio,
Neque Virgo Filium
Fit corrupta.
Cedrus alta Libani
Conformatur hyssopo
Valle nostra.
Verbum ens Altissimi
Corporari passum est,
Carne sumpta.
Esaias cecinit,
Synagoga meminit;
Numquam tamen desinit
Esse caeca.
Si non suis vatibus,
Credat vel gentilibus,
Sibyllinis versibus
Haec praedicta:
Infelix, propera,
Crede vel vetera:
Cur damnaberis, gens misera?
Quem docet littera
Natum considera:
Ipsum genuit puerpera.
Amen.
Que le chœur des fidèles, dans son allégresse, tressaille de joie. Alleluia.
Le sein de la Vierge pure a produit le Roi des rois : prodige admirable !
L’Ange du Conseil est né de la Vierge : le Soleil de l’Étoilé.
Soleil sans couchant, Étoile à jamais scintillante, radieuse à jamais. .
L’étoile produit son rayon ; la Vierge enfante son Fils d’une même manière.
Ni l’étoile par le rayon, ni la Vierge par son Fils ne perd rien de son pur éclat.
Le haut cèdre du Liban vient ramper, avec l’hysope, dans notre humble vallée.
Le Verbe, Sagesse du Très-Haut, daigne se revêtir d’un corps ; il se fait chair.
Isaïe l’avait chanté, la Synagogue s’en souvient, et pourtant n’a point cessé d’être dans l’aveuglement.
Qu’elle en croie, sinon ses Prophètes, au moins ceux de la gentilité ; les vers de la Sybille ont annoncé le mystère :
« Peuple malheureux, hâte-toi : crois enfin les antiques oracles ; pourquoi serais-tu réprouvé, peuple « infortuné ?
« L’Enfant qu’annonce la lettre prophétique, vois-le aujourd’hui : une Vierge l’a mis au monde. »
Amen.
La seconde pièce est une Séquence en l’honneur de la très sainte Mère de Dieu. Elle appartient au XV° siècle. C’est une de ces nombreuses imitations de la Séquence de Pâques, Victimae paschali, que l’on rencontre dans les Missels Romains-Français des XV° et XVI° siècles.
SÉQUENCE.
Virgini Marie laudes
Intonent Christiani.
Eva tristis abstulit;
Sed Maria protulit
Natum, qui redemit
Peccatores.
Mors et vita modulo
Convenere mirando:
Mariae Filius
Regnat Deus.
Dic nobis, Maria,
Virgo clemens et pia:
Quomodo facta es genitrix,
Cum tu sis plasma
De te nascentis?
Angelus est testis
Ad me missus coelestis.
Natus est ex me spes mea;
Sed incredula
Manet Judaea.
Credendum est magis soli Gabrieli forti,
Quam Judaeorum
Pravae cohorti.
Scimus Christum processisse
Ex Maria vere:
Tu nobis nate,
Rex! Miserere. Amen.
Á la Vierge Marie que les Chrétiens entonnent un cantique.
Ève, malheureuse mère, nous perdit ; mais Marie nous a donné un Fils qui a racheté les pécheurs.
La mort et la vie se sont rencontrées dans une alliance merveilleuse : Celui qui est Fils de Marie est un Dieu, il règne.
Dis-nous, ô Marie, Vierge douce et clémente :
Comment es-tu devenue mère, étant la créature de Celui qui naît de toi ?
— L’Ange en est le témoin envoyé des cieux vers moi.
De moi est né Celui qui est mon espérance ; mais la Judée est demeurée incrédule.
— Mieux vaut croire au seul Gabriel, l’Ange de Force, qu’à la perverse race des Juifs.
Oui, nous savons que le Christ est Fils de Marie en vérité ; vous, ô Roi, né pour nous, soyez-nous miséricordieux. Amen.