La fin de l’humanité étant une fin surnaturelle, nous avons établi que l’histoire ne pouvait être racontée dans toute sa vérité, si le narrateur n’avait soin de ramener son récit au point de vue surnaturel, quant à l’ensemble et quant aux détails principaux. L’histoire est un vaste drame dont Jésus-Christ est le héros, et qui a pour dénouement le triomphe de l’Église à la suite de mille combats ; l’historien chrétien connaît donc la formule divine du grand secret des annales humaines, et c’est à lui d’en faire l’application, soit qu’il procède par récits généraux, soit qu’il se livre aux monographies. Nous avons fait voir aussi qu’en outre de la direction générale de la Providence sur les événements humains dans le but surnaturel, l’histoire présente des faits proprement miraculeux ; les uns d’une vaste étendue, les autres, pour ainsi dire, épisodiques. Le phénomène de la sainteté a été signalé également comme ayant droit d’entrer en ligne de compte parmi les éléments de l’histoire.
Tels sont les principes que nous avons formulés dans les articles précédents, sur la méthode chrétienne de l’histoire : ajoutons-y encore quelques données. Ainsi, il est à propos de dire un mot sur le ton de l’historien et sur ses jugements. Tout le monde comprend, avec un peu de lecture, que rien ne diffère davantage du ton chrétien que le ton philosophique, et la raison en est simple : c’est qu’il n’y a rien de plus dissemblable qu’un chrétien et un philosophe. Je n’ai pas besoin de définir longuement le philosophe tel que je l’entends ici ; j’en ai donné le portrait plus haut. C’est celui qui, étant baptisé et vivant au sein d’une société chrétienne, fait systématiquement abstraction, dans son langage, des idées que suggère la foi de l’Église dans laquelle il a été régénéré, et parle comme si sa pensée n’avait plus rien de commun avec l’ordre surnaturel. Un livre écrit sur le ton d’un philosophe, fût-il d’un catholique, est toujours un scandale ; on le conçoit aisément, dès que l’on veut bien réfléchir que rien n’est plus dangereux pour l’homme que de favoriser en lui la pente rationaliste. La foi est une vertu ; elle n’est pas le résultat d’un labeur scientifique ; elle est menacée souvent par l’ennemi de l’homme, qui voit en elle avec raison le moyen par lequel notre intelligence s’éclaire à la lumière de Dieu. C’est pour cela même que le chrétien n’a pas seulement le devoir de croire, mais qu’il a encore celui de confesser ce qu’il croit. Cette double obligation, fondée sur la doctrine de l’Apôtre (Rom. 10, 10), est plus étroite encore aux époques de naturalisme, et l’historien chrétien doit comprendre qu’il n’a pas fait assez quand il a déclaré sa croyance dans tel ou tel passage de son livre, si le ton chrétien disparaît ensuite pour faire place au ton philosophique. D’abord, quelques-uns douteront de lui, et c’est un malheur ; d’autres plus nombreux, ne tenant pas compte de sa profession de foi, fortifieront leur naturalisme par les endroits du livre où l’auteur parle en philosophe ; et il y a là, je le répète, un véritable scandale. Que serait-ce si un livre était écrit tout entier par un croyant, sans qu’on y reconnût jamais l’accent chrétien ? Il en est cependant pour qui un pareil tour de force est un acte d’impartialité, à ce qu’ils pensent du moins. Comme s’il était permis au chrétien d’être impartial, quand il s’agit de la foi et de ses applications ! Que le ton de l’historien croyant soit donc toujours un ton chrétien, et que l’on reconnaisse constamment au style d’un enfant de l’Église la plénitude et la fermeté des doctrines qui sont en lui.
Les jugements historiques ont une singulière importance, surtout quand l’historien est en faveur. Ils peuvent être formulés avec une certaine autorité, ou d’autres fois résulter de l’agencement des récits et du choix des termes ; dans l’un et l’autre cas, ils sont ce que le lecteur cherche particulièrement dans un livre d’histoire. Quand je parle des jugements historiques, je ne parle pas des faits : pour ces derniers, il n’y a que la vérité, et l’historien chrétien doit être, entre tous, un narrateur véridique. Il ne doit flatter personne, ni déguiser les torts de qui que ce soit ; en même temps, il ne doit pas craindre de faire justice des mille calomnies qui avaient fait de l’histoire une immense conspiration contre la vérité. Il tiendra donc la balance droite, et c’est en cela qu’il se montrera fidèle à la plus rigoureuse impartialité. Voilà pour les faits ; quant aux jugements, aux appréciations, il est évident que le chrétien doit différer complètement du philosophe. Le contraire serait tout simplement absurde, et la mollesse en pareille matière serait gravement répréhensible. Le chrétien juge les faits, les hommes, les institutions au point de vue de l’Église ; il n’est pas libre de juger autrement, et c’est là ce qui fait sa force. Un historien chrétien dont les jugements sont acceptés par les philosophes est infidèle, ou les philosophes en question ne sont plus philosophes. Il faut donc se résoudre à choquer, ou, si l’on n’en a pas le courage, s’abstenir d’écrire l’histoire. Nous avons assez de ces livres hybrides dont les auteurs croyants font chorus, dans leurs jugements, avec ceux qui ne croient pas. Ce sont ces trahisons innombrables qui ont enfanté tant de préjugés et aussi tant d’inconséquences, obstacle invincible à la formation d’une catholicité énergique et compacte.
Mais, diront certains écrivains habiles à déguiser leur foi sous un verbiage à la mode, toujours ardents à prôner ce qu’ils appellent les idées de la société moderne : voulez-vous donc que nous écrivions l’histoire sur le ton d’un livre de dévotion ? Devons-nous donc faire de nos volumes, de nos articles dans les revues, autant de sermons, autant de traités de théologie ou de droit-canon ? — Non, chaque chose a et doit avoir le ton qui lui est propre ; mais l’histoire est le grand théâtre où se produit le surnaturel, et il faut avoir le courage de le montrer à vos lecteurs. Vous nous parlez avec admiration de la Cité de Dieu, du Discours sur l’Histoire universelle ; c’est là, dites-vous, le genre chrétien dans l’histoire ; mais, de grâce, qu’a de commun la manière de saint Augustin et de Bossuet avec la vôtre ? Ils racontent tout, ils jugent tout au point de vue de Jésus-Christ et de son Église ; ils ne font point d’ascétisme, parce que ce n’est pas le lieu ; mais, en revanche ils s’attachent à montrer non seulement dans l’ensemble, mais jusque dans les détails, le principe surnaturel comme régissant et expliquant tout ; on les sent chrétiens à chaque ligne, et en lisant, on devient plus chrétien soi-même. Voilà l’historien tel qu’il est, quand il s’inspire de sa foi.
Vous hésitez à proclamer les miracles les plus évidents, vous leur cherchez des explications atténuantes du prodige, au risque d’ébranler la foi de vos lecteurs ; vous taisez les prophéties, vous dissimulez la sainteté et son action, pour mettre des hommes en scène, de grands hommes, sans aucun doute ; tout en confessant la divinité de l’Église, vous tenez surtout à la faire voir comme société humaine ; en un mot, vous ne niez pas le surnaturel, mais vous le gazez, de peur d’effaroucher et pour paraître hommes de votre temps. Saint Augustin et Bossuet ont fait tout le contraire. De nos jours, un philosophe, M. Saisset, nous a donné une traduction de la Cité de Dieu. Dans la préface, tout en témoignant son admiration pour l’Évêque d’Hippone, il regrette que ce grand génie s’arrête trop souvent à de puériles interprétations de la Bible, à des récits de miracles qui sentent par trop le prêtre chrétien. Puissent nos historiens d’aujourd’hui mériter de tels reproches ! Ce sera signe qu’ils auront écrit comme l’on doit écrire, quand on est éclairé de la lumière de la foi. En effet, saint Augustin s’arrête souvent et longuement sur les oracles prophétiques, et il illumine ses récits par une exégèse aussi savante que mystique ; mais n’est-ce pas le principal moyen de comprendre le christianisme que d’en demander l’intelligence aux divines prédictions dont il est sorti ? Saint Augustin développe dans un langage immortel l’argument qui ressort de la miraculeuse propagande de l’Évangile, et en même temps il s’arrête à raconter longuement les prodiges opérés sur la côte d’Afrique, sous ses yeux, et à la vue de son peuple, par les reliques de saint Étienne. M. Saisset se demandera, plusieurs de nos catholiques atteints de naturalisme se demanderont, pourquoi un si grand génie gâte un si grand sujet par des anecdotes d’une si petite portée ? Ils se prendront à regretter que de tels détails lui fassent perdre de vue les idées générales ? Ce sont eux, hélas ! qui les perdent de vue, ces idées générales. Ils ne voient pas la portée de ces épisodes miraculeux et contemporains du grand docteur. Ils ne comprennent pas qu’après qu’il a démontré la divinité du christianisme par le fait de sa propagation opérée contrairement à toutes les lois de l’histoire et à toutes les conditions de la nature humaine, il lui reste maintenant à prouver que la société catholique à laquelle il appartient, dont il est un des évêques, est bien ce christianisme que Dieu seul a établi par la force irrésistible de son bras. Or, c’est par le don permanent des miracles que cette identité se prouve, et voilà pourquoi saint Augustin ne croit pas déroger au vaste plan de la Cité de Dieu en descendant, comme il le fait, aux faits minimes en apparence dont il a été témoin, et à l’appui desquels il peut invoquer le témoignage de son peuple. Exemple précieux pour l’historien chrétien, et confirmation éloquente des règles qui ont été exposées dans l’article précédent.
On ne doit donc pas craindre, en écrivant l’histoire, d’encourir le reproche d’un certain mysticisme, si l’on entend par ce mot la teinte surnaturelle qui ressort d’un récit où l’action merveilleuse de Dieu se trahit à chaque pas. Gardons-nous d’en rougir ; assez d’autres s’attachent à expulser de l’histoire Dieu et son Christ, pour qu’il y ait bien quelque gloire à l’y ramener. Mais j’ai encore à répondre à un autre préjugé auquel nous sommes redevables en partie des avances imprudentes que certains de nos historiens croient pouvoir faire au naturalisme. Ils se persuadent que ces complaisances sont un moyen d’attirer à la foi les philosophes, en leur découvrant une sorte d’analogie, de fraternité entre le point de vue chrétien et le point de vue philosophique dans les faits. De là ces phrases d’origine rationaliste, ces mots de passe à l’aide desquels on espère se faire écouter. Il y a à cela deux inconvénients. Le premier, qui n’est pas le moins grave, c’est que vos histoires ou vos articles de revues tombant sous les yeux des catholiques faibles pour lesquels ils ne sont pas écrits, ne leur rendent d’autre service que d’attiédir leur foi et de les plonger plus avant dans ce vague d’où ils auraient tant besoin de sortir. Il leur serait utile de tomber sur des livres propres à nourrir leur croyance ; ils vous lisent de confiance, parce qu’ils vous savent catholiques comme eux, et cette lecture les laisse dans un état pire que le premier. L’autre inconvénient est que, loin de ramener les philosophes à la foi, vous accroissez leur orgueil. Ils triomphent de voir des catholiques à la remorque de leurs systèmes, ils s’applaudissent du progrès qu’ils ont fait, jusqu’à imposer leur langage et leurs idées. Ils remarquent seulement la gêne de vos allures, parce que vous êtes réduits à mener de front deux systèmes à la fois : votre croyance, à laquelle vous tenez par-dessus tout, et les exigences de ce que vous appelez l’esprit de la société moderne, auquel vous ne voulez pas non plus faire infidélité. Ces contraires se fondent comme ils peuvent dans votre œuvre ; mais soyez bien assurés que si vous scandalisez immanquablement plusieurs de vos frères, vous n’aboutirez pas à ramener les autres.
Aujourd’hui plus que jamais, qu’on le comprenne bien, la société a besoin de doctrines fortes et conséquentes avec elles-mêmes. Au milieu de la dissolution générale des idées, l’assertion seule, une assertion ferme, nourrie, sans alliage, pourra se faire accepter. Les transactions deviennent de plus en plus stériles, et chacune d’elles emporte un lambeau de la vérité. Comme aux premiers jours du christianisme, il est nécessaire que les chrétiens frappent tous les regards par l’unité de leurs principes et de leurs jugements. Ils n’ont rien à emprunter à ce chaos de négations et d’essais de tout genre qui atteste si haut l’impuissance de la société présente. Elle ne vit plus, cette société, que de quelques rares débris de l’ancienne civilisation chrétienne que les révolutions n’ont pas encore emportés et que la miséricorde de Dieu a préservés jusqu’ici du naufrage. Montrez-vous donc à elle tels que vous êtes au fond, catholiques convaincus. Elle aura peur de vous peut-être quelque temps ; mais, soyez-en sûrs, elle vous reviendra. Si vous la flattez en parlant son langage, vous l’amuserez un instant, puis elle vous oubliera ; car vous ne lui aurez pas fait une impression sérieuse. Elle se sera reconnue en vous plus ou moins, et comme elle a peu de confiance en elle-même, elle n’en aura pas en vous davantage.
Il y a une grâce attachée à la confession pleine et entière de la Foi. Cette confession, nous dit l’Apôtre, est le salut de ceux qui la font, et l’expérience démontre qu’elle est aussi le salut de ceux qui l’entendent. Soyons catholiques, et rien autre chose que catholiques, ni philosophes, ni rêveurs d’utopies, et nous serons ce levain dont le Sauveur dit qu’il fait fermenter toute la pâte. Je le répète, il en fut ainsi au commencement. Si la société a une chance de salut, elle est dans l’attitude de plus en plus résolue des chrétiens. Que l’on sache que nous ne transigeons sur rien, que nous dédaignons de répéter le jargon des philosophes. C’est une vérité de fait que le christianisme s’impose, non par la violence, mais par l’ascendant de la conviction de celui qui prêche. N’avez-vous pas entendu, ce carême dernier, le Père Félix dans la chaire de Notre-Dame ? Il intimait la morale chrétienne avec une vigueur et une absence de respect humain devenues bien rares aujourd’hui, en présence même des auditoires composés de chrétiens pratiquants. Cependant, parmi les hommes nombreux qui l’écoutaient, beaucoup n’avaient pas encore abordé à la Foi. N’est-il pas vrai que le langage sincère et sans ménagement de l’orateur pénétrait plus avant et portait avec lui plus de lumière dans les âmes que s’il se fût borné à publier, ou si vous voulez à discuter les affinités que la morale chrétienne présente avec les conceptions des sages, avec les théories du devoir que l’on met en avant aujourd’hui ? Cette année, les conférences de Notre-Dame ont fait un grand pas. On y a prêché, comme au temps de saint Paul, Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ; et les leçons qui ont été données n’ont révolté personne ; elles ont été reçues avec un recueillement et un respect plus marqués que jamais. Il en sera de même pour les livres, si ceux qui les composent se mettent en devoir de s’armer de la force chrétienne.
Au reste, toutes les fois qu’un exemple de cette franchise a été donné, il n’a jamais manqué d’exciter la sympathie. Lorsque M. de Montalembert, il y a plus de vingt ans, publia l’Introduction à l’histoire de sainte Élisabeth, il y eut bien quelque étonnement, même quelques murmures, à propos de ces pages où le sentiment catholique s’exprimait avec tant de verdeur. Il était difficile de rompre en visière au naturalisme historique avec plus d’énergie que ne l’avait fait l’auteur ; l’Introduction et le livre auquel elle conduit en ont-ils souffert ? Les nombreuses éditions sont là pour attester le contraire. Il fallait pourtant remonter deux siècles pour rencontrer un livre écrit avec cette désinvolture catholique. Il y avait là le germe d’une révolution tout entière, et l’exemple a profité à plus d’un. Mais l’influence de ce bel et grand exemple ne s’est pas étendue aussi loin ni aussi généralement qu’il eût été à désirer. Trop souvent encore, depuis, nous avons eu des historiens catholiques qui, contrairement au conseil du Sauveur, ont voulu coudre à l’étoffe toujours neuve de la foi chrétienne les lambeaux toujours vieux, quoique rajeunis, de la sagesse mondaine. D’où vient cette illusion ? Faut-il y voir une preuve de cet abaissement des caractères que les mêmes signalent avec tant d’insistance aujourd’hui ? Je n’ose le dire, car ce serait leur retourner, injustement sans doute, le reproche qu’ils adressent à d’autres. Mais il est permis de penser que si le sentiment de la dignité chrétienne était plus éclairé chez eux, ils seraient moins prompts à encenser les préjugés modernes. Comme Donoso Cortès, ils s’apercevraient enfin que depuis soixante ans nous tournons le dos au progrès, que les roues de notre char sont ensevelies jusqu’au moyeu dans une ornière où nous périrons si nous n’en sortons par un effort suprême. S’imaginer faire de la foi avec du naturalisme est aussi déraisonnable que vouloir faire en politique de l’ordre avec du désordre. Tout ce que l’on essaie dans cette méthode tourne à mal, et les conquêtes que l’on y fait n’en sont pas. Le beau succès, d’arriver à être d’accord sur l’emploi de certains mots aussi sonores que perfides, lorsqu’on est séparé par un abîme quant au sens que ces mots représentent ! Ce sont les idées qui sont à refaire, et je ne sache rien de plus efficace pour cela que l’histoire racontée une bonne fois telle qu’elle est, avec ses enseignements surnaturels, qui font planer la figure du Christ sur les plus vastes, comme sur les moindres mouvements de l’humanité.
Le souverain malheur de l’historien chrétien serait de prendre pour règle d’appréciation les idées du jour, et de les transporter dans ses jugements sur le passé. Il a besoin au contraire de les voir telles qu’elles sont, hostiles au principe surnaturel. Il faut qu’il se rende compte des ravages du paganisme moderne, et que, pour ne pas en être envahi lui-même, il ait sans cesse l’œil fixé sur l’immuable vérité révélée, telle qu’elle se manifeste dans l’enseignement et la pratique de l’Église. « Un sentiment ennemi de la foi, une surexcitation de l’esprit païen, dit M. de Champagny, a été le souffle qui a poussé la tempête de 1789 » (Les Césars, tome II, page 501). Si vous en êtes encore à l’admiration pour les conquêtes d’alors, je crains beaucoup pour vos jugements historiques et pour le ton de vos récits, quelle que soit d’ailleurs votre intention d’orthodoxie. Heureux l’historien qui au milieu de la mêlée des principes contradictoires, affranchi de toute recherche de popularité, disciple jusque dans les moindres choses de cette Église à qui appartient l’avenir du temps et celui de l’éternité, aura su traverser une si terrible crise sans avoir sacrifié la moindre vérité sur son passage ! Il sera semblable au Jourdain, le fleuve aux divins souvenirs, dont les flots purs sillonnent sans s’y mêler les eaux du lac Asphaltite, et après avoir achevé cette pénible course, se remettent à couler limpides et sans efforts sous les saules de la rive.