A Notre cher Fils Thomas Gousset, cardinal-prêtre de la Sainte Église Romaine, archevêque de Reims, Pie IX, Pape;
Notre cher fils, Salut et Bénédiction Apostolique.
Comme la religieuse famille de saint Benoît a constamment mérité une insigne reconnaissance par tous les services qu’elle a rendus à la religion catholique, aussi bien qu’à la société civile et à la république des lettres, c’est pour Nous une vive satisfaction de voir que l’on procure ce qui est avantageux à cet Ordre vénérable. En effet, personne n’ignore quels illustres enfants il a nourris, dont les uns ont laissé de sublimes et éternels monuments de leur doctrine et de leur génie; les autres, décorés de la palme du martyre, ou parés de l’éclat de toutes les vertus, ont accru esb** ou parés l’assemblée des Saints; d’autres, élevés à la dignité épiscopale ou placés dans l’auguste Collège des cardinaux de la Sainte Église Romaine, ont bien mérité de la cause catholique ; d’autres enfin, et en grand nombre, promus au Pontificat suprême, ont gouverné avec gloire, dans les temps les plus difficiles, l’Église universelle. C’est pourquoi, Notre cher Fils, nous avons reçu la plus grande joie en recevant la lettre à Nous adressée par Vous et par plusieurs de vos vénérables Frères, très illustres évêques de France, et souscrite également par d’autres personnages très éminents de cette nation distinguée. Cette lettre nous a ***ppprrus, à notre vive satisfaction, Votre attachement et le leur, si excellent et si légitime envers l’abbaye de Solesmes, de l’Ordre de saint Benoît, et envers la religieuse famille qui l’habite, ***ce zèle qui mérite toutes les louanges, Nous a été d’autant plus agréable à connaître, que Notre cœur paternel porte à cette abbaye et à ses moines une bienveillance particulière. Car nous ne pouvons ignorer comment les religieux de cette abbaye ont à cœur de suivre les traces glorieuses de leurs Pères et d’imiter leurs ***v«àfei*i* exemples ; avec quelle religion ils se font honneur de Nous être fortement attachés, à Nous et à cette Chaire de Pierre ; enfin avec quel zèle et quel empressement, quelle assiduité, quel discernement, ils s’appliquent à défendre la doctrine catholique, à procurer le salut des âmes, même dans des contrées éloignées, à cultiver les lettres et les sciences sacrées, et à d’autres travaux non moins recommandables.
Nous désirons donc, autant que Nous le pouvons, que l’abbaye de Solesmes de jour en jour obtienne une nouvelle vigueur et prospère de plus en plus heureusement, afin que, grâce au secours de Dieu, notre très sainte religion et la société civile elle-même en retirent des fruits plus abondants. Connaissant donc l’admirable zèle religieux qui distingue Nos vénérables frères les évêques de France et la piété rare qui brille dans les fidèles de cette illustre nation, ***c’est pourquoi Nous excitons de plus en plus les généreux sentiments de ces mêmes vénérables Frères et des fidèles afin que, par tout genre de secours, d’efforts et de bienveillance, ils s’appliquent à protéger, à secourir et à favoriser l’Abbaye de Solesmes.
Assurément, Nous ne doutons pas que ces vénérables frères et les fidèles confiés à leurs soins ne veuillent accéder, avec autant d’empressement que de zèle, au désir que Nous exprimons, principalement parce qu’ils savent qu’en soutenant l’abbaye de Solesmes et la religieuse famille qui l’habite, non seulement ils Nous apporteront à Nous-même une vive consolation, mais ils se ménageront, à eux et à toute la France, une grande gloire, puisqu’il s’agit de l’Ordre Régulier à qui l’Église chrétienne, la société civile et la France elle-même sont redevables de tant et de si grands services.
Telle est, Notre cher Fils, la réponse que Nous avons jugé devoir faire à la lettre dont Nous avons parlé plus haut. Nous profitons avec joie de cette occasion pour vous renouveler et vous confirmer le témoignage*** en\, de Notre affection très particulière envers Vous, et Nous vous donnons pour gage, Notre Bénédiction Apostolique, que Nous répandons du plus intime de Notre cœur, sur Vous-même, Notre cher Fils, et sur le troupeau confié à la garde de Votre vigilance.
Donné à Rome, à Saint-Pierre, le 31 juillet de l’an 1851, de Notre Pontificat, l’année sixième.
Pie IX, Pape
(Lettre de Sa Sainteté Pie IX à Son Éminence le Cardinal Gousset, archevêque de Reims, concernant la Congrégation française de l’Ordre de saint Benoît, du 31 juillet 1851).